L’ancien Ministre de la santé, Késsilé Tchala a enfin parlé. C’était hier dans l’émission spéciale « Zone franche » de la chaîne de télévision privée, Canal3. Grand moment d’émotion, l’homme a révélé à l’opinion publique, les dessous de son éviction du gouvernement du changement dont le chantre était pourtant un de ses amis privilégiés.
Au cours de sa sortie médiatique, Késsilé Tchala a dit sa part de vérité dans la cosignature de l’arrêté ministériel augmentant les primes des paramédicaux de la santé. L’homme n’a pas caché sa déception de voir le régime du changement tourner dos à sa vision originelle pour laquelle lui et ses amis se sont battus. Et c’est pour cela que l’homme affirme que la délégation du pouvoir avec Boni Yayi n’ayant pas marché, il convient désormais pour lui de se lancer dans la course à la Marina afin de concrétiser ses ambitions pour le développement du Bénin.
« J’ai vécu mon limogeage comme une humiliation »
« J’étais en attente d’être reçu dans le couloir du Chef de l’Etat quand j’ai appris en bande défilante à la télévision que je n’étais plus ministre. Je me suis senti humilié », ainsi se confessais hier Késsilé Tchala propos des conditions de son limogeage du gouvernement.
Et pourtant, l’homme dit avoir eu des relations très privilégiées avec le Chef de l’Etat qui aurait pu l’informer de son départ du gouvernement. Très affligé, Késsilé Tchala avoue avoir vécu la situation comme une humiliation. Néanmoins, à y réfléchir plus profondément, il déclare : « J’ai compris que j’ai cessé de lui être utile. C’est son droit le plus absolu ». Prenant la chose sportivement, il affirme « Il me fallait cette dose d’humiliation pour conserver ma sincérité avec ceux qui ont cru en moi ». Il faut dire que ce départ précipité et brutal de Késsilé Tchala n’est pas resté sans conséquence.
Le Bénin en passe de perdre d’importants projets dans le domaine de la santé
Profitant de ses relations privilégiées avec la France et les Etats-Unis, Késsilé Tchala, pendant qu’il était encore aux affaires dit avoir négocié d’importants projets pour le rayonnement du secteur de la santé au Bénin. En effet, entre autres, il a réussi à avoir l’accord de principe de la République française qui a accepté contribuer à la réalisation du projet de construction d’un hôpital de référence sous la rubrique du pôle d’excellence en soins de santé qu’il avait initiée.
Selon ses révélations, cet hôpital sera constitué de 450 lits avec niveaux et implanté sur un domaine de 50 hectares déjà disponible à Glo Djigbé. Le coût global de ce projet est d’environ 500 Milliards de Fcfa et le Bénin n’aura rien à y débourser. Les Etats-Unis sont également d’accord pour contribuer sensiblement à ce projet. Mais son départ du gouvernement a retardé les choses puisque son successeur n’a pas poursuivi le dossier et le projet se trouve actuellement en souffrance.
C’est le même sort que connaît selon Késsilé Tchala, le projet de création d’une banque de matériels de santé pour laquelle les partenaires ont accepté appuyer le Bénin. Tout ceci aggrave l’amertume de Késsilé qui estime que « Nous avons géré ces différents projets de grande envergure avec légèreté ».
Sur la question des primes accordées aux agents de santé
Avec peu de mots, Késsilé Tchala a éclairé la lanterne des Béninois sur le fameux arrêté qu’il a cosigné avec l’ancien ministre des finances, Soulé Mana Lawani pour augmenter les primes des agents de la santé. Dire que cet acte qui a créé autant de charges pour l’Etat relève de l’initiative exclusive de deux ministres paraît une attitude d’irresponsable.
Or, selon ses propos, « Notre Etat n’est pas irresponsable ». Mieux, il affirme qu’aussitôt l’arrêté pris, des ampliations ont été faites au Chef de l’Etat et à tous les Ministères. Et cet acte, si c’était à reprendre, il le ferait encore parce qu’il estime misérable, le salaire des agents de santé qui pourtant prennent tous les risques possibles pour soigner leurs patients. Pour lui donc, ils méritent beaucoup mieux que cette prime qui aujourd’hui reste le principal motif de la grève sans service qu’ils ont entamée depuis quelques semaines déjà.
Parlant de grève, Késsilé Tchala rend responsable le gouvernement qu’il invite d’ailleurs à régler le plus rapidement possible, cette crise qui pèse très lourd sur les Béninois. « Cette grève vue de l’extérieur est inimaginable. Ce n’est pas possible qu’un Etat sérieux laisse mourir les gens pour une question de prime de 3 Milliards », a-t-il laissé entendre.
Késsilé Tchala accuse Yayi de menacer la paix au Bénin
La condition sine qua none pour le développement dans tout pays selon les déclarations de Késsilé Tchala, c’est la paix. Et l’héritage que nous ont laissé nos ancêtres et les grands hommes de ce pays selon ses propos, c’est l’unité nationale, la paix et la cohésion nationale. Il serait donc pas question selon l’homme de remettre ces fondamentaux en cause pour réaliser un quelconque développement.
Et sur ces points précisément, Késsilé Tchala estime qu’il y a de sérieux problèmes occasionnés par le régime du changement. En plus de cela, l’homme déclare que le changement souhaité a changé de camp et il faudra donc le rétablir.
Késsilé Tchala, candidat à la présidentielle de février 2011
Au regard des erreurs de gouvernance enregistrées sous le régime du changement qu’il a contribué à installer, Késsilé Tchala ne compte plus accorder son pouvoir de délégation à Boni Yayi à la présidentielle du 27 février 2011. Il veut surtout aller au charbon lui-même pour concrétiser ses ambitions pour le Bénin une fois élu à la Marina.
En parlant de rêve, Késsilé Tchala en a et il n’a pas manqué de partager quelques uns avec les Béninois lors de sa sortie médiatique d’hier. Il compte ardemment œuvrer pour faire aboutir le projet de réalisation d’un centre de santé de référence actuellement en souffrance, faire de Cotonou, une ville portuaire commerciale en délocalisant la Marina vers Porto-Novo en vue d’accorder à la ville, ses attributs de capitale du Bénin.
Késsilé Tchala entend également faire de la construction d’une double voie de Cotonou à Abomey, sa priorité. Pour lui, l’Etat ne pouvant pas créer d’emplois à tous les jeunes, il convient désormais d’instaurer des conditions propices à la création des jeunes. Pour réussir ce challenge, l’homme dit avoir installé d’ores et déjà, une forte équipe qui sans relâche travaille sur le terrain pour lui assurer la victoire.
Donatien GBAGUIDI, L’évenement précis