Des lueurs d’espoir apparaissant enfin dans le ciel électoral désespérément tourmenté du Bénin jusqu’à ces derniers jours, grâce ne soit point rendu aux apprentis-sorciers Yayi, Dossou, Bako, Nago, Tévoédjrè, Gnonlonfoun et consorts !… Il reste cependant quantité de détails importants à régler, pour concilier l’impératif de la paix (non négociable !), le souci de prendre en compte tous les électeurs délibérément laissés en rade par le minable apprenti-sorcier débutant Bako-Arifari, le souci de rendre la liste électorale vraiment propre (…et parfaite, n’en déplaise au « débroussailleur-magouilleur » Jo Gnonlonfoun l’Indien) et le souci cardinal de respecter les dates (à priori) intouchables de la Constitution.
Un quotidien national (Le Matinal, pour ne pas le nommer), a tenté de faire une projection sur tous ces écueils, notamment les dates qui se chevauchent et s’interpénètrent plus jamais que par le passé : « Compte tenu des lueurs d’espoir nées de l’initiative du Comité Zinsou, une semaine de report permettrait de mieux gérer la situation, sans empiéter sur le jour de l’investiture du prochain président. Concrètement, c’est au dimanche 13 mars 2011 qu’il convient de reporter le premier tour de l’élection, pour que le second se passe le dimanche 27 ; et l’heureux élu disposerait alors d’une semaine pour prêter serment devant l’Assemblée nationale. Entre le 25 février et le 13 mars 2011, ce sont donc 18 jours (sans plus !) pour mieux préparer l’élection, régler tous les problèmes et surtout disposer d’une liste électorale fiable, pour un scrutin crédible ».
La question qui mérite d’être posée, à ce stade, si tant est que les apprentis-sorciers susmentionnés ont encore des bribes de conscience et des résidus d’amour pour leur patrie, sont-ils vraiment contents d’eux-mêmes, d’avoir conduit la patrie en question dans une situation aussi dangereusement aléatoire ?
S’ils le sont, la conclusion coule de source : on n’aurait jamais dû les mettre là où ils sont, aux commandes de la République. Le reste de la conclusion étant que ce type d’apprentis-sorciers, qui prennent trop facilement leur patrie pour le champ d’expérimentation de leurs hasardeuses et périlleuses expériences, la démocratie devrait désormais autoriser un type de sanction aussi inédite que radicale : la fessée publique, avec le cul nu, jusqu’au sang, sur la Place de l’indépendance !!!
@@@@@@@@@@@@@@@
VOUS ET MOI SOMMES D’ACCORD…
DIFFICILE D’IMAGINER SITUATION PLUS DÉLÉTÈRE QUE CELLE DE LAQUELLE DÉSESPÉRAIT TOUTE LA NATION ; DANS CES CAS-LÀ, LA TRADITION S’IMPOSE ET SE POSE LA QUESTION :
« OÙ SONT LES ?MINHO? ?… OÙ SONT LES ?AGBALAGBA? ?… EST-CE PARCE QU’IL N’Y A AUCUNE PERSONNE ADULTE DANS LE PAYS ?… »
…ET ILS SONT SORTIS, LES ?MINHO? ET LES « AGBALAGBA? :
- EMILE DERLIN « L’ENCHANTEUR »
- NICEPHORE HERCULE « LES DOUZE TRAVAUX »
NE MANQUAIT A L’APPEL QUE:
- MATHIEU KAMELEON « L’ENIGMATIQUE »
@@@@@@@@@@@@@@@
D’ACCORD VISITEURS, VOUS ET MOI SOMMES D’ACCORD…
D’ACCORD ! MAIS POURQUOI SOMMES-NOUS D’ACCORD ?…
JE VAIS TENTER DE VOUS LE DIRE :
Tenter de vous le dire, en me tuant à répéter que même le dernier des mécréants béninois va finir par croire que Dieu aime vraiment le Bénin. En cela que le quatuor infernal qui avait fini par passer la corde au cou de la Nation, et la conduisait à marche forcée vers l’abattoir – Boni Yayi (président de la République), Robert Dossou (président de la Cour constitutionnelle), Mathurin Coffi Nago (président de l’Assemblée nationale), Nassirou Bako-Arifari (président de l’Organisme chargé d’élaborer la LEPI) et les seconds couteaux Joseph Gnonlonfoun (président de la CENA) puis, last but not least, les PTF, nos fameux Partenaires Techniques et Financiers –, en cela, dis-je, que si tous ces gens-là avaient réussi à entraîner la Nation jusqu’au cœur de l’abattoir, le Bénin allait, dans les semaines à venir, remplacer la Côte d’Ivoire dans le rôle de pays de la sous-région à problèmes dont il faut s’occuper toutes affaires cessantes, avec tout le tapage diplomatico-médiatique qui sied à l’évènement. La cerise sur la… cata étant qu’ayant été pendant longtemps « l’Enfant malade de l’Afrique », puis le concepteur de la Conférence Nationale, puis le berceau du Renouveau démocratique sur le continent, avant d’en devenir Le Laboratoire de la démocratie, son histoire aurait assurément plus de piment que celle de la Côte d’Ivoire et ses deux présidents qui, à la vérité, n’intéresse plus grand monde.
L’Association des… « Conducteurs de la Nation à l’abattoir » a donc échoué.
Ils ont échoué parce que le vieil Emile Derlin Zinsou (88 ans révolus), s’est dit qu’était venu pour lui le moment de dire « stop ! ». De faire comme on fait chez nous, quand le ton monte dangereusement entre jeunes personnes un peu trop survoltées : intervenir pour savoir le pourquoi du comment du chahut, et indiquer aux uns et aux autres la voie de la raison puis celle de la sagesse. Faute de quoi, toujours selon nos traditions, il se serait trouvé quelqu’un pour s’indigner à haute voix : « C’est quoi, tout ce chahut ? Il n’y a donc aucun adulte dans les parages ?!? »
Le vieux Mimile Derlin Zinsou a donc répondu qu’il y avait, bien sûr, un « Minho » dans les parages. Et que, comme le chahut en était un, du genre particulièrement houleux et périlleux entre protagonistes hyper survoltés, il allait s’adjoindre le concours d’un autre « Agbalagba ». Ce fut Nicéphore Dieudonné Soglo.
Facile d’imaginer que la chose ne fut pas facile pour le vieux Mimile : cela se sait en effet qu’il fut l’un des proches conseillers du président sortant à l’entame du quinquennat de celui-ci. Mais, en homme ayant le sens de l’Etat, ayant une conscience aigüe des limites dans lesquelles devrait obligatoirement rester l’exercice du pouvoir d’Etat pour rester dans le sens de l’Histoire, il avait progressivement pris ses distances avec Boni Yayi.
Je me souviens qu’il m’avait fait appeler un jour chez lui, parce que l’un de ses frères avait eu l’amabilité de lui dire beaucoup de bien me concernant ; en vérité, beaucoup de bien concernant mes chroniques. C’était la première fois que je le rencontrais ?pour de vrai?, comme disent les gamins. Et de fait, j’étais comme un gamin intimidé face à lui, bien qu’il soit tout menu et que sa voix chevrotait un peu. Mais quelle présence !… Les vrais grands hommes n’ont en fait nullement besoin de ressembler à Schwarzenegger ni d’avoir la voix de Barry White pour en imposer à leur contemporains. Comme a joliment dit je ne sais plus trop qui : « Il suffit qu’ils aient l’œil peuplé »
Qu’on me permette de raconter par le menu, les trois choses que j’ai retenues de cette rencontre pour moi mémorable :
1 – Lorsque je commençai à protester, suite à son accusation amusée, lancée à mon attention à titre de bienvenue, accusation amusée selon laquelle Le Canard du Golfe (mon hebdomadaire satirique de l’époque) ne l’avait nullement ménagé naguère, il me tranquillisa avec un sourire : « Ne protestez donc pas !… Entre gens intelligents, on se comprend ». Puis il ajouta, toujours avec cette extrême douceur caressante : « Vous avez du talent… Moi, ça m’suffit ».
2 – Quand il daigna me dire quelque mots de la conduite des affaires du pays en ce moment-là, ses yeux se voilèrent quelque peu, me sembla-t-il : « Je l’ai dit, au président : vu l’état dans lequel se trouve le pays, qu’il avait un devoir d’impopularité à son arrivée. Il devait prendre les nombreux problèmes à bras-le-corps, résolument, sans se soucier de quelque éventuel second mandat. Or, vous avez vu, mon jeune ami, il gère avec les yeux rivés en permanence sur 2011. Tout cela ne me dit rien qui vaille… Je lui ai pourtant dit… » Sur ce sujet, le patriarche n’en dira pas plus.
3 – Alors que j’essayais de mettre un terme à l’entretien qu’il s’entêtait à prolonger avec apparemment beaucoup d’amusement, malgré les autres visiteurs qui l’attendaient, il me glissa qu’il pourrait avoir bientôt besoin de moi, parce qu’il caressait le projet d’initier une sorte de Cercle de Réflexion destinée exclusivement à la formation citoyenne des jeunes, et qu’il croyait que mon talent (encore !) pourrait servir à quelque chose là-dedans. (Qu’il veuille bien me pardonner, le doyen, si j’ai mal interprété ses propos). En tout cas, quand je lui répondis que je trouvais étrange qu’à l’heure où il ne devrait plus aspirer qu’à un repos bien mérité, il pensait encore à des projets concernant les jeunes, il rigola doucement : « Quel que soit votre âge, mon jeune ami, il faut toujours avoir des projets ! »
Je dois avouer aujourd’hui qu’au moment où il m’accordait cet entretien, je traversais une assez mauvaise passe, et voyais beaucoup de choses en noir. Il ne le saura sans doute jamais, mais il m’avait presque totalement requinqué, en me donnant, à 86 ans, une formidable leçon de foi en l’avenir.
Et je ne crains pas dire que son actuelle initiative si heureuse, de réunir tout le monde aujourd’hui autour de l’impérieux sauvetage de la maison Bénin, participe de la même conviction profonde que rien n’est jamais perdu tout à fait : il faut toujours avoir foi en l’avenir.
Doyen Mimile Zinsou ! (Excusez-moi mais je ne parviens pas – pour des raisons bêtement affectives – à vous appeler autrement), Doyen Mimile donc, pour les siècles des siècles, vous serez Derlin… ou Merlin l’Enchanteur. Pour ce que vous venez de faire pour votre pays en effet, Derlin ou Merlin, c’est du pareil au même : la grande Histoire ne retiendra que l’enchantement de toute une Nation de voir que vous avez su dire « Stop ! », au moment opportun, à sa conduite vers l’abattoir.
