Le présent article a été écrit hier. Or, depuis lors, l’actualité nationale du Bénin n’étant pas en ce moment comme un long fleuve tranquille, il y a eu de l’évolution : l’Honorable Raphaël Akotègnon a été relaxé, purement et simplement. La capitale, Porto Novo, à son tour, a connu les mêmes brutalités policières démentes que Cotonou, deux jours plus tôt.
Et Cotonou a maintenant le blues, après le scénario « PEUR SUR LA VILLE », que lui a joué le commissaire Louis Philippe Houndégnon. Scénario consistant à déverser dans les rues, des policiers littéralement déments, consistant à bastonner et lacrymogéner à tout-va des manifestants, qui ne font pourtant que crier – de façon pacifique ! – à la Triche d’Etat, à la Méga Fraude industrielle, grâce auxquelles Boni Yayi et ses acolytes assurent avoir remporté les élections, par un K.O. sec au 1er tour, et comptent par conséquent diriger le pays pendant cinq ans encore.
Le plus terrible, c’est qu’ils y croient. Qu’ils croient que cette intimidation d’un autre âge, totalement aveugle et d’une brutalité inédite, marchera. Une telle méconnaissance du sens de l’Histoire, cela laisse songeur quant au niveau de la culture de monsieur le commissaire central, sans parler de son donneur d’ordre, l’évanescent et si peu martial Martial Sounton, sans parler non plus du maître d’œuvre suprême de tout ce foutoir, le Docteur-président-sortant-bientôt-sorti : toutes personnes dont on peut se demander le degré de participation positive à la Conférence Nationale. Conférence dont ils liquident aujourd’hui les si précieux acquits, sous nos yeux éberlués.
C’est carrément le monde à l’envers !...
C’est effectivement le monde à l’envers puisque qui aurait pu imaginer que le flamboyant « Monsieur 75% » d’il y a cinq ans, en soit aujourd’hui réduit à ne pas pouvoir renouveler son mandat SANS la mise en œuvre d’une fraude gigantesque de niveau industriel, conçue, planifiée, et placée sous la protection d’une certaine LEPI ; cette dernière amoureusement accompagnée et farouchement protégée par nos soi-disant Partenaires Techniques et Financiers (malgré les très nombreux, (trop nombreux) signaux d’alarme) ?… Qui aurait pu imaginer un tel paradoxe ?… Dans tous les cas, le moment venu, la question devra leur être nécessairement posée, à nos fameux Partenaires Techniques et Financiers : qu’avaient-ils donc tous derrière la tête, en accompagnant et protégeant si amoureusement et si farouchement, un processus notoirement cafouilleux ? Avaient-ils un plan secret, de laisser délibérément la situation se détériorer au Bénin, afin que les regards de la Communauté internationale se détournent quelque peu de la Côte d’ivoire, qui commence à lasser tout le monde et à ternir sérieusement leur blason ?
Ce plan ne reposerait-il pas sur le pacifisme légendaire des Béninois (leur couardise légendaire, ricanent certains intégristes de la vérité) qui, soumis à une situation particulièrement anxiogène à l’ivoirienne, accepteraient de bonne grâce (plutôt dix fois qu’une !) toutes les solutions bâtardes que proposeraient Ban Ki-moon et l’ONU, comme à leur habitude. Ban Ki-moon qui brandirait alors triomphalement le « trophée » béninois, pour dire au monde entier, qu’il est encore capable de régler des conflits en Afrique, et que pour le cas ivoirien, les choses ne devraient plus beaucoup traîner, parole de Coréen !
C’est sûrement dans ce schéma que s’inscrit le représentant pour l’Afrique de l’Ouest du SG des Nations Unies, l’Algérien Saïd Djinnit lorsqu’il déclare : «Au Bénin, les uns et les autres doivent utiliser des canaux, le recours prévu par la loi pour faire état de leur différence, et que cela soit réglé dans le cadre des institutions du pays et pacifiquement. Si cela se révélait nécessaire, des organisations régionales et l’ONU seront aux côtés du Bénin, pour éviter de tomber dans un cycle de violences qui peut nous amener dans une situation à l’ivoirienne ».
Et dire qu’il faut supporter, de façon stoïque, d’entendre de telles salades !!!… Des gens, apparemment sains d’esprit, qui disent des choses qui vous donnent une envie réelle de les gifler. On en vient presque à comprendre cet anarchiste d’Etat et mauvais boulanger qu’est Laurent Gbagbo !!! C’est dire la gravité des choses !…
Il y a vraiment de quoi se taper la tête contre les murs : au plus fort de la grave crise entourant la confection de la Liste dite Permanente et Informatisée béninoise, la Représentante des Nations Unies à Cotonou, semblant avoir pris carrément fait et cause pour le gouvernement, la situation atteignit un niveau de gravité si fort que Ban Ki-moon envoya une mission sur place, pour venir lui-même ensuite, afin de recueillir les appréciations de uns et des autres. Preuves évidentes à l’appui, il leur fut démontré que le gouvernement béninois et son Chef jouaient un jeu tout à fait trouble, basé sur une LEPI non consensuelle et cafouilleuse, dont l’objectif N°1 était la confiscation du pouvoir d’Etat lors des élections à venir. Mais ces messieurs-dames, après avoir écouté religieusement les uns et les autres, continuèrent leurs ronrons traditionnels, sur une musique compatible avec la Méthode Coué. L’on se souvient même que la timidité ronronnante de Ban Ki-moon fit que les députés de l’opposition boycottèrent de façon spectaculaire son passage et son message à l’Assemblée nationale.
Nous y voilà à présent !… Tout ce que prévoyaient et redoutaient les opposants, et tous les Béninois qui refusaient de marcher sur la tête, s’est produit, de façon quasi-mathématique :
– Une organisation d’élection totalement bordélique, c’est le moins qu’on puisse dire. S’il n’eut pas de troubles, c’est que les Béninois firent montre d’une patience et d’un calme infinis, qui mériteraient parfaitement le Nobel de la Paix.
– Une gigantesque entreprise de fraude, tout à fait inouïe dans l’histoire pourtant riche et mouvementée du pays, avec des preuves qu’il suffisait de se baisser pour ramasser, tant elles étaient nombreuses et grossières.
– Une proclamation de la « victoire » du président sortant par un K.O. imaginaire au 1er tour, avec des chiffres eux-aussi imaginaires.
Et cette proclamation totalement surréaliste du K.O. au 1er tour, a été faite tour à tour par la CENA (Commission Electorale Nationale Autonome) et la Cour constitutionnelle, les deux institutions-clé de la gestion du scrutin.
Or, que nous raconte le sieur Saïd Djinnit, mandaté par son patron Ban Ki-moon ? Il nous dit qu’il faut : « …utiliser les recours prévus par la loi, […] et que cela soit réglé dans le cadre des institutions du pays et pacifiquement ».
Tout est dit. Vous n’avez pas la tête dure, Béninois, et vous avez compris : c’est la loi dont Robert Dossou – fort du fait que les décisions de « sa » Cour sont (en principe) sans recours – c’est la loi dont il fait tout ce qui lui passe par la tête, ceci depuis des mois, sur les injonctions du Chef de l’Etat, ce sont les recours qu’une telle loi a prévus qu’il faut, semble-t-il, impérativement utiliser. Incroyable !… Pour dire les choses poliment, disons que c’est du foutage de gueule à la puissance 4 !!! (Pourquoi 4 ?… Je ne saurais même pas vous le dire). Mais passons… Passons, pour voir par ailleurs les conseils si judicieux du sieur Djinnit, à savoir que tout « soit réglé dans le cadre des Institutions du pays… et pacifiquement ».
Punaise !, le foutage de gueule est déjà passé à la puissance 10 !!!… Il y a décidément des coups de pied quelque part (dans le bas du dos, par exemple) qui se perdent : ainsi donc, ce sont les institutions CENA et Cour constitutionnelle, qui ont pourtant déjà – en violation flagrante d’innombrables textes et règlements de la République – proclamé la « victoire » du président sortant, par un K.O. imaginaire au 1er tour, avec des chiffres tout aussi imaginaires, ce sont donc ces « institutions »-là qui doivent obligatoirement servir de cadre de règlement pour tous les problèmes posés. On croit rêver.
Personnellement, je crois qu’il faudrait que le Système des Nations Unies se tienne éloigné du Bénin. On a l’impression qu’eux et nous, sommes sur deux planètes différentes. Une preuve parmi cent, une preuve parmi mille de cet état de chose, c’est que la fameuse LEPI, la LEPI devant laquelle les Partenaires Techniques et Financiers étaient littéralement en adoration, au point de persister à y engloutir des dizaines de milliards de francs Cfa, en dépit des sonnettes d’alarme qui étaient tirées de partout, cette LEPI s’est révélée, au final, comme l’épine dorsale de la fraude gigantesque avec laquelle le président béninois veut s’incruster au pouvoir. Or, depuis la pantalonnade de la proclamation des résultats fantoches de sa « victoire », résultats sortis de l’usine LEPI, et les preuves de fraude et d’irrégularités tous azimuts, aucun des fameux Partenaires Techniques et Financiers n’est monté au créneau, ne serait-ce que pour demander pardon à tout un peuple martyrisé et humilié, à cause de leur aveuglement borné, et reconnaître qu’ILS SE SONT FAIT PROPREMENT BAISER par Boni Yayi et ses acolytes – appelons… une chatte un chat ! Le piment de l’histoire étant que c’est eux-mêmes qui ont payé – et très cher payé ! – pour SE FAIRE BAISER… S’il n’y avait pas le respect dû à tout un peuple martyrisé et humilié, on aurait envie de dire : « Bien fait !!! » Et pour retourner un peu le couteau dans la plaie, disons que les… « baiseurs » n’avaient cessé de marteler, avec beaucoup de morgue et d’assurance, que cette LEPI allait être la machine anti fraude la plus performante du monde. Osons par conséquent dire que, même avec tout le respect dû à un peuple martyrisé et humilié, on a envie de ricaner à l’endroit de ces messieurs les PTF : « Vous n’avez pas honte ??? »
Il y a pourtant – heureusement – un point sur lequel le sieur Saïd Djinnit et nous sommes d’accord, c’est que tout se passe dans la paix, de façon PACIFIQUE. Il est vrai que ça n’en prend pas le chemin, avec l’incompréhensible militarisation du pays, mais on peut encore espérer. Il y a néanmoins une nuance, et elle est de taille !… S’il n’est question que d’une certaine « Paix des lâches », celle ronronnante, envahissante et lancinante des vuvuzelas pacifistes en service commandé, visant à nous demander d’accepter qu’un Tricheur, un Fraudeur qui a, par ailleurs, montré toute son incompétence et son inaptitude à exercer la fonction de Chef d’Etat, qu’on nous permette de ne pas être d’accord. Mais alors là, PAS DU TOUT !!!
Aux Nations Unies, ils sont bien placés pour le savoir : aucune paix durable ne peut reposer sur la triche, la fraude, l’injustice et l’arbitraire. Aucune paix durable et stable ne peut reposer sur l’incompétence avérée, les prévarications tous azimuts, et l’inhumanité abjecte qui conduit, par exemple, à piller les épargnes de ses concitoyens les plus misérables (L’incroyable affaire ICC Services et consorts !). Aucune paix durable et stable ne peut reposer sur une réélection à la tête de son pays, sur fond de bruits de bottes et de chenilles de chars d’assaut.
Si les Nations Unies veulent réellement de la paix au Bénin (Ce dont on peut douter, à suivre leur parcours zigzagant sur le « Dossier Bénin » depuis de longs mois, il est impératif qu’elles viennent dire au président-sortant-refusant-de-sortir – qu’au vu de toutes les preuves stupéfiantes et accablantes qui démontrent sa forfaiture – il est impérieux et incontournable qu’il « sorte ».
Je crois avoir déjà souligné le paradoxe : Avant l’avènement de Boni Yayi, le Bénin était un petit pays qui avait, certes, ses problèmes, mais était incontestablement paisible. Boni Yayi, surfant sur le profond désir de changement de ses compatriotes fatigués de la classe politique, se fit élire, flambard, claironnant qu’il allait régler tous leurs problèmes. Malheureusement, pendant cinq ans, le pays est demeuré petit, les problèmes existants sont demeurés irrésolus, mais les Béninois devaient faire face désormais à de très gros problèmes, dans une atmosphère délétère inédite de déchirement social et de crises aigües à répétition.
Un tel paradoxe ne peut s’expliquer que par une imposture. Une très grosse et odieuse imposture.
Mais je crois l’avoir dit également, malgré la grosseur de l’imposture et malgré les très grosses angoisses subies pendant des mois, et même pendant des années, par les Béninois, le très gros imposteur avait la possibilité de négocier une « sortie arrangée », pour lui-même et ses proches (Comme un certain Mathieu Kérékou, à une certaine époque. Or, le constat est là : Il a triché pour gagner. Nous nous y opposons. Il persiste et signe. Il persiste et signe sa forfaiture. Il choisit de nous humilier, de nous intimider. Avec les chars de notre propre pays.
Conclusion : ceux qui ont l’oreille de Ban Ki-moon devraient lui dire, de façon solennelle : nous ne pouvons pas accepter qu’un imposteur, incompétent, tricheur, fraudeur, continue de nous diriger, qui plus est, par la force !!! Nous sommes pour la Paix, résolument, passionnément. Mais l’option du scénario à l’ivoirienne reste sur la table. Et en très bonne place !… BONI YAYI PARTIRA DE LA TÊTE DE NOTRE PAYS, DE GRÉ OU DE FORCE !
En tout cas – et c’est manifestement le choix qu’il a fait – dans la honte…
TLF