Debout ! Assis ! Debout ! Assis ! La Révolution Permanente vous souhaite la bienvenue, dans le Centre de Dressage FRCI d’Odienné, dans le Nord de la Côte d’Ivoire. Présentez-vous !
Moi je s’apel Abou Cissé dit « lé vié », Company Guépard, Zone 3. Moi je s’appel moi Ouadraogo Pissinga, Guépal zon 3. Moi je s’appel Koffi Dozo, j’ai plantair é Dozo, … et ainsi de suite, ils se présentent tous.
Alors comme vous avez fini de vous présenter, Moi c’est Simone GBAGBO, je vais vous apprendre à lire et écrire. Comme ça, si vos chefs demandent des rapports, vous allez pouvoir écrire. Je vais aussi vous apprendre à connaître d’autres choses que les militaires doivent savoir sur la Côte d’Ivoire ; des choses comme l’Hymne National, la Devise de la Côte d’Ivoire, etc. etc.
Alors, vous tous ici, c’est compagnie Guépard ? Oui Mandam !!! Un Guépard c’est quoi ? Silence de cimetière. Qui connaît ce que c’est qu’un guépard ?
Dans le fond : moi. Il se lève. Oui, Koffi Dozo ! Guépal c’est petit animau dozo. Y trappé viande en brousse pour manger lui !
Très bien ! Merci Koffi Dozo.
Alors venons-en aux choses sérieuses. Il faut le faire. Dresser ces broussards d’un autre âge, les domestiquer et en faire des hommes utiles et non nuisibles.
Ne me dites pas que vous assistez-là, à une drôle de dialectique du geôlier et du prisonnier. Une mère reste une mère, même vis-à-vis d’un bourreau. Un nationaliste reste un nationaliste, sauf si son engagement n’était qu’une farce pour se trouver du côté où ce discours nourrit son homme. Alors un intellectuel doublé d’une conviction nationaliste et panafricaniste, ça doit faire œuvre utile !
Et c’est ce chantier de l’engagement utile que cet Article 95ème de la Révolution Permanente nous invite à ouvrir partout où nous sommes et peu importent nos moyens, notre condition, notre colère, notre révolte. Il faut en tout temps et en tout lieu, poser un acte pour sauver la mère patrie, la Côte d’Ivoire, la Libye, l’Afrique !
Alors à Odienné, Simone GBAGBO arrêtée le 11 avril par l’Armée Française en même temps que le Président GBAGBO, livrée à la haine débordante des illettrés et buveurs de sang de l’Imposteur, nous invite depuis son lieu de déportation à mener le combat de la civilisation des renégats. Ce sont eux que l’envahisseur instrumentalise. Ce sont eux qui servent à porter le glaive dans les entrailles de nos Nations. Il faut alors les domestiquer, leur enseigner le civisme, l’amour de la Nation !
Qui connaît l’Hymne National de la Côte d’Ivoire ? De nouveau silence de cimetière. Vous êtes des militaires et vous ne connaissez pas l’Hymne National de Côte d’Ivoire ? Le Commandant geôlier en Chef va se lever et il se leva. Mandam, je suis au serré ! Ça là, Papa n’a pas montré nous oh ! Qui est Papa ? Papa Chérif, Chérif Ousmane.
Et pourtant ses hommes sont réputés les plus formés. Ici, Simone, l’instructrice médite. Alors voilà. L’Hymne National, c’est le chant que les militaires chantent quand ils font rassemblement autour du Drapeau de Côte d’Ivoire pour le faire monter haut sur un mât. Ce chant-là s’appelle l’Abidjanaise ! Donc l’Hymne National de la Côte d’Ivoire, c’est l’Abidjanaise.
Han, Mandam, c’est femme de Abidjan il a fait chant qui est doux là ? Tchié, femme là est fort dèh !
Ah ignorance quand tu nous humilie notre Afrique ! Ah analphabétisme quand tu nous maintient dans l’abîme !
Très bien. Alors je vais vous apprendre à chanter chanson de Drapeau de Côte d’Ivoire qui est doux là !
Autre chose à présent. Quelle est la devise de la Côte d’Ivoire ? Ça murmure dans le fond. Ils se sentent agacés. Je devine naturellement. Le Commandant se lève de nouveau. Mandam, tout ça nous on connaît pas ! Y fo nous aider !
Bon esprit de collaboration. Je vois. Alors voilà : la devise de la Côte d’Ivoire, c’est comme le Cri de guerre de la Côte d’Ivoire. Le Cri de guerre des Ivoiriens. Ce cri c’est : Union, Discipline, Travail !
Et ainsi de suite. Puis encore et encore. Elle y va avec ce travail de fourmi, d’intellectuel, de personnes qui a compris qu’il faut transcender nos meurtrissures pour sauver la Côte d’Ivoire. D’abord les 26 lettres de l’alphabet. Un casse-tête chinois pour eux. Ensuite, les grands symboles de la République. Et plus tard ou peut-être concomitamment le Civisme, la valeur sacrée de la Vie humaine, la valeur sacrée de la Souveraineté Nationale, la valeur sacrée de la Liberté, le devoir citoyen de protéger la Nation contre les pillards et les voleurs.
Alors si je suis Journaliste, ma plume doit accélérer la mission de libération de la Côte d’Ivoire. Si je suis un militaire, mon art de la guerre doit ramener le sourire aux lèvres de ce peuple meurtri. Et si je suis un serviteur de Dieu, ma prière doit viser à mettre fin au règne du mal. Et chacun selon son petit métier !
Alors, Fiers Ivoiriens, le pays vous appelle et vous dit :
Salut ô terre d’espérance
Pays de l’hospitalité
Tes légions remplies de vaillance
Ont relevé ta dignité.
Tes fils, chère Côte d’Ivoire,
Fiers artisans de ta grandeur,
Tous rassemblés pour ta gloire,
Te bâtiront dans le bonheur.
Fiers Ivoiriens, le pays nous appelle
Si nous avons, dans la paix, ramené la liberté,
Notre devoir sera d’être un modèle
De l’espérance promise à l’humanité.
En forgeant unis dans la foi nouvelle,
La patrie de la vraie fraternité !
A très bientôt.
Hassane Magued
Côte d’Ivoire : Comment l’ONUCI a participé aux tueries des civils à Duékoué
Comme le métier d’opérateur économique l’exige, je voyage bien souvent. C’est ainsi que ce dimanche 27 mars 2011, j’ai été emmené, à bord de mon véhicule personnel, à partir d’Abidjan en compagnie de deux amis. Direction Man. N’ayant pas vite pris le départ d’Abidjan, nous pointons au corridor de sécurité de Duékoué à 20 heures 30 minutes. Là, nous découvrons une situation bien inhabituelle, bizarre même. Le corridor était fermé à la circulation ! Comme témoigne la herse qui traverse entièrement la chaussée. Nos nombreux Klaxons pour amener les maîtres des lieux à dégager la herse restent sans écho favorable. Le corridor présentait un calme de cimetière. Il n’y a aucune âme qui vit. On finit par comprendre que les agents de sécurité sont tapis dans l’ombre. Mais on comprendra le pourquoi un peu plus tard. Toujours est-il qu’on a rebroussé chemin pour replier sur le carrefour de Guessabo (40 kilomètres), attendant le jour pour repartir. Juste le temps de voir plus clair dans la situation. «Il y a couvre feu à Duékoué, mais habituellement, c’est à 21heures. Cette fois, ils ont fait 19 heures, ils n’ont pas dit qu’ils son forts, demain ils vont voir», explique un jeune chasseur traditionnel Dozo, à Tobly-Bangolo, où on avait marqué un arrêt pour s’informer. A Guessabo, nous passons la nuit dans le véhicule tout comme de nombreux véhicules de transport en commun avec leurs passagers. Man, Duékoué, Guiglo, Zagné, Taï, Bloléquin et Toulépleu sont les destinations des voyageurs rassemblés pour la circonstance à Guessabo carrefour. 6heures, nous revoilà au corridor de l’entrée de la ville de Duékoué, ce lundi 28 mars 2011.Si la herse est dégagée de la voie cette fois-ci, certains soldats loyalistes, armes au poing, sortent brusquement du fourré pour nous intimer l’ordre de faire demi-tour. Une manœuvre que nous n’avons pas fini de faire quand la réponse est donnée à toutes nos interrogations de la veille. C’est que Duékoué est le théâtre de violents combats entre les forces loyalistes et les forces pro-Ouattara. Crépitements, détonations et explosions les plus assourdissants se faisaient entendre dans la ville située à 500 mètres de ce corridor de sécurité.
Dans le village de Niambly déserté où on a trouvé refuge dans la précipitation, la sécurité, évidemment, est loin d’être garanti. Surtout que les forces pro-Ouattara, venues du coté de Guessabo, avaient coupé toute cette zone du fleuve Sassandra. Pris entre deux feux, tous les automobilistes dont certains essuyaient des tirs déjà ne pouvaient trouver d’autres solutions que de faire irruption dans le camp onusien, un contingent marocain de l’ONUCI situé à l’entrée de Duékoué. A leur corps défendant, les militaires onusiens font le ménage en nous installant sur une aire vague en pleine plantation de cacaoyer, à proximité de leur camp. Femmes, enfants, bébé, vieillards, jeunes et adultes, tous des voyageurs et ne se connaissant pas du tout, vont partager leur destin là, à même le sol, au pied d’une vieille bâtisse tenue par un vieux gardien. «Notre rôle ne consiste pas à héberger, à recueillir les gens dans nos camps, c’est exceptionnel, votre présence est acceptée momentanément», explique avec un brin de fermeté, un soldat marocain à ses visiteurs du moment à qui des nattes sont distribuées. Dans le même temps, les soldats dressent un corridor autour de leurs visiteurs inattendus.
Pendant ce temps, les combats entre forces loyalistes et pro-Ouattara font rage dans la ville. Des informations persistantes font état de ce que les forces pro- Ouattara mènent le bal sur le terrain, c’est-à-dire contrôlent la quasi-totalité de la ville. Certains automobilistes retranchés comme nous avaient perpétuellement le téléphone collé à l’oreille et dissimulaient mal leur enthousiasme. 14 h. Il se passe quelque chose. Les FDS loyalistes ont-elles du renfort ?
Toujours est-il qu’une hystérie s’est emparée du contingent marocain. Qui fait sortir de son camp d’importants engins militaires. Ordre est donné pour que les visiteurs hommes suivent les femmes et les enfants dans le camp où auparavant, seuls les derniers cités avaient été admis. Pourquoi tout ce ménage ? La réponse ne se fait pas attendre pour les fugitifs qui s’activaient à installer leurs nattes au sein du camp. Parce que la terre tremble. Car les armes lourdes postées ça et là dans le camp et hors du camp ont été actionnées et vrombissent. On saura un peu plus tard que l’ONUCI réagissait pour mettre sous l’éteignoir les FDS qui reprenaient du poil de la bête en reprenant le contrôle de la ville. Les forces pro-Ouattara étaient donc en difficulté. Cet état de fait est plausible d’autant qu’un des leurs en treillis qui a abandonné son arme s’est présenté au camp pour indiquer de façon précise les positions de leurs ennemis (FDS). Surtout du côté de la zone carrefour, un quartier des autochtones guéré, fief des groupes d’auto-défense locaux depuis 2002, date de l’éclatement de la rébellion armée en Côte d’Ivoire.
L’ONUCI dont les chars sont déjà présents dans la ville pendant les combats intensifie ses frappes dans le quartier général des autochtones Wê où tous les civils se sont enfermés dans leurs habitations. 18 heures, les combats ont baissé en intensité. Le ciel de Duékoué est noir de fumée comme si l’on venait de brûler des champs pendant les travaux champêtres. Cette fumée traduisait l’âpreté des combats au cours de la journée. Autour de 18 heures 30, un hélicoptère de l’ONUCI survole la ville. «Condoléances et courage à vous dont les parents sont tombés aujourd’hui à Duékoué, parce qu’il y en a eu», concède de façon pathétique un soldat onusien qui s’est approché de ses hôtes, terriblement désabusés. A la suite des frappes de l’ONUCI, les FDS perdent la ville. Seule poche de résistance, le quartier carrefour en cette fin de la journée du lundi 28 mars 2011. Toute la nuit, avec l’accalmie, les populations civiles, dans le dénuement total, fuyant la mort, prennent d’assaut le camp onusien.
La journée du mardi 29 mars 2011, même scénario. Ah cette journée du pire cauchemar pour les populations de Carrefour qui, passé pour la fois sous le contrôle des forces pro-Ouattara aux premières heures du jour (mardi 29 mars 2011), va subir les violences les plus extrêmes. Au quartier carrefour, les conquérants ne se sont pas posés de question. Toutes les maisons dont les portes sont closes sont détruites et les occupants tués. Ou encore celui qui tente de s’échapper à la vue des assaillants est fusillé sans autre forme de procès. Que ce soit avant ou après les combats, ce scénario a été mis en scène à la lettre par les forces pro-Ouattara à Duékoué et particulièrement au quartier carrefour. En tous cas, dans le camp onusien où nous étions, les témoignages des fuyards reçus heure après heure étaient invariables. D’ailleurs, un des soldats onusiens ne peut s’empêcher, devant de telles horreurs et atrocités. «J’ai fait le Congo. J’y étais pendant la guerre mais ce que j’ai vu à Duékoué ici n’a rien à voir avec ce que j’ai vu au Congo. Au quartier carrefour, la scène est insupportable. Nous les soldats de l’ONUCI nous serons obligés d’aller ramasser les corps pour éviter les épidémies. On n’attendra pas les ordres de nos chefs ou toute autre action», raconte-t-il avec émotion. Il montre encore plus qu’il est un digne fils de l’Afrique.
«Tout ce qui arrive est la faute des Africains qui ne sont pas unis. Le jour où ils parleront le même langage, les Occidentaux seront déphasés et on ne verra plus ce genre de scène», poursuit-il face à ses deux interlocuteurs (moi-même et un autre ami) un peu détaché du groupe des «pensionnaires» dont le nombre grossissant avait pratiquement submergé le camp onusien. Nous sommes mercredi 30 mars 2011. Ce jour marque le départ d’une autre vague des visiteurs du camp après celle du mardi après-midi, à destination de Man et de Duékoué ville. Après notre départ, les nombreux pensionnaires restés dans le camp ont été expulsés. La mission catholique leur a été recommandée. Sur le motif de cette expulsion, les voyageurs partis du côté de Taï racontent que l’ONUCI suspecte certains fuyards enregistrés dans le camp d’être des miliciens. Un tel motif, on s’en doute, exposait encore plus les expulsés au massacre. Toutes ces situations combinées justifient-elles les tueries massives et ciblées des civils à Duékoué que dénoncent les organisations de défense des droits humains ? Tout porte à le croire.
correspondance particulière de Kambire Sitafa, Notre voie