Le Blog de Aymard

La liberté d'expression dans sa quintessence

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France : Sarkozy : en échec en Chine, enlisé en Libye, dépassé en Côte d’Ivoire…

Cette semaine qui s’achève fut marquée par une succession d’évènements internationaux qui furent autant d’échecs pour la diplomatie de Nicolas Sarkozy. En Chine, le Monarque français a été snobé par son hôte chinois. Pas question de toucher au surpuissant Yuan. En Libye, la coalition occidentale s’enlise. En Côte d’Ivoire, la diplomatie française a été prise de vitesse par les forces d’Alassane Ouattara.

Dépassé en Côte d’Ivoire

En Côte d’Ivoire, très tôt, Nicolas Sarkozy avait exigé le départ de Laurent Gbagbo dès le résultat de l’élection présidentielle connue. Sa position rejoignait celle de la fameuse communauté internationale. Elle n’avait qu’une spécificité, historique : la Côte d’Ivoire est une ancienne colonie française. Et la France, de de Gaulle à Sarkozy, y a conservé de sérieux intérêts et une sacrée influence. Le poids de cette Françafrique justifiait officiellement que Nicolas Sarkozy reste prudent.

Pas question d’intervenir même si des forces françaises stationnent à proximité. Pendant quatre mois durant, la Sarkofrance a donc peu fait excepté parler à propos de la Côte d’Ivoire. Même quand des rumeurs de massacres de civils secouaient les opinions locales et françaises, Nicolas Sarkozy avait donné l’ordre de ne pas bouger. L’ONU a déjà quelques soldats sur place. En Libye, ancienne colonie italienne, Nicolas Sarkozy n’eut pas ces précautions. Et ce fut tant mieux, dans les premières heures au moins de l’intervention occidentale, pour les insurgés de Benghazi. Mais comment comprendre ce double traitement ?

Le 25 mars dernier, la France se joignait au Nigéria pour demander à l’ONUCI, la force onusienne présente sur place, d’intervenir à Abidjian pour faire stopper les tirs à l’arme lourde contre les populations civiles. Mais sans crier gare, les forces d’Alassane Ouattara, le président élu et reconnu, fondaient sur Abidjian en début de semaine dernière.

La Croix Rouge évoqua « au moins 800 personnes » décédées, civiles ou militaires, dans l’Ouest du pays. Ces massacres ne suscitent aucune réaction concrète française, comme en Libye. Samedi, le pays était quasiment conquis et les combats faisaient rage dans l’ancienne capitale du pays. On aurait trouvé une centaine de corps près de la ville de Duékoué.

Vendredi soir, Sarkozy organisait une « réunion de crise » sur la Côte d’Ivoire à l’Elysée. Il s’en suivit un joli communiqué où « la France appelle M. Laurent Gbagbo, conformément à la résolution 1975 du Conseil de sécurité, à se retirer immédiatement, à faire cesser les violences et à céder le pouvoir pacifiquement au Président Ouattara.» Nicolas Sarkozy s’empressait d’appeler Ouattara. Trop tard. « Gbagbo vit ses derniers jours de chef d’Etat » comment Juppé.

En Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo espérait un soutien chinois. [Selon Alain Léauthier, pour Marianne2]url:../../../../Quatre-lecons-et-quelques-illusions-sur-la-chute-de-Gbagbo_a204516.html, le timing de l’offensive de Ouattara serait lié à la perspective d’une récolte prochaine de cacao que le rival Gbagbo entendait vendre à une société chinoise.

Contredit en Chine

De son voyage en Chine, en fin de semaine dernière, on n’a retenu qu’une anecdote, sa visite expresse au Japon, pour rassurer les Français expatriés, saluer le gouvernement local et, surtout, sauver ce qui pouvait l’être encore du nucléaire civil. La catastrophe de Fukushima restera dans les mémoires. Mais lors de ce voyage, Nicolas Sarkozy avait bien d’autres choses à faire, dans son programme officiel.

Les médias locaux, sous la coupe d’une censure gouvernementale hors normes qui frappe désormais Google, s’amusèrent à relater quelques détails et gros échecs du Monarque français sur place. A Nankin, où il ouvrait la réunion des ministres des finances du G20, le président français fut logé dans une suite « présidentielle » de 800 mètres carrés, à l’hôtel Sofitel Zhongshan. « Le tarif ordinaire de la suite présidentielle est de 40 000 yuans (4291 euros environ) par jour », a révélé un responsable commercial de l’hôtel. En Chine, le salaire moyen est estimé à quelques dizaines d’euros par mois.

Mais le plus grave était ailleurs : la réunion de Nankin n’a débouché sur rien. C’est le premier revers, peu commenté, de cette fameuse présidence française du G20. Nicolas Sarkozy souhaitait convaincre la Chine d’intégrer sa devise, le Yuan-renminbi, dans le panier de valorisation des Droits de Tirage Spéciaux du Fonds monétaire international (FMI). Ces DTS ont été inventés en 1969 pour servir d’actif de réserve « relais » entre les Etats, en sus de l’or et du dollar. Si le Yuan chinois servait, comme le dollar, l’euro, le yen et la livre sterling à valoriser les DTS, son cours serait davantage figé. Or, justement, Européens et Américains souhaitent que la Chine cesse d’utiliser le faible cours de change de sa mon,naie pour doper ses exportations.

Mercredi soir, le président Hu Jintao a botté en touche. Pas question de figer son Yuan. La Chine veut d’abord internationaliser sa devise, via le développement de ses exportations et échanges en Asie. En d’autres termes, Nicolas Sarkozy s’est pris un vent. Echec total. La première dictature du global, grande financière des démocraties occidentales surendettées a sèchement boudé l’initiative française.

Enlisé en Libye

On ne sait plus quoi penser de la situation libyenne. Samedi 2 avril, les forces de l’OTAN ont tué 9 insurgés et 4 civils, près de Brega. Un responsable des forces rebelles a indiqué qu’un avion de l’OTAN a pris un tir de joie pour une attaque, et a ouvert le feu sur un convoi de cinq véhicules, dont une ambulance…

Depuis mardi, la situation militaire est figée. Le colonel Kadhafi a repoussé l’offensive des insurgés. le mauvais temps, en fin de semaine, a bloqué les interventions occidentales. Les Etats-Unis retirent peu à peu leurs avions. Ils fournissaient jusqu’alors l’essentiel du contingent aérien (90 avions contre 33 pour la France).

Sarkozy et Cameron se retrouveront-ils seuls en tête-à-tête guerrier avec Kadhafi ?

Source : Marianne2.fr

La Révolution arabe souillée par ces mécènes surgis dans l’insurrection libyenne

A observer les problèmes que soulève l’intrusion des Français et des Américains, bref des Occidentaux, dans l’insurrection libyenne, on se demande si l’une des conséquences de cette implication n’est pas de jeter une petite ombre sur la révolution arabe. C’est la goutte d’encre qui entache le lait !

Guerre en Libye

Tant que ces pays étaient absents du théâtre, les choses se passaient plus ou moins bien : à preuve, Tunisiens et Egyptiens ont réussi à se débarrasser de leurs dictateurs sans le soutien des Occidentaux. On peut même dire qu’ils ont réussi le prodige de faire partir leurs oppresseurs alors que ces derniers étaient soutenus par les Occidentaux. Leur victoire sonnait quelque part comme une défaite de ces grandes puissances. C’était un contrepied à leurs affirmations selon lesquelles ces pays arabes n’étaient pas faits pour la démocratie à la mode classique mais aussi leurs amitiés et intérêts. Qu’ils aient voulu montrer avec la Libye leur volonté de mieux veiller au grain à l’avenir, ce n’est pas étonnant quand on connaît la nature de leurs intérêts dans cette partie du monde.

La France et les Usa, en décidant de sustenter les insurgés, de les prendre par la main pour les installer à la place de Kadhafi, sont venus jeter le doute, un voile noir sur l’expérience révolutionnaire arabe qui, jusque-là, s’était drapée de la non-violence chère à Gandhi et à Martin Luther King. Avec l’exemple libyen, c’est une quasi-guerre de libération nationale qui est engagée. Plus grave, sur l’instigation, l’aide de l’Occident qui ne marchande pas ses soutiens en armes, en appuis financiers, diplomatiques… et surtout en bombardements.  Du coup, les dictateurs toujours en poste dans le monde arabe ont beau jeu de dénoncer les prétendues révolutions démocratiques qui ne sont rien d’autre que des tentatives d’assujettir le monde arabe et islamique à l’Occident impie. Et plus encore, une nouvelle forme de coup d’Etat pour maintenir des hégémonies dans certains pays du monde recelant des matières premières convoitées. Et nous revoilà plongé dans l’ambiance de la colonisation, de la politique de la canonnière qui était perçu jusque dans les milieux religieux comme un moyen d’apporter la « lumière », la foi, la civilisation aux peuples inférieurs, toutes choses qui ne manqueront pas en terre d’Islam, de provoquer des images douloureuses d’incroyants profanant leurs terres.

Mais ce n’est pas seulement sous cet angle que la volonté des pays occidentaux d’être acteurs directs dans la révolution arabe fait courir des risques de déstabilisation : avec la Libye, ce qu’on voit poindre à l’horizon, c’est qu’Al Qaeda ne s’arrange pour phagocyter les insurgés afin de bénéficier des moyens de l’Occident qui lui permettront, une fois le pouvoir conquis, de se retourner contre lui. Les précédents, on en a vus avec Ben Laden, on en a vus en Afghanistan comme en Irak. Alors, qu’Obama et Sarkozy se le tiennent pour dit !

CY

San Finna N°610 du 04 au 10 Avril 2011

Nicolas Sarkozy-Bernard-Henri Levy ou l’incarnation du mal

Croisade, le mot est lâché ! On ne s’en cache plus en France. Croisade contre les peuples africains ! Croisade contre les Libyens ! Croisade contre les Noirs ! Croisade contre les Arabes ! Croisade contre les Musulmans ! Croisade avec ce que ce terme comporte historiquement comme massacres, viols, tueries en tout genre.

La Libye est le premier pays africain à être envahi avec quelques complicités. Déjà des milliers de morts provoqués par les sbires de Nicolas Sarkozy, Bernard Henri Levi et autres !

Croisade, je n’ai pas honte, je suis écœurée ! De la même manière qu’ils prétendaient apporter les Lumières Evangéliques aux peuples du Sud, les voilà partis pour les exterminer en prétextant qu’ils leur apportent la liberté ! La liberté des peuples ne s’exporte pas ! Il appartient aux peuples de la conquérir lorsqu’ils sont prêts à le faire. D’ailleurs quelle contradiction ! Depuis quand la liberté et la démocratie se trouvent-t-elles derrière les canons ? Depuis Nicolas Sarkozy, sans doute.

Ils veulent nous faire croire que les bombes de destruction massive rendront heureux les peuples du Sud, Libyen notamment. D’ailleurs, ils s’apprêtent à attaquer la Côte d’Ivoire et le reste de l’Afrique.Oui, ils sont en croisade, non pour apporter la Liberté et la démocratie, mais pour piller les richesses. L’Occident agonise. Comment expliquer qu’en France les hôpitaux, les écoles ces éléments essentiels à la survie d’un peuple soient dans un état de délabrement absolu, alors qu’au même moment elle trouve des milliards pour aller TUER. OUI TUER EN TOUTE IMPUNITE ! Comment expliquer que Nicolas Sarkozy élu par les Français pour augmenter leur pouvoir d’achat abandonne cet objectif pour aller en guerre alors que la misère devient endémique ? Comment ? Comment ?

On s’étonne, mais pas tant que ça ! Le projet d’invasion des pays Africains a été adopté depuis plusieurs années. Elle entre dans sa première phase. Elle va revêtir la forme d’une rébellion comme en Libye ou en Côte d’Ivoire, rébellion armée par la France. Elle revêtira aussi la forme des élections savamment orchestrées par notre pays des Lumières, dont les résultats sont décidés d’avance (Côte d’Ivoire) Et à la moindre résistance des peuples, invasion armée sous prétexte de faire respecter la démocratie.

Oui, la France de Sarkozy est hitlérienne ! Elle est nazie ! Avec son chef Nicolas Sarkozy incarnation parfaite d’Hitler et Bernard Henri Levy dans le rôle de Goebbels, roi de la propagandastaffel ! Oui, nous voilà parti dans une guerre, une invasion, une croisade aussi meurtrière que cynique ! Cynique ! Rien que parce qu’on veut arracher à des peuples pacifiques, leurs biens. Oui, l’Afrique toute entière doit réagir et repousser cette invasion ! Le reste du monde doit nous aider. On doit tous se donner la main pour sauver la tête de nos frères !

Calixthe Beyala

La Guerre en Côte d’Ivoire et en Lybie, la nouvelle « diplomatie » française pour choisir ses interlocuteurs

La France est décidément un véritable soutien des rébellions africaines. A voir l’actualité récente de la Côte d’Ivoire et de la Libye, le doute n’est plus permis. Et la disparition de la nébuleuse françafrique, promise par le dictateur Nicolas Sarkozy, n’était qu’un grossier mensonge servi à qui voulait y croire. La France est en train d’expérimenter une nouvelle «diplomatie » pour choisir ses interlocuteurs sur le continent africain. Ce pays pompeusement présenté comme la patrie des droits de l’homme a ouvertement soutenu la rébellion libyenne conduite par sa branche politique, le Conseil national de transition (CNT).

Ne nous trompons pas. Ce qui est présenté par la France comme une révolution pacifique menée par des civils libyens est un gros mensonge. Ce qui se passe en Libye n’a rien à voir avec ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte où il s’agissait d’une véritable révolution menée par les populations. En Libye, il s’agit de factions armées qui sont en train de tenter une révolution armée pour renverser le régime du colonel Kadhafi. C’est cette supercherie soutenue par la France et un groupe de pays dont les Etats-Unis que le guide libyen a très tôt découvert et dénoncé en appelant ainsi son peuple à se dresser contre cette énième imposture de l’Occident contre son pays avec malheureusement l’aide de citoyens libyens comme c’est toujours le cas en Afrique et dans le monde arabophone. En clair, Paris est en train de soutenir ouvertement avec l’appui de l’ONU, une rébellion que le dictateur Nicolas Sarkozy a décidé de reconnaitre comme le seul interlocuteur de la France. D’ailleurs, recevant les chefs rebelles à l’Elysée, le dictateur français a annoncé fièrement qu’il enverrait, au nom de la France, un ambassadeur à Benghazi, le bastion de cette rébellion libyenne pour représenter son pays. Voilà qui est donc clair, c’est la France qui décide qui doit être son interlocuteur dans un pays pourtant souverain.

Elle a fait la même chose en Côte d’Ivoire. D’abord en installant et en protégeant une rébellion sous Jacques Chirac. Elle lui a même porté ouvertement secours en novembre 2004 lorsqu’elle était à un doigt d’être mise hors d’état de nuire par l’armée régulière ivoirienne. Ce jour-là, l’armée française a volontairement détruit toute l’aviation militaire ivoirienne arguant que celle-ci aurait tué, dans un bombardement à Bouaké, des militaires français. Ce qu’a contesté et conteste toujours l’armée ivoirienne. En fait, c’était un prétexte. Car, dans le cas de figure où cette thèse était avérée, il s’agirait alors d’une méprise involontaire. Comme ça été le cas très souvent en Irak et en Afghanistan où les forces alliées se sont souvent tiré dessus par méprise sans que cela ne suscite une contre-attaque. La contre-attaque n’est possible que si la méprise est venue d’un ennemi. Du coup, on comprend que l’armée française a considéré l’armée ivoirienne comme un ennemi. D’où sa réaction.

La France a poursuivi sa forfaiture en Côte d’Ivoire en soutenant les rebelles ivoiriens à la solde d’Alassane Ouattara dans leur refus de désarmer malgré la résolution de l’ONU qui leur imposait le désarmement. Pire, après les élections présidentielles qui ont vu la victoire du président Laurent Gbagbo, la France refuse cette victoire et tente jusqu’à présent sans succès d’imposer Ouattara comme président de la Côte d’Ivoire avec le soutien de l’ONU, des Etats-Unis, de la CEDEAO, de l’Union africaine et de l’Union européenne. Arguant que le Conseil constitutionnel, l’unique juridiction du pays, qui a proclamé les résultats définitifs du scrutin selon la Constitution ivoirienne, est favorable au président Laurent Gbagbo. Voilà donc la France dans toute sa laideur. Laideur qu’elle avait déjà montrée au Rwanda quand elle a soutenu et armé les génocidaires.

La nouvelle «diplomatie» de la France qui consiste à choisir, au moyen de soutien des rébellions armées, ses interlocuteurs sur le continent africain va la perdre. Car elle est en train de s’écrire en lettre de sang. Ce que les Africains, même s’ils sont timorés pour la plupart, ne sont pas prêts à accepter pendant longtemps. La Côte d’Ivoire et la Libye en donnent déjà l’exemple.

Coulibaly Zié Oumar in Notre Voie

Adame Ba Konare sur l’opération militaire en Lybie : «Nous sommes dans une logique de recolonisation du continent»

L’historienne et ex-Première dame du Mali, Adame Ba Konaré, a qualifié de « carnaval macabre » l’opération militaire menée en Libye par la coalition internationale. Elle appelle les Africains à se mobiliser pour défendre leur « continent meurtri et bafoué ». Elle répond aux questions de RFI.

RFI : Dans une lettre ouverte, intitulée « Cris aux Africains », vous faites part de votre inquiétude. Vous dénoncez le « carnaval macabre des Occidentaux » en Libye. Qu’est-ce qui vous choque le plus, dans cette opération militaire ?

Adame Ba Konare : C’est le principe même de l’intervention des puissances étrangères sur le sol africain. On a l’impression que nous avons en face de nous des pays et des chefs d’Etat vertueux, alors que ne sont-ils intervenus en Tunisie, en Egypte, où le peuple était effectivement dans la rue, sans armes ? Et pourquoi n’interviennent-ils pas en Palestine, où le peuple est dans la rue ? Sans oublier que toutes ces puissances coalisées ont un lourd passif colonial. Vous savez, c’est avec de tels discours que l’aventure coloniale a commencé. Ne l’oublions pas. Les « vertueuses et généreuses nations » avaient pour mission de voler au secours des pauvres Africains pour les débarrasser de leurs méchants dirigeants. Tout ça, ça sent un peu l’invasion coloniale.

RFI : Ce que disent les Occidentaux, mais aussi un certain nombre d’hommes politiques africains, c’est que sans les frappes aériennes de samedi dernier, la ville de Benghazi aurait été reconquise par l’armée libyenne et il y aurait eu un bain de sang.

A.B.K : Oui, mais il ne faut pas être suffisamment naïf pour croire qu’une intervention des armées étrangères ne fera pas de dégâts non plus parmi la population civile. Et puis, moi je crois qu’il n’y a pas de transparence dans cette affaire-là. Qui dirige la mission ? Qui ordonne ? Qui contrôle ? Il y a un dépassement des mandats. Il va falloir que quelqu’un réponde de ces actes.

Et puis je dis qu’à ce rythme-là, partout il y aura des contestations, partout où il y aura des mouvements, on verra « toutes ces nations généreuses » voler au secours des populations africaines. Il ne faut pas confondre le peuple avec des mouvements de contestation. Et à ce rythme-là, moi je dis : nous assisterons au dépècement progressif de l’Afrique, à sa balkanisation, donc à sa fragilisation. Nous sommes dans une dynamique de recolonisation du continent, à mon avis.

RFI : Dans plusieurs discours, la semaine dernière Mouammar Kadhafi a lancé des menaces très claires aux insurgés de Benghazi : « Nous irons vous chercher dans chaque maison, dans chaque pièce, dans chaque placard ! ». Concrètement, Adame Ba Konare, qu’est-ce qu’il fallait faire pour épargner aux habitants de Benghazi le glaive vengeur de Mouammar Kadhafi ?

A.B.K : Honnêtement, je ne partage pas du tout, évidemment, ces propos tenus qui sont effectivement insupportables. Il faut recentrer le débat. Je ne suis pas du tout sûre que l’intervention menée par cette puissance occidentale soit beaucoup moins mortelle que les bombardements de Kadhafi. Je pense qu’il y a beaucoup de fanfaronnades dans les déclarations de Mouammar Kadhafi. Je ne suis pas sur le terrain, mais ces forces coalisées, comment voulez-vous qu’elles puissent bombarder avec discernement ? Ce sont des histoires !
RFI : Alors vous parlez des « fanfaronnades » du colonel Kadhafi, mais n’y a-t-il pas eu les attentats de Lockerbie et du DC10, et puis la répression d’une mutinerie en 1996, qui a fait plus de 1 200 morts ?

A.B.K : Je ne dédouane pas du tout le colonel Kadhafi pour ses actes dans le passé, et même pour une certaine violence qu’on a notée récemment. Mais je dis que cette intervention, elle se fait uniquement dans le but de servir les intérêts, à la fois économiques, et de politique intérieure, de ces chefs de guerre. Je pense qu’il y a évidemment le pétrole et le gaz libyen, qui sont fort, mais il y a aussi des besoins de politique intérieure.

Tous ces chefs de file sont en situation pré-électorale. N’oublions pas le président français, qui est en baisse dans les sondages. Donc, ce n’est pas aux Africains qu’on va faire croire qu’on est là pour libérer des peuples. On n’a qu’à aller en libérer d’autres. On a qu’à aller libérer les Palestiniens par exemple.

RFI : Si l’opération avait été lancée par des Africains, est-ce que vous l’approuveriez ?
A.B.K : Vous savez, ce que je reproche à l’Afrique et aux chefs, notamment aux chefs africains, c’est leur pusillanimité. L’Afrique est timorée. On est encore engoncé dans ces peurs coloniales et nous n’arrivons pas à les dépasser. C’est sûr qu’il y a une faillite des nos élites politiques, notamment au niveau du leadership, et même une incapacité de l’Union africaine à anticiper. Le silence des continents a été lourdement préjudiciable dans cette affaire.
Je crois que s’ils s’étaient exprimés très tôt, ces chefs-là, ils auraient pu anticiper sur le cours des événements. Et puis désamorcer même la bombe des Nations unies. Les Africains doivent exiger l’arrêt immédiat des bombardements, exiger tout de suite qu’on ouvre les négociations.

RFI : Cheikh Tidiane Gadio, l’ancien ministre sénégalais, a cette phrase : « Il n’est pas normal que la responsabilité de protéger les populations civiles soit l’apanage des pays occidentaux ».

A.B.K : Mais c’est clair ! On ne voit pas du tout ce que les pays occidentaux viennent faire dans cette affaire. Il y a une institution continentale. Pourquoi on ne leur demanderait pas d’intervenir dans ce conflit ? Il faut une mobilisation continentale pour dire « ça suffit ! ». Moi, j’ai donné, sans prétention, le tempo, et j’aimerais vraiment que tout le continent se mette debout pour s’occuper des problèmes qui le concernent.

RFI : Vous souhaitez une solution politique en Libye, mais les insurgés de Benghazi ne croient pas une seconde dans la bonne foi du colonel Kadhafi. Qu’est-ce qu’il faut faire ?
A.B.K : Je respecte la légitimité des opposants de Benghazi. Je reconnais la légitimité de leurs droits, plus de liberté d’expression… Mais avec cette intervention « des Croisés », je me demande même s’ils ont la victoire, quelle va être le goût de cette victoire pour eux. Est-ce que ce sera honorable pour les opposants libyens, de voir le drapeau français flotter sur le fronton de leurs édifices, et d’entendre le nom de Sarkozy scandé dans les rues de Benghazi ? Donc il y a là, des interrogations.

Christophe Boisbouvier (RFI)

Les mensonges de la guerre de l’Occident contre la Libye

A-    LES VRAIES RAISONS DE LA GUERRE EN LIBYE

1- Manque à gagner pour l’Occident à cause du Premier Satellite africain Rascom 1

C’est la Libye de Kadhafi qui offre à toute l’Afrique sa première vraie révolution des temps modernes : assurer la couverture universelle du continent pour la téléphonie, la télévision, la radiodiffusion et de multiples autres applications telles que la télémédecine et l’enseignement à distance ; pour la première fois, une connexion à bas coût devient disponible sur tout le continent, jusque dans les zones rurales grâce au système par pont radio wmax.

L’histoire démarre en 1992 lorsque 45 pays africains créent la société Rascom pour disposer d’un satellite africain et faire chuter les coûts de communication sur le continent. Téléphoner de et vers l’Afrique est alors le tarif le plus cher au monde, parce qu’il y avait un impôt de 500 millions de dollars que l’Europe encaissait par an sur les conversations téléphoniques même à l’intérieur du même pays africain, pour le transit des voix sur les satellites européens comme Intelsat. Un satellite africain coûtait juste 400 millions de dollars payable une seule fois et ne plus payer les 500 millions de location par an. Quel banquier ne financerait pas un tel projet ? Mais l’équation la plus difficile à résoudre était : comment l’esclave peut-il s’affranchir de l’exploitation servile de son maître en sollicitant l’aide de ce dernier pour y parvenir ? Ainsi, la Banque mondiale , le Fmi, les Usa, l’Union européenne ont fait miroiter inutilement ces pays pendant 14 ans. C’est en 2006 que Kadhafi met fin au supplice de l’inutile mendicité aux prétendus bienfaiteurs occidentaux pratiquant des prêts à taux usuraire; le guide libyen a ainsi mis sur la table 300 millions de dollars, La Banque africaine de développement a mis 50 millions, la Banque ouest-africaine de Développement, 27 millions et c’est ainsi que l’Afrique a depuis le 26 décembre 2007 le tout premier satellite de communication de son histoire. Dans la foulée, la Chine et la Russie s’y sont mises, cette fois en cédant leur technologie et ont permis le lancement de nouveaux satellites, sud-africain, nigérian, angolais, algérien et même un deuxième satellite africain est lancé en juillet 2010. Et on attend pour 2020, le tout premier satellite technologiquement 100% africain et construit sur le sol africain, notamment en Algérie. Ce satellite est prévu pour concurrencer les meilleurs du monde, mais à un coût 10 fois inférieur, un vrai défi. Voilà comment un simple geste symbolique de 300 petits millions peut changer la vie de tout un continent. La Libye de Kadhafi a fait perdre à l’Occident, pas seulement 500 millions de dollars par an mais les milliards de dollars de dettes et d’intérêts que cette même dette permettait de générer à l’infini et de façon exponentielle, contribuant ainsi à entretenir le système occulte pour dépouiller l’Afrique.

2- Fonds monetaire africain, Banque centrale africaine, Banque africaine des investissements

Les 30 milliards de dollars saisis par M. Obama appartiennent à la Banque centrale libyenne et prévu pour la contribution libyenne à la finalisation de la fédération africaine à travers 3 projets phare: la Banque africaine d’investissement à Syrte en Libye, la création dès 2011 du Fonds monétaire africain avec un capital de 42 milliards de dollars avec Yaoundé pour siège, la Banque centrale africaine avec le siège à Abuja au Nigeria dont la première émission de la monnaie africaine signera la fin du Fcfa grâce auquel Paris a la mainmise sur certains pays africains depuis 50 ans. On comprend dès lors et encore une fois la rage de Paris contre Kadhafi. Le Fonds monétaire africain doit remplacer en tout et pour tout, les activités sur le sol africain du Fonds monétaire international qui, avec seulement 25 milliards de dollars de capital a pu mettre à genoux tout un continent avec des privatisations discutables, comme le fait d’obliger les pays africains à passer d’un monopole public vers un monopole privé. Ce sont les mêmes pays occidentaux qui ont frappé à la porte pour être eux aussi membres du Fonds monétaire africain et c’est à l’unanimité que le 16-17 décembre 2010, à Yaoundé les Africains ont repoussé cette convoitise, instituant que seuls les pays africains seront membres de ce Fma.

Il est donc évident qu’après la Libye, la coalition occidentale déclarera sa prochaine guerre à l’Algérie, parce qu’en plus des ses ressources énergétiques énormes, ce pays a une réserve monétaire de 150 milliards d’Euros. Ce qui devient la convoitise de tous les pays qui bombardent la Libye et qui ont tous quelque chose en commun, ils sont tous financièrement en quasi faillite, les Usa à eux seuls ont 14.000 milliards de dollars de dettes, La France , la Grande-Bretagne et l’Italie ont chacun environ 2.000 milliards de dettes publiques alors que les 46 pays d’Afrique noire ont, au total, moins de 400 milliards de dollars de dettes publiques. Créer de fausses guerres en Afrique dans l’espoir de trouver de l’oxygène pour continuer leur apnée économique qui ne fait que s’empirer ne fera qu’enfoncer les Occidentaux dans leur déclin qui a pris son envol en 1884, lors de la fameuse Conférence de Berlin. Car comme l’avait prédit l’économiste américain Adams Smith en 1865, dans son soutien à Abraham Lincoln pour l’abolition de l’esclavage, «l’économie de tout pays qui pratique l’esclavage des Noirs est en train d’amorcer une descente vers l’enfer qui sera rude le jour où les autres Nations vont se réveiller».

3- Unions régionales comme frein à la création des Etats-Unis d’Afrique

Pour déstabiliser et détruire l’Union africaine qui va dangereusement (pour l’Occident) vers les Etats-Unis d’Afrique avec la main de maître de Kadhafi, l’Union européenne a d’abord tenté sans y parvenir la carte de la création de l’Upm (Union Pour la Méditerranée) Il fallait à tout prix couper l’Afrique du Nord du reste de l’Afrique. Cela a échoué parce que Kadhafi a refusé d’y aller. Il a compris très vite le jeu à partir du moment où on parlait de la Méditerranée en associant quelques pays africains sans en informer l’Union africaine, mais en y invitant tous les 27 pays de l’Union européenne. L’Upm sans le principal moteur de la fédération africaine était foirée avant même de commencer, un mort – né avec Sarkozy comme président et Moubarack, le vice-président. Ce que Alain Juppé tente de relancer, tout en misant sur la chute de Kadhafi, bien sûr. Ce que les dirigeants africains ne comprennent pas est que tant que ce sera l’Union européenne qui finance l’Union africaine, on sera toujours au point de départ, car dans ces conditions, il n’y aura pas d’effective indépendance. C’est dans le même sens que l’Union Européenne a encouragé et financé les regroupements régionaux en Afrique. Il était évident que la Cedeao qui a une Ambassade à Bruxelles et qui tire l’essentiel de son financement de l’Ue, est un obstacle majeur contre la fédération africaine. C’est ce que Lincoln avait combattu dans la guerre de sécession aux Etats-Unis, parce qu’à partir du moment où un groupe de pays se retrouvent autour d’une organisation politique régionale, cela ne peut que fragiliser l’organe central. C’est ce que l’Europe voulait et c’est ce que les Africains n’ont pas compris en créant coup sur coup, la Comesa , l’Udeac, la Sadc et le Grand Maghreb qui n’a jamais fonctionné encore une fois grâce à Kadhafi qui lui l’avait très bien compris.

4- Kadhafi, l’Africain qui a permis de laver l’humiliation de l’Apartheid

Kadhafi est dans le cœur de presque tous les Africains comme un homme très généreux et humaniste pour son soutien désintéressé à la bataille contre le régime raciste d’Afrique du Sud. Si Kadhafi avait été un homme égoïste, rien ne l’obligeait à attirer sur lui les foudres des Occidentaux pour soutenir financièrement et militairement l’Anc dans sa bataille contre l’apartheid. C’est pour cela que à peine libéré de ses 27 ans de prisons, Mandela décide d’aller rompre l’embargo des Nations unies contre la Libye le 23 octobre 1997. A cause de cet embargo même aérien, depuis 5 longues années aucun avion ne pouvait atterrir en Libye. Pour y arriver, Il fallait prendre un avion pour la Tunisie; arriver à Djerba et continuer en voiture pendant 5 heures pour Ben Gardane, passer la frontière et remonter en 3 heures de route par le désert jusqu’à Tripoli. Ou alors, passer par Malte et faire la traversée de nuit, sur des bateaux mal entretenus jusqu’à la côte libyenne. Un calvaire pour tout un peuple, juste pour punir un seul homme. Mandela décida de rompre cette injustice et répondant à l’ex- président américain Bill Clinton, qui avait jugé cette visite «malvenue», il s’insurgea : «Aucun Etat ne peut s’arroger le rôle de gendarme du monde, et aucun Etat ne peut dicter aux autres ce qu’ils doivent faire ». il ajouta : « ceux-là qui hier, étaient les amis de nos ennemis, ont aujourd’hui, le toupet de me proposer de ne pas visiter mon frère Kadhafi, ils nous conseillent d’être ingrats et d’oublier nos amis d’hier ». En effet, pour l’Occident, les racistes d’Afrique du Sud étaient leurs frères qu’il fallait protéger. C’est pour cela que tous les membres de l’Anc étaient considérés comme des dangereux terroristes, y compris Nelson Mandela. Il faudra attendre le 2 juillet 2008, pour que le Congrès américain vote une loi pour rayer le nom de Nelson Mandela et de ses camarades de l’Anc de cette liste noire, pas parce qu’ils ont compris la bêtise d’une telle liste, mais parce qu’on voulait faire un geste pour les 90 ans de Nelson Mandela. Si les Occidentaux sont aujourd’hui, repentis de leur soutien d’hier aux ennemis de Mandela et sont vraiment sincères lorsqu’on lui donnent des noms de rue et de places, comment continuer à faire la guerre à celui qui a permis la victoire de Mandela et son peuple, Kadhafi?

B- CEUX QUI VEULENT EXPORTER LA DEMOCRATIE SONT-ILS DE VRAIES DEMOCRATIES ?

Et si la Libye de Kadhafi était plus démocratique que les Usa, la France, la Grande-Bretagne et tous ceux qui font la guerre pour exporter la démocratie en Libye ? Le 19 mars 2003, le président Georges Bush lance les bombes sur la tête des Iraquiens avec le prétexte d’y exporter la démocratie. Le 19 mars 2011, c’est-à-dire 8 ans plus tard et jour pour jour, c’est le président français qui lance ses bombes sur la tête des Libyens avec le même prétexte de leur offrir la démocratie. Monsieur Obama, Prix Nobel de la Paix 2009 et président des Etats-Unis d’Amérique, pour justifier qu’il procède à un déferlement de missiles Cruise de ses sous-marins sur la tête des Libyens a dit que c’était pour chasser le dictateur Kadhafi du pouvoir et y instaurer la démocratie.
La question que tout être humain doté de la moindre capacité intellectuelle de jugement et d’appréciation ne peut s’empêcher de se poser est : ces pays comme la France, l’Angleterre, les Usa, l’Italie, la Norvège, le Danemark, la Pologne dont la légitimité pour aller bombarder les Libyens se base sur le seul fait de s’être autoproclamés « pays démocratiques » sont-ils réellement démocratiques? Si oui, sont-ils plus démocratiques que la Libye de Kadhafi ? La réponse, sans équivoque est Non, pour la simple et bonne raison que la démocratie n’existe pas. Ce n’est pas moi qui l’affirme, mais celui-là même dont la ville natale, Genève abrite l’essentiel du commandement des Nations unies. Il s’agit bien entendu de Jean-Jacques Rousseau né à Genève en 1712 qui affirme dans le chapitre IV du Livre III de son très célèbre ouvrage du Contrat social que : «il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais». Pour qu’un Etat soit véritablement démocratique Rousseau pose 4 conditions selon lesquelles la Libye de Kadhafi est même de loin plus démocratique que les Etats-Unis d’Amérique, la France et tous les autres qui prétendent lui exporter la démocratie à savoir :

1- Dimension de l’Etat : plus un Etat est grand, moins il peut être démocratique, pour Rousseau l’Etat doit être très petit pour que le peuple soit facile à rassembler et que chaque citoyen puisse aisément connaître tous les autres. Avant donc de faire voter les gens, il faut s’assurer que chacun connaisse tous les autres sans quoi voter pour voter est un acte dénué de tout fondement démocratique, c’est un simulacre de démocratie pour élire un dictateur. La structure de l’organisation de l’Etat libyen se fonde sur une base tribale qui regroupe par définition le peuple en de petites entités. Le sentiment démocratique est plus présent dans une tribu, dans un village que dans une grande Nation, parce que le fait que tout le monde se connaisse et que la vie tourne autour des mêmes points communs apporte une sorte d’autorégulation, d’autocensure même pour peser à chaque instant, la réaction ou la contre-réaction des autres membres pour ou contre les opinions qu’on peut avoir. Sous cet angle, c’est la Lybie qui répond le mieux aux exigences de Rousseau, ce qu’on ne peut pas dire de même pour les Etats-Unis d’Amérique, la France ou la Grande-Bretagne , des sociétés fortement urbanisées où la majorité des voisins ne se disent même pas bonjour et donc ne se connaissent pas, même vivant côte-à-côte pendant 20 ans. Dans ces pays, on est passé directement à l’étape suivante : « le vote » qu’on a malignement sanctifié afin de faire oublier que ce vote est inutile à partir du moment où je m’exprime sur l’avenir d’une Nation sans en connaitre ses membres. On est ainsi arrivé jusqu’à la bêtise du vote des citoyens vivant à l’étranger. Se connaitre et se parler est la condition essentielle de la communication pour le débat démocratique qui précède toute élection.

2- Il faut la simplicité des mœurs et des comportements pour éviter que l’on passe l’essentiel du temps à parler de justice, de tribunal pour trouver des solutions aux multitudes querelles d’intérêts divers qu’une société trop complexe fait naitre naturellement. Les Occidentaux se définissement comme des pays civilisés, donc aux mœurs complexes et la Libye comme pays dit primitif, c’est-à-dire aux moeurs simples. Sous cet angle, encore une fois, c’est la Libye qui répondrait mieux aux critères démocratiques de Rousseau que tous ceux qui prétendent lui donner des leçons de démocratie. Dans une société complexe, les trop nombreux conflits sont résolus par la loi du plus fort, puisque celui qui est riche évite la prison parce qu’il peut se permettre un meilleur avocat et surtout, orienter l’appareil répressif de l’Etat contre celui qui vole une banane dans un supermarché, plutôt que le délinquant financier qui fait crouler une banque. Dans une ville comme New York où 75% de la population est blanche, 80% des postes de cadres sont occupés par des Blancs et ils ne sont que 20% des personnes en prison.

3- L’égalité dans les rangs et dans les fortunes. Il suffit de voir le classement Forbes 2010 pour voir quels sont les noms des personnes les plus riches de chacun des pays qui jette la bombe sur la tête des Libyens et voir la différence avec le salaire le plus bas dans chacun des pays et faire de même pour la Libye pour comprendre qu’en matière de redistribution de la richesse du pays, c’est à la Libye d’exporter son savoir-faire à ceux qui la combattent et non le contraire. Même sous cet angle, selon Rousseau, la Libye serait plus démocratique que ceux qui veulent pompeusement lui exporter la prétendue démocratie. Aux Etats-Unis 5% de la population possèdent 60% de la richesse nationale. C’est le pays le plus déséquilibré, le plus inégal du monde.
4- Pas de luxe. selon Rousseau pour qu’il y ait la démocratie dans un pays, il ne faut pas qu’il y ait de luxe parce que selon lui, le luxe rend nécessaire la richesse et cette dernière devient la vertu, l’objectif à atteindre à tout prix et non le bonheur du peuple, « le luxe corrompt à la fois le riche et le pauvre, l’un par la possession, l’autre par la convoitise ; il vend la patrie à la mollesse, à la vanité ; il ôte à l’Etat tous ses citoyens pour les asservir les uns aux autres, et tous à l’opinion ». Y a-t-il plus de luxe en France ou en Libye ? Ce rapport d’asservissement des employés qui sont poussés jusqu’au suicide les employés mêmes des entreprises publiques ou semi-publique, pour des raisons de rentabilité et donc de possession de luxe d’une des parties est-il plus criant en Libye ou en Occident ?

Le sociologue américain C. Wright Mills a décrit en 1956 la démocratie américaine comme «la dictature des élites». Selon Mills, les Etats-Unis d’Amérique ne sont pas une démocratie parce qu’en définitive, c’est l’argent qui s’est substitué au peuple. Le résultat de chaque élection y est l’expression de la voix de l’argent et non la voix du peuple. Après Bush-père et Bush-fils, pour les primaires républicaines de 2012, on parle déjà de Bush-benjamin. En plus, si le pouvoir politique se base sur la bureaucratie, Max Weber fait remarquer qu’il y a 43 millions de fonctionnaires et militaires aux Etats-Unis qui commandent effectivement le pays, mais qui n’ont été votés par personne et qui ne répondent pas directement au peuple de leurs activités. Une seule personne (un riche) est donc votée mais le vrai pouvoir sur le terrain est tenue par une seule caste de riches qui ne résulte purement et simplement que de nominations comme les ambassadeurs, les Généraux de l’armée etc…
Combien de personnes dans les pays autoproclamés «démocratiques» savent qu’au Pérou, la Constitution interdit un deuxième mandat consécutif au président de la République sortant ? Combien de personnes savent qu’au Guatemala, non seulement le président sortant ne doit plus jamais se présenter comme candidat à cette fonction, mais qu’en plus à aucun degré de parenté, aucun membre de sa famille ne pourra plus prétendre à cette fonction ? Combien savent que le Rwanda est le pays qui intègre politiquement le mieux les femmes au monde avec 49% de parlementaires femmes ? Combien savent que dans le classement de la Cia 2007, sur 10 pays les mieux gérés au monde, 4 sont Africains ? Avec la palme d’or à la Guinée Equatoriale dont la dette publique ne représente que 1,14% de son Pib.

La guerre civile, les révoltes, les rebellions sont les ingrédients d’un début de démocratie, soutient Rousseau. Parce que la démocratie n’est pas une fin, mais un processus permanent pour réaffirmer les droits naturels des humains que dans tous les pays du monde (sans exception) une poignée d’hommes et de femmes, confisquant le pouvoir du peuple, l’oriente pour se maintenir aux affaires. On trouve ici et là des formes de castes qui usurpent le mot « démocratie » qui doit être cet idéal vers lequel tendre et non un label à s’approprier ou un refrain à vanter parce qu’on est juste capable de crier plus fort que les autres. Si un pays est calme comme la France ou les Etats-Unis, c’est-à-dire sans aucune révolte, pour Rousseau cela veut tout simplement dire que le système dictatorial est suffisamment répressif pour empêcher toute tentative de rébellion. Si les Libyens se révoltent, ce n’est pas une mauvaise chose. C’est prétendre que les peuples acceptent stoïquement le système qui les opprime partout dans le monde sans réagir qui est très mauvais. Et Rousseau de conclure : «Malo periculosam libertatem quam quietum servitium -traduction : S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement. Un gouvernement si parfait ne convient pas à des hommes». Dire qu’on tue les Libyens pour leurs biens est un leurre.

C- QUELLES LECONS POUR L’AFRIQUE ?

Après 500 ans de relations de dominateur et de dominé avec l’Occident, il est dès lors prouvé que nous n’avons pas les mêmes critères pour définir le bon et le méchant. Nous avons des intérêts profondément divergents. Comment ne pas déplorer le Oui de 3 pays africains au sud du Sahara, Nigeria, Afrique du Sud et Gabon pour la Résolution 1973 inaugurant la nouvelle forme de colonisation baptisée « protection des peuples », validant la théorie raciste que les Européens véhiculent depuis le 18e siècle selon laquelle l’Afrique du Nord n’a rien à partager avec l’Afrique Subsaharienne, l’Afrique du Nord serait ainsi plus évoluée, plus cultivée et plus civilisée que le reste de l’Afrique. Tout se passe comme si la Tunisie, l’Egypte, la Libye , l’Algérie ne faisaient pas partie de l’Afrique. Même les Nations unies semblent ignorer la légitimité de l’Union africaine sur ses Etats membres. L’objectif est d’isoler les pays d’Afrique subsaharienne afin de mieux les fragiliser et les tenir sous contrôle. En effet, dans le capital du nouveau Fonds monétaire africain (Fma), l’Algérie avec 16 milliards de dollars et la Libye avec 10 milliards de dollars contribuent à eux tous seuls pour près de 62% du capital qui est de 42 milliards de Dollars. Le premier pays d’Afrique subsaharienne et les plus peuplés, le Nigeria suivi de l’Afrique du Sud arrivent très loin derrière avec 3 milliards de dollars chacun.

C’est très inquiétant de constater que pour la première fois de l’histoire des Nations unies, on a déclaré la guerre à un peuple sans avoir exploré au préalable la moindre piste pacifique pour solutionner le problème.

L’Afrique a-t-elle encore sa place dans une telle organisation ? Le Nigeria et l’Afrique du Sud sont disposés à voter OUI à tout ce que l’Occident demande, parce qu’ils croient naïvement aux promesses des uns et des autres de leur donner une place de membre permanent au Conseil de Sécurité avec le même droit de veto. Ils oublient tous les deux que la France n’a aucun pouvoir de leur attribuer le moindre poste. Si elle l’avait, il y a belle lurette que Mitterrand l’aurait fait pour l’Allemagne de Helmut Kohl. La réforme des Nations unies n’est pas à l’ordre du jour. La seule manière de compter, est la méthode chinoise : tous les 50 pays africains doivent quitter les Nations unies. Et s’ils doivent y retourner un jour, ne le faire que s’ils ont obtenu ce qu’ils demandent depuis longtemps, un poste pour toute la fédération africaine, sinon rien.
Cette méthode de la non-violence est la seule arme de justice dont disposent les pauvres et les faibles que nous sommes. Nous devons tout simplement quitter les Nations unies, car, cette organisation de par sa configuration, de par sa hiérarchie est aux services des plus forts.

Nous devons quitter les Nations unies afin de marquer notre réprobation de cette conception du monde basée uniquement sur l’écrasement du plus faible. Tout au moins ils seront libres de continuer de le faire, mais pas avec notre signature, pas en rappelant que nous sommes d’accord alors qu’ils savent très bien qu’ils ne nous ont jamais interrogés. Et même quand nous avons donné notre propre point de vue, comme la rencontre de samedi 19/3 à Nouakchott avec la déclaration sur la contrariété à l’action militaire, ceci a été passé tout simplement sous silence pour aller accomplir le forfait de bombarder le peuple africain.

Ce qui arrive aujourd’hui, est le scénario déjà vu auparavant avec la Chine. Aujourd ’hui, on reconnaît le gouvernement Ouattara, on reconnaît le gouvernement des insurgés en Libye. C’est ce qui s’est passé à la fin de la Seconde Guerre mondiale avec la Chine. La soi-disant communauté internationale avait choisi Taiwan comme unique représentant du peuple chinois en lieu et place de la Chine de Mao. Il faudra attendre 26 ans, c’est-à-dire le 25 octobre 1971 avec la résolution 2758 que tous les Africains devraient lire, pour mettre fin à la bêtise humaine. La Chine est admise, sauf qu’elle a prétendu et obtenue d’être membre permanent avec droit de veto, si non elle n’entre pas. Cette exigence satisfaite et la résolution d’admission entrée en vigueur, il faudra attendre un an pour que le 29 septembre 1972, le ministre chinois des Affaires étrangères donne sa réponse avec une lettre au Secrétaire général des Nations unies pas pour dire Oui ou Merci, mais pour faire des mises au point, en garantie de sa dignité et de sa respectabilité. Qu’est-ce que l’Afrique espère obtenir des Nations unies sans poser un acte fort pour se faire respecter ? On a vu en Côte d’Ivoire un fonctionnaire des Nations unies se considérer au-dessus d’une Institution constitutionnelle de ce pays. Nous sommes entrés dans cette organisation en acceptant d’être des serfs et croire que nous serons invités à table pour manger avec les autres dans les plats que nous avons lavés est tout simplement crédule, pire, stupide. Quand l’Ua reconnaît la victoire de Ouattara sans même tenir compte des conclusions contraires de ses propres observateurs envoyés sur le terrain, juste pour faire plaisir à nos anciens maîtres, comment peut-on nous respecter ? Lorsque le président sud-africain Zuma déclare que Ouattara n’a pas gagné les élections et change à 180° disant le contraire après une petite visite de 8 heures à Paris, on peut se demander ce que valent ces dirigeants qui représentent et parlent au nom de 1 milliard d’Africains.

La force et la vraie liberté de l’Afrique viendront de sa capacité à poser des actes réfléchis et en assumer les conséquences. La dignité et la respectabilité ont un prix. Sommes-nous disposés à le payer ? Si non, notre place reste à la cuisine ou aux toilettes pour garantir le confort des autres. D’ici là, en Libye, les bombes qu’on nous décrit comme des rosiers qui tombent du ciel pour reboiser le désert libyen, sont françaises, américaines, britanniques, italiennes, canadiennes, norvégiennes, mais les victimes sont africaines, toutes africaines. Oui, c’est une guerre déclarée à tout le peuple africain, pas à un homme, pas à un pays.

Jean-Paul Pougala pougala@gmail.com

(*) Jean-Paul Pougala est un écrivain d’origine camerounaise, Directeur de l’Institut d’études géostratégiques et professeur de sociologie à l’Université de la Diplomatie de Genève en Suisse.

Valider les fraudes électorales en Afrique, un crime contre l’humanité

Personne ne s’attend à ce que les tyrans qui nous gouvernent ne quittent leurs « responsabilités de chef d’Etat » librement et démocratiquement. Ils sont arrivés au pouvoir par la fraude et le soutien de leurs maquereaux occidentaux, et se maintiennent au pouvoir par la violence et la répression. Ils ne connaissent donc pas d’autres langages que celui-là. Le goût très sucré de la mangeoire pour leur famille et leur clan ne peut d’ailleurs que les dissuader au quotidien d’abandonner le doux pouvoir.

Par conséquent, tous les moyens et subterfuges sont bons pour forcer le peuple à accepter, soit la monarchisation, soit la passation du pouvoir à l’intérieur du clan. Les contestations sont écrasées dans la répression avec la bénédiction des maquereaux, les leaders dérangeants assassinés. Cela fait 50 ans que ça dure.

« Comment peut-on organiser des élections, y participer et les perdre en Afrique ? » disait Omar Bongo.

Les pays de la communauté françafricaine usent d’une machine déjà parfaitement bien huilée depuis l’avènement des pseudo-indépendances, installée par un colonisateur qui avait bien l’intention de garder la main mise sur ses colonies afin de continuer à faire main basse sur des ressources naturelles devenues indispensables pour son fonctionnement. L’Occident est bel et bien obligé de piller là où il peut sinon il est mort. Un changement de conditions dans les contrats miniers provoquerait de grandes difficultés économiques en Europe. Quand on vous demande soudain d’acheter quelque chose que vous avez l’habitude depuis un demi-siècle d’obtenir avec d’énormes rabais, votre économie va forcément en souffrir. On peut donc comprendre l’acharnement occidental à vouloir préserver des conditions économiques garanties par les lascars que nous connaissons.

C’est ainsi que le gouvernement français se porte garant de résultats électoraux à la hauteur des espérances du « président » sortant, en échange de la bonne garde du pré-carré que tout le monde connaît. Les petites variantes locales viennent en tête de la parade en vue de la fraude électorale massive que nous connaissons dans les pays de la Françafrique, et qui se répète à chaque échéance électorale.  Nous nous préparons déjà à assister à plusieurs élections présidentielles en 2011, dont les vainqueurs sont certainement déjà connus au Quai d’Orsay à Paris.

Le premier petit moyen est la manipulation systématique du nombre des personnes qui auront le droit de déposer leur bulletin de vote. En République centrafricaine, Bozizé a décrété publiquement et devant les médias internationaux que le recensement du corps électoral  était un petit problème et qu’il peut se faire en un mois.  Or, malgré une population de 4 millions et de nombreux déplacés internes, ce n’est que des fabrications de listes électorales qui peuvent être produites en si peu de temps.

Ensuite, la manipulation de sous-préfets, préfets, chefs de village et maires de plusieurs préfectures  en province, ainsi que dans les faubourgs de la coquette capitale, a été largement constatée, et prouve largement les tentatives de malversation en termes de recensement électoral, et de listes parallèles et non conformes, donc illégales.  Ainsi l’établissement de la base même du processus, est sujet à des tentatives  systématique de sabotage, ce qui ne présage pas grand-chose de bon pour une suite transparente.

Au Cameroun, on trouvera la variante locale constituée par les chahutages continuels au sein d’Elecam. Les représentants locaux en charge des élections sont critiqués de manière véhémente, tant leur choix se dessine clairement dans une chronique de fraude massive annoncée. Les sous-préfets, favorables au parti au pouvoir, accusés de truquages des listes électorales et de falsification des procès-verbaux consignant les dépouillements des élections sont autant de signes que les élections seront tout sauf transparentes et démocratiques. Ceux qui vont dépouiller les bulletins de vote vont donc éliminer les bulletins qui disent NON, et brandir les bulletins qui disent OUI. Les fraudes se font au nez et à la barbe des citoyens.

Ce ne sont que des petits exemples de la falsification du droit de vote du peuple. Une fois de plus on ne pourra que constater l’échec du peuple dans sa volonté d’exercer son droit le plus fondamental, sa liberté de penser et de manifester son opinion. Or « un OUI n’a de sens que si celui qui le prononce, a la capacité de dire NON »,  disait Lamine Gueye.

Les Africains sont en droit de s’attendre à un recensement électoral fait ouvertement et dans les règles, par la voie officielle, et surtout sur toute l’étendue du territoire national, effectué par une commission électorale indépendante comme le stipule la loi constitutionnelle.  Les listes vérifiées et définitives sont les seules listes légales. Le peuple a le droit au respect de la loi garantie par la Constitution. Mais au fond en Afrique, une Constitution n’a qu’une valeur très limitée en comparaison avec la Constitution française par exemple.

Au terme des élections, la communauté internationale est sensée valider un résultat obtenu dans la transparence et la légalité. Mais l’opinion publique internationale est très silencieuse, inconsciente et désintéressée du sort des peuples africains. Le racisme institutionnalisé en Occident a bel et bien aidé à transformer le sort de l’Africain en détail de l’Histoire.

On sait que Biya passe le plus clair de son temps à l’Intercontinental de Genève en Suisse, et en Europe on se dit « et alors…. ». Les autorités suisses pourtant, dans l’acceptation de cette situation, se rendent coupables de recel et de blanchiment d’argent volé à autrui. Mais qui va sanctionner la Suisse? Qui va sanctionner la France dans son soutien systématique de la logistique civile et militaire des dictateurs-voleurs.

Qu’elle est loin cette misère et cette famine que les médias étalent. Le Darfour, l’Ethiopie, la Somalie, les rebellions et coups d’Etat chez feu Bokassa, le choléra au Cameroun, les guerres au Congo, et tant d’autres choses qui finalement se mélangent dans l’inconscience occidentale;  les gouvernements occidentaux profitent de l’ignorance et de l’indifférence générale pour valider l’inacceptable, et feignent l’ignorance des malversations malgré tous les cris de protestation des peuples qui ont été dépouillés de leur droit à la parole et à la respiration mentale.

Les pouvoirs occidentaux valident des pratiques qui ne pourraient jamais être validées en Europe, et c’est bien parce que ces pratiques en Afrique sont systématiquement  validées, qu’elles ont fini par constituer la normalité sans questionnement aucun. Une normalité profondément indécente et coupable.

En RCA, la communauté internationale a validé une élection présidentielle basée sur des inscriptions clandestines de citoyens par des chefs de village et des maires aux ordres des autorités du régime sur des cahiers d’écoliers, pour constituer des listes électorales parallèles et piratées. Ce sont pourtant des pratiques inacceptables. Et tout le monde le sait parfaitement. Les gouvernements occidentaux acceptent et valident.

En fin de compte, les commissions électorales deviennent des commissions auxquelles « on impose de fausses données  pour légitimer de faux résultats ».  De quoi valider largement un faux président à la même occasion !

Cette situation est inacceptable, et elle est à  prendre avec le plus grand des sérieux par une communauté internationale qui ne se cesse de déverser des milliards dans les poches des uns et des autres, fer de lance d’un colonialisme humanitaire rampant, renforçant ainsi le poids d’une dette imaginaire sur les frêles épaules d’un peuple qui n’a même jamais vu le capital. Les vraies questions de fond ne sont jamais posées.

La communauté internationale refuse de comprendre et d’accepter  que les peuples africains aspirent désespérément  à la paix et à des élections paisibles et correctement menées. Dans cette perspective, il serait hautement souhaitable que le déroulement du processus électoral soit mené dans la transparence et le sérieux, en laissant de côté les grossières manipulations. Il est également indispensable et normal que le scrutin exprime la libre expression du peuple, que le résultat soit crédible, et surtout acceptable avant d’être validé automatiquement par des puissances prédatrices qui ne voient que l’effet du scrutin sur les contrats miniers ou pétroliers dont ils se maintiennent bénéficiaires depuis 50 ans.

Ces procédés de manipulation des listes électorales sont donc répandus de façon institutionnalisée en Françafrique. Et ce n’est que la pointe de l’iceberg.  Nous ne parlons là que des fraudes pré-électorales. Les urnes bourrées ou brûlées, les intimidations et menaces envers les électeurs, la présence omniprésente des forces armées au moment du vote, le black-out communicationnel dans le pays, ainsi que les répressions dans le sang d’électeurs qui manifestent leur réprobation à la violence politique des autorités, ne sont qu’une faible image de la réalité du terrain. Les fraudes électorales sont massives à tous les niveaux, afin de garantir que le « bon candidat » sera bien le vainqueur.

En fin de compte, valider de tels résultats équivaut bel et bien à un crime contre l’Humanité.

Juliette Abandokwe

Source: http://www.leconfident.net

La France de Sarko ne supporte toujours pas l’Islam

La France, celle de Nicolas Sarkozy, est toujours encore hostile à l’Islam. Cette religion qui prône la paix, la tolérance et la solidarité. Etant ministre de l’Intérieur de la République française, il a posé des actes anti-islam. L’hostilité envers la religion des musulmans s’est accentuée avec son accession à la magistrature suprême. Ses partisans de la droite suivent le chemin qu’il a tracé et font dans des déclarations choc pour dénigrer une religion. Une religion que les autorités occidentales, surtout françaises, assimilent souvent au terrorisme musulman. Islam n’est islamisme. Et tout arabe n’est pas musulman. Ces amalgames devenus de fausses « vérités pour les « gaulois » de la France « pure », « conservatrice », « blanche » et « judéo-chrétienne » risquent de déstabiliser socialement l’Hexagone.

Après l’interdiction du voile dans les écoles et universités et de la burqa dans l’espace public, la France continue sa ridicule « croisade » contre la religion musulmane. Le virus « Sarkozy » a contaminé toute la droite française. Elle devenue plus extrême même que l’extrême droite. Et voilà Claude Guéant, tout nouveau ministre de l’Intérieur, qui entre dans la danse anti-islam et a envisagé, ce jeudi 24 mars, un élargissement de la loi sur le positionnement religieux dans les services public : «Les agents des services publics, évidemment, ne doivent pas porter des signes religieux ou manifester une quelconque préférence religieuse. Les usagers du service public ne doivent pas non plus. Par exemple, on sait qu’à l’hôpital il y un certain nombre de personnes qui refusent pour des femmes des soins prodigués par des hommes. Et bien écoutez, ce n’est pas admissible ». Cette déclaration maladroite de Guéant ne vise que l’Islam.

La gauche française n’a pas tardé à réagir à cette malencontreuse déclaration de Guéant. Le socialiste Arnaud Montebourg contre attaque et raisonne son adversaire politique : « Nous sommes dans un pays où la liberté de s’habiller, de croire en Dieu ou de ne pas croire est garantie par la Constitution. La France est ainsi. Et commencer à porter atteinte à la liberté aura des conséquences tout à fait sérieuses sur les guides religieux. Ce que je veux dire c’est est-ce qu’on va empêcher à un prêtre de porter la soutane dans la rue ? Une religieuse de porter la cornette ? Un bouddhiste d’être dans sa tenue de croyance ? Cela n’a aucun sens et nous savons bien que ça devient un pays d’intolérance. Je crois que nous avons des dirigeants qui, malheureusement, n’ont pas la stature de ce qu’une cinquième puissance mondiale comme la nôtre devait avoir. »

Cette déclaration a une autre interprétation chez l’extrême droite française. Marine Le Pen remet le ministre de l’Intérieur à sa petite place : « Monsieur Guéant ferait bien de s’atteler au travail pour lequel il a été nommé (…) plutôt que de tenter par des propos électoralistes, une nouvelle fois, de chercher à attirer des Français qui ne sont plus dupes de son petit manège.» Fidèle à la ligne de conduite tracée par son père, Le Pen fille invite Guéant sur un autre terrain pour tester sa « sa maigre compétence » dans l’anti-islam : « Il y a en France aujourd’hui des mosquées qui sont financées par des collectivités publiques en contradiction avec la loi de 1905. Que fait Monsieur Guéant ? Il y a des écoles publiques, laïques et républicaines où le porc est interdit à la cantine. Que fait Monsieur Guéant ?

Monsieur Guéant animera d’abord l’inutile débat sur la laïcité et l’Islam ! Monsieur Guéant fera encore voter des lois antimusulmanes tout en ignorant que la religion islamique fait partie maintenant de la France. Elle est une religion au même titre que le catholicisme et le judaïsme. C’est une réalité que ne saurait abolir ses détracteurs. Un fait que la droite française a du mal à accepter. Et malgré la batterie de lois adoptées au Palais Bourbon depuis 2007, cette religion musulmane ne s’éteindra pas et fera son petit bonhomme de chemin dans cette République de plus en plus intolérante !

Des lois déconsolidantes interdisant le port du voile dans l’espace scolaire et universitaire et de la burqa dans l’espace public ont été votées. Dans l’unique but d’imposer à des citoyens français des pratiques qui ne sont pas conformes avec les recommandations de leur religion. Malgré les sages remarques du Conseil Constitutionnel français sur la loi interdisant la burqa dans l’espace public, le président de la République française s’est entêté et a foncé tête baissée vers la promulgation de cette loi discriminatoire. Cette disposition ségrégationniste porte atteinte à la liberté confessionnelle de millions de Français. Aujourd’hui, dans l’Hexagone, les Français d’origine africaine, arabe et même ceux qui sont considérés comme Français « authentiques » pratiquent l’Islam. On ne peut pas clamer urbi et orbi « liberté, égalité et fraternité » et, en retour, priver à certains la liberté de pratiquer convenablement leur religion. Cette France intolérante, cette France de Sarko, n’est pas la vraie France. La vraie France, celle de Marianne, prône de réelles valeurs de Liberté, d’Egalité, de Fraternité.

[Thiedo], Leral.net

Libye : le piège de la liberté

Depuis l’éviction de Zine el-Abidine Ben Ali suite à une violente révolution de la jeunesse tunisienne, le Maghreb arabe est dans une situation d’ébullition totale. Cela est dû, dans une certaine mesure, à une situation de pauvreté et de précarité insupportable que les populations de ces pays vivent depuis des décennies en raison d’un accaparement total de toutes les richesses nationales entre les mains des élites dirigeantes. Ces soulèvements des peuples du Maghreb arabe contre leurs dirigeants rappellent le sens de ce célèbre proverbe arabe : « si un jour le peuple veut vivre, alors la nuit doit finir(…) ». Mais, il ne faut pas cependant perdre de vue que ce vent de besoin de liberté qui souffle depuis quelques mois dans ces pays n’est pas sans complicité de certains lobbys occidentaux tapis dans l’ombre.

En effet, autant on peut se réjouir des chutes de Ben Ali et de Mohammed Hosni Moubarak, autant on doit observer une certaine prudence face aux révoltes des peuples libyens et syriens. Ben Ali comme Moubarak ont tenu leurs populations d’une main de fer et ils on été aidés en cela par les pays occidentaux qui les considéraient comme des remparts contre la montée islamiste. Moubarak lui, a été non seulement un allié fidèle de l’occident, mais celui d’Israël aussi ; rappelons-nous le mur de fer qu’il a construit depuis 2009 sur le long de la frontière égyptienne avec la bande de Gaza. Moubarak est aussi le premier président arabe à reconnaître l’Etat d’Israël au détriment de la création d’un Etat palestinien libre et indépendant.

Pour la Libye, l’empressement avec lequel le gouvernement français a proposé la résolution 1973 des Nations Unies pour mener des frappes aériennes contre les forces de Kadhafi doit nous inciter à nous poser des questions. Pourtant, le président de ce même gouvernement français avait accueilli en 2007 à Paris, avec tous les honneurs, le guide de la révolution libyenne parce qu’en effet des promesses de contrats dans le domaine nucléaire et le militaire étaient en jeu ; et on sait bien que Kadhafi n’a donné aucune suite à ces promesses. Même si tout le monde est d’accord que Kadhafi n’est pas un exemple en matière de démocratie, des droits de l’homme et de la bonne gouvernance, néanmoins son peuple n’est pas le plus malheureux, si on fait la comparaison avec d’autres peuples d’Afrique du Nord ou d’Afrique noire. Kadhafi a quand même mis en place des infrastructures dans son pays comme l’affirme l’américain Louis Farrakhan dans une vidéo postée sur le site de seneweb.com : « Kadhafi a su utiliser l’argent du pétrole pour construire la Libye, pour découvrir de l’eau dans le désert du Sahara et la faire remonter à la surface pour la distribuer de Benghazi jusqu’au bord de la Tunisie, pour mettre en place des fermes dans le désert afin de nourrir sa population, pour construire des maison et des appartements pour son peuple, alors quelque chose se cache derrière cet acharnement de la France, de l’Angleterre, et des Etats-Unis contre Kadhafi (…) ». En outre, on nous parle de la défense du peuple Libyen les massacres de Kadhafi, je dis oui, mais pourquoi cette même volonté de défense ne s’est pas manifestée pour le peuple ivoirien que Laurent Gbagbo et ses mercenaires tuent depuis plus de quatre mois ? Pourquoi le sulfureux philosophe français, Bernard Henri Lévy, qui a influencé le président français, Nicolas Sarkozy pour proposer la résolution 1973 de l’ONU contre Kadhafi n’a pas fait la même chose quand les tanks israéliens massacrent le peuple de la Palestine ? Dans sa publication du jeudi 17 mars 2011 sur son Blog, Alain Gresh s’interroge sur l’activisme de Bernard-Henri Lévy « toujours prompt à prôner des expéditions militaires (surtout quand il se retrouve sur la tourelle d’un char israélien pour regarder l’écrasement de Gaza) ».

En ce qui concerne la situation en Syrie, même si on ne dispose pas encore d’éléments solides sur les vraies raisons du soulèvement du peuple, la même prudence doit être de mise car personne ne sait s’il y a des forces souterraines dont l’objectif est de déstabiliser le régime de Bachar al Assad en raison d’un danger imaginaire qu’il présenterait pour certains de ses voisins.

Cette affirmation de besoin de liberté peut être un piège si on considère l’exemple récent de l’Irak qui, depuis presque huit ans, est en situation de guerre permanente. De plus, la situation en Tunisie et en Egypte est toujours incertaine quand bien même on salue le départ de leurs présidents respectifs.

Les Libyens doivent donc faire attention au lendemain d’un départ ou d’une élimination de Kadhafi qui entraînerait une situation à l’irakienne.

Mor DIEYE

mordieye@voila.fr

Lybie : Ces assassins qui tuent pour du pétrole

Drôle d’intervention militaire, celle faite en Lybie par la coalition d’occidentaux avec à leur tête le turbulent Sarkozy qui s’est trouvé récemment des devoirs de défenseur de la veuve et de l’orphelin.

Voici un remake de l’invasion d’Irak de 2003 où quelques individus se lèvent gaillardement pour aller attaquer un pays au nom d’une certaine démocratie ; cela se faisant encore une fois sous commandement US, par l’intermédiaire de l’Otan,  cette fois ci avec l’armée française en première ligne.

Ces pantins coalisés devraient savoir que la démocratie ne s’exporte pas. Même s’ils n’ont jamais étudié la Politique Africaine, ils devraient au moins se référer à leurs propres histoires. Mais hélas, les gendarmes du monde ne veulent jamais aider aucun pays par le dialogue à devenir démocratique. La solution quand ça peut toujours les aider à avoir quelques barils de pétrole, c’est la guerre et rien que la guerre. Et ils se permettent au nom d’une résolution prise par eux d’attaquer un pays dont le dirigeant tuerait ses populations ; en moins d’une semaine d’opération, cette coalition  a déjà fait bombarder maintes fois des civils, ceci n’est-il pas un crime contre l’humanité ?

Tout en clamant à qui veut l’entendre qu’on est contre les rebellions armées, on encourage celle de Lybie que la France a pris le soin d’armer. Cette coalition avec à sa tête la France qui par ailleurs a aboli la peine de mort chez elle en 1981 parle ouvertement de tuer Kadhafi et les tirs à Tripoli en disent long sur leurs intentions. Pétrole quand tu nous tiens !

Quand Israël bafoue les résolutions du conseil de sécurité de l’Onu et fait bombarder le peuple palestinien, procède à des assassinats ciblés, les nouveaux gendarmes du monde ne se préoccupent guère.

Mais si l’Europe et les Etats Unis voulaient être un peu plus cohérents envers eux-mêmes, ils auraient attaqués depuis le régime saoudien qui est de loin le régime le plus despotique de tout le moyen orient.  On ferme les yeux parceque le pétrole saoudien leur est offert gracieusement.

Ce n’est sûrement pas en remplaçant Kadhafi par un roitelet pro-occidental que le peuple libyen se portera mieux, ça le peuple libyen devrait le comprendre.

Même si on peut trouver à dire sur le bilan politique de Kadhafi qui à cause de l’embargo n’a pu procéder réellement à une ouverture de son régime sinon il aurait coulé depuis les années 90, il n’y a rien à dire sur le plan économique et social car les Libyens vivent de loin mieux que tous les autres Africains et même mieux que les français. Pour Kadhafi, seul le socialisme pourrait sortir les peuples de la misère et il s’est évertué à pratiquer le socialisme intégral et a procédé à une prospérité partagée ; même si ce groupe de mots est galvaudé depuis un temps au Bénin.

Au-delà de cette attaque insidieuse contre la Lybie, c’est une insulte faite à tout un continent qui a toujours raté les grands rendez-vous au cours desquels il devrait prendre son destin en mains et se présenter comme une puissance incontournable et respectable. Mais hélas !

Kadhafi a toujours appelé les autres Etats Africains à s’unir pour former les Etats Unis d’Afrique, renforcer leurs autorités, parler d’une seule voix pour combattre l’impérialisme occidental.

Au moment où le Japon demande l’aide de la communauté internationale, cette dernière semble plus préoccuper par le pétrole libyen et les juteux contrats de reconstruction du pays puisqu’ils détruisent toutes les infrastructures du pays et reviendront en sapeurs pompiers pour les reconstruire. Le porte avions charles de gaulle revient à 50.000 euros de l’heure une bombe 350.000 euros pièces et ainsi de suite pour un pays qui dit ne pas avoir d’argent pour ses institutions, les retraites et la sécurité, il en trouve assez pour une invasion militaire.

aymard

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