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« Le trafic de drogue en Afghanistan est assuré par des militaires américains », dixit Alain Chouet

Alain Chouet, ancien patron du contre espionnage français : « Le trafic de drogue en Afghanistan est assuré par des militaires américains »

C’est un ouvrage particulièrement dense que nous livre Alain Chouet, ancien chef de service de sécurité à la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), interviewé par Jean Guisnel, journaliste au Point, spécialiste des questions militaires.

« Au cœur des services spéciaux » (*) ne se contente pas de mettre les pieds dans les plats. L’ouvrage piétine carrément certains plats, notamment en ce qui concerne le printemps arabe.

Oussama Ben Laden a été tué à Abbottabad, au Pakistan. Alain Chouet prend plaisir à rappeler qu’il s’agit d’un centre de vacances de l’armée, avec ses hôtels et son golf, où « tout le monde se connaît », Abbottabad étant réservé aux gradés pakistanais et à leurs familles. Que faut-il en déduire ? Qu’Oussama Ben Laden était gardé bien au frais par le régime d’Islamabad depuis des années.

Pourquoi a-t-il été éliminé en 2011 ? Barak Obama, plus éclairé que son prédécesseur, a compris que le fondateur d’Al-Qaida ne servait plus à rien. L’intervention occidentale en Afghanistan depuis 2001 est un échec total. Comme les taliban vont de toute façon revenir au pouvoir à Kaboul, autant faire croire qu’on les invite à la table des négociations, maintenant qu’ils ne sont plus associés à des « terroristes internationaux ». Et politiquement, Obama a gagné des points pour sa réélection en 2012.

80 à 90 % de la morphine base

L’ancien responsable de la DGSE rappelle qu’en 2002, l’Occident a mis sciemment en place en Afghanistan un gouvernement fantoche et mafieux, avec à sa tête, Hamid Karsai, le plus minable des « parrains ». Les chefs de bandes afghans se sont ensuite répartis « les rentes du pouvoir, les revenus du pavot, la manne de l’aide internationale ». Pour rappel, 80 à 90 % de la morphine base mondiale provient d’Afghanistan.

Le plus compliqué n’est pas de produire de l’opium, mais de l’exporter vers les consommateurs, sachant que l’Afghanistan n’a pas de débouché maritime. Contrairement à ce que croit l’opinion publique, la drogue ne rejoint pas l’Europe et les Etats-Unis par des routes défoncées et de vieux rafiots rouillés, mais par les voies aériennes, les gros porteurs de l’armée américaine. Et celle-ci contrôle tous les aérodromes du pays…

L’ancien chef du renseignement de sécurité ne dit pas que c’est l’armée américaine qui assure le trafic. Mais plus sûrement des militaires, qui arrondissent ainsi leurs soldes, et surtout les mercenaires engagés dans les sociétés militaires privées « pour assurer des tâches de logistique, d’intendance, de transport et même d’engagement opérationnel ».

Pression sur les armées

Les chapitres consacrés au « printemps » arabe risquent de faire grincer quelques mâchoires. « Les Arabes et les musulmans sont comme tout le monde, ils préfèrent la démocratie et la liberté à la dictature et à la répression », insiste Alain Chouet, soulignant que les habitants du Nord de l’Afrique n’ont pas attendu 2011 pour se révolter. Il y a eu des émeutes et des manifestations en Tunisie en 1969, 1978, 1980, 1984, 2000, en Egypte en 1968, 1977, 1986, 1987, 1995. Et qu’en Libye, les tentatives de coups d’Etat militaires contre Kadhafi « étaient quasiment mensuelles pendant la décennie 1980 ».

Seulement voilà, l’Occident ne s’en préoccupait pas et les médias n’en parlaient guère. Qu’est-ce qui a changé cette année ? Non seulement l’Europe et les Etats-Unis se sont intéressés à la contestation dans le monde arabe, mais ils sont intervenus… indirectement. Du moins en Tunisie et en Egypte, en faisant pression pour que les armées ne jouent plus leur rôle traditionnel de répression.

Visées sur la Cyrénaïque

Au lieu de jeter les dictateurs dehors en envoyant des soldats américains, comme George Bush en Afghanistan et en Irak, Barak Obama préfère faire jeter aux orties les dictateurs « par leur propre armée », assure l’ancien responsable des services spéciaux français. Pessimiste en ce qui concerne la Tunisie, très pessimiste pour l’Egypte, Alain Chouet est carrément alarmiste quant au devenir de la Libye.

Il souligne que la révolte a débuté le 15 février en Cyrénaïque, dans la région de Benghazi, « avec l’apparition brutale de civils armés ». Or, curieusement, les observateurs étrangers ne se sont pas demandés comment des centaines d’hommes sont apparus « armés de canons B7 et B10 sans recul, de canons bitubes anti-aériens, des mitrailleuses de 500 et 800, des lance-roquettes individuels ».

L’auteur de « Au cœur des services spéciaux » n’exclut pas que le haut commandement égyptien ait pu recevoir la promesse de la part des Américains que la Cyrénaïque, riche en pétrole, soit un jour rattachée à l’Egypte, surpeuplée, et qui manque cruellement de ressources.

(*) Alain Chouet, entretiens avec Jean Guisnel « Au cœur des services spéciaux. La menace islamiste : fausses pistes et vrais dangers »  Edition La Découverte, 301 pages

D’autres textes à lire/relire, des analyses audio/vidéo à consulter

site personnel d’Alain Chouet

Areva/Niger – RFI, septembre 2010 (podcast)

L’Afrique est-elle contaminée par l’Islam radical ? –RFI, août 2010

La Qaïda est morte sur le plan opérationnel – oumma.com, mars 2010
Al-Qaïda, Arabie Saoudite, États-Unis, Frères musulmans, Afghanistan, Tariq Ramadan, Moyen-Orient

Le Moyen-Orient à l’heure nucléaire – Sénat, colloque janvier 2010 (vidéo)

Afghanistan, le désert des Tartares ? – Revue Marine, septembre 2009
« On peut tout faire avec une baïonnette, sauf s’asseoir dessus »

Les Vrais Chefs d’Al Qaïda se trouvent dans l’Empire

Il me semble que pour bien comprendre la « tragédie » qui se joue en Libye, il faut partir de l’objectif initial de cette intervention qui bien entendu n’a rien à voir avec la « démocratie ». Il y a la volonté d ‘accaparement des avoirs et des ressources, mais je crois que les choses vont bien au delà et sont bien plus graves.

Le président américain Barack Obama en visite dans la communauté juive

L’objectif était la dislocation d’une Nation et d’un État souverain pour en faire la proie de bandes armées et de chefs de guerre et devenir un foyer de déstabilisation de toute la région. Compte tenu de la configuration politique et géographique de la région, l’intrusion des bandes armées n’a pu se faire qu’avec la complicité des généraux égyptiens sous le contrôle direct des « puissances occidentales » et de leurs services de renseignement.

Pour la première fois et le fait est important, les groupes terroristes salafistes combattent ouvertement sous les ordres d’Obama; après la mort de Ben Laden, il apparaît ouvertement que les véritables chefs d’« Al Qaïda » se trouvent à la « Maison Blanche » et au « Pentagone »; c’est toute une longue période de l’histoire de cette « organisation criminelle » qui s’achève et une autre qui commence, celle où les masques tombent.

Il faut accorder la plus grande importance au fait qu’en Syrie la même stratégie d’infiltration de groupes terroristes a été mise en œuvre dans le but d’exploser le pays entre ses différentes composantes ethniques et religieuses. Si les sbires « salafistes » constituent la piétaille et la chair à canon des Vendées arabes, ils ne disposent ni de la base sociale ni de l’enracinement leur permettant de jouer le moindre rôle politique.

Regardons vers Damas. Le Caire ou Benghazi, nous voyons que la confrérie des Frères musulmans a mis toute sa puissance sociale et tous ses réseaux d’influence au service des plans de l’« impérialisme », dont cette organisation est l’une des plus anciennes créations. Ses plus hauts responsables multiplient les rencontres, sont de toutes les réunions, à Washington, à Paris ou à Antalya, partout où les chefs politiques et militaires de l’« OTAN » planifient la destruction, le pillage et la guerre contre les Nations.

Il y a pourtant un fait politique majeur qui a une profonde signification pour tous les peuples du monde, pour tous les hommes de bonne volonté, pour tous ceux qui sont amis de la paix, ces plans de mort et de destruction sont partout mis en échec et se heurtent à la volonté farouche de résistance des peuples. Beaucoup éprouvent un sentiment justifié de nausée devant le déchaînement de la propagande et des mensonges sur la situation en Libye et le silence sur la déroute politique et militaire des prétendus rebelles, mais le plus important est la signification politique profonde de ces mensonges et de ce silence.

Des profitos comme BHL et des nains politiques comme Sarkozy ont beau plastronner, ils ont perdu leur guerre des lâches, la Libye est toujours debout et vivante et leur « CNT » est aujourd’hui comme un corps étranger que tout un peuple est en train de vomir et de rejeter. Il ne faut pas que le monde apprenne et sache que malgré les bombardements de terreur, la souffrance des populations livrées à des bandes terroristes, la coalition vient de subir un échec militaire et politique dont l’onde de choc va se répandre jusqu’à à Bagdad et Kaboul.

Il ne faut pas que le monde sache que dans aucun des pays de la coalition les gouvernements sont capables de réunir le consensus et les conditions politiques qui leur permettraient l’envoi de milliers de soldats pour des combats au sol. Partout, à Washington, à Londres ou à Paris, ils craignent la colère et la mobilisation des peuples contre la guerre. Lequel de ces gouvernements oserait se lancer dans un affrontement au corps à corps contre la population insurgée et les combattants défendant Tripoli, au prix de milliers de morts dans leurs rangs.

C’est une mauvaise nouvelle pour les « maîtres du monde », mais pour gagner une guerre il faut parfois affronter des hommes courageux et capables de se défendre, il faut parfois affronter les couteaux, les fusils et les grenades et cela fait beaucoup plus de morts, des images plus atroces et des communiqués moins triomphants que des bombes larguées à 6000 m d’altitude.

Chacun peut faire semblant de ne pas comprendre la signification réelle des évènements en cours et pourtant il y a bel et bien une crise majeure qui déchire les sommets des grandes puissances et des plus petites. Quoi de plus ridicule et dérisoire que d’entendre un Baroin intervenir pour calmer les marchés, un homme dont strictement personne dans ce pays et probablement à la « Maison Blanche » ne sait au juste de quoi il est ministre. Les commentateurs ont été bien injustes avec les agences de notation, pour une fois qu’elles disaient la vérité, mais il est sans doute des vérités qui ne doivent pas tomber dans toutes les oreilles, les peuples ont beau être stupides, ils finissent toujours par comprendre.

« Standard and Poor’s » l’a pourtant clairement indiqué dans son communiqué, l’abaissement de la note des États-Unis est motivé par un doute politique sur la capacité de l’« Administration Obama » a imposé la politique de réduction des déficits publics. Les pires canailles n’en sont pas moins hommes et leur excès de pudeur nous contraint à un petit travail de traduction en langage simple et compréhensible par tous. Le « Congrès américain » vient d’adopter un plan de réduction des déficits publics qui est une déclaration de guerre adressée au peuple américain par les « Républicains » qui n’en sont plus et les « Démocrates » qui ne l’ont jamais été.

Ce sont toutes les conditions d’existence, toutes les garanties d’une vie à peu près décente et normale qui vont être pulvérisées, des millions de familles qui vont rejoindre les 14 millions d’américains déjà chassés de leurs maisons, salaires, protection sociale, écoles publiques, tout est menacé, tout est condamné. Tous, « Républicains » ou démocrates, se posent la même question qui sous une autre forme se pose dans tous les pays d’Europe ; comment se préparer au choc inévitable avec la colère et la « révolte sociale » de millions et de millions, d’hommes et de femmes, comment affronter ceux qui ne voudront pas sacrifier leurs familles ou l’avenir de leurs enfants pour sauver les banques et les marchés financiers.

Autour de la nébuleuse que l’on appelle le « Tea Party », une fraction importante des classes dirigeantes se dispose pour la guerre civile et pour l’affrontement brutal avec les travailleurs et les syndicats, pour la première fois se constitue aux États-Unis et au sein même de l’un des 2 grands partis institutionnels, l’embryon d’un parti de type « fasciste ».

La complexité et la difficulté de la position d’Obama tiennent à la nature même du « Parti Démocrate » et de ses liens avec l’« AFL CIO », la grande centrale syndicale américaine. Sur le plan personnel, il est certain que lui et les dirigeants de son « Parti » n’auraient aucune hésitation à plonger des millions d’hommes dans la déchéance, ce qu’il ont largement commencé à faire.

L’opposition à Obama ne se trouve pas au sein du « Parti Démocrate », l’opposition à Obama, ce sont les millions de syndiqués qui cherchent la voie de la rupture avec le « Parti Démocrate », ce sont les responsables syndicaux, y compris au plus haut niveau qui ne supportent plus la soumission imposée au mouvement syndical. Les millions qui ont porté Obama au pouvoir, les militants des organisations noires, les militants pour les Droits civiques et contre la guerre, c’est avec ceux-là qu’a commencé un choc frontal avec la politique d’Obama.

Tout ce qui fondait le « conservatisme » politique du peuple américain, son attachement à l’« American way of life », sa croyance au rêve américain, son attachement à ses « institutions démocratiques », tout ce fatras confus d’illusions va se heurter avec la plus grande violence à la politique brutale des fossoyeurs de l’Amérique. Le drapeau levé par Jefferson, son héritage, celui de Lincoln et de Martin Luther King, seuls les travailleurs américains sont aujourd’hui dignes de les recevoir et capable de les défendre.

Dans des conditions terriblement difficiles, face à toutes les formes de la ruse et de la violence que les classes dirigeantes n’hésiteront pas à employer, des millions d’hommes s’éveillent à la conscience politique, c’est cela la grande nouvelle de notre temps. Nous pourrions prendre de multiples exemples de cette situation politique nouvelle qui sera de plus en plus marquée par la marche au chaos et des provocations sanglantes qui vont se multiplier pour terroriser les peuples et les faire reculer.

Le « 11 Septembre » n’a pas été suffisant et le Diable prépare sûrement une nouvelle tragédie a une échelle que le monde n’a sans doute jamais connue d’une ampleur telle qu’elle puisse justifier toutes les attaques contre la démocratie, toutes les mesures d’exception. Il suffira d’attendre ; dans le crime, ces barbares ne nous ont jamais déçus.

J’ignore si comme le dit la « Bible », les israélites sont le peuple élu et Jérusalem est au centre du monde, mais c’est ici et dans cette région d’Israël, dans ce vieux foyer de civilisation plusieurs fois millénaire que va se jouer une grande partie du destin de notre monde et les exécutants sont les occidentaux. Le mouvement en cours en Israël est pour beaucoup, une découverte de ce qui est pourtant une évidence, il y a dans ce petit pays, comme dans tous les pays du monde, des exploiteurs et des exploités dont les intérêts sont inconciliables.

Comme partout dans le monde, un groupe de « capitalistes » s’est accaparé la richesse nationale réduisant la population à la misère sociale. (…) Dans cette situation dangereuse, fluctuante et menaçante, la « puissance sociale » des travailleurs et des peuples du monde est la seule garantie contre le chaos et la barbarie qui vont surgir, cette « puissance sociale » qui leur tient encore la peur au ventre, malgré ce qu’ils en disent et l’« arrogance » et la « morgue » qu’ils affichent aux autres.

Auteur :Rakosky

Aïcha Kadhafi : Al-Qaïda est le principal ennemi de mon père mais qui est Obama ?

«Les rebelles en Libye sont directement liés à Al-Qaïda. Il est assez étrange d’observer que le président américain, Barack Hussein Obama, apporte son soutien à ces terroristes islamiques comme il le fit en Tunisie, en Egypte, au Yémen et en Syrie. Il est prouvé maintenant que, Al-Qaïda est le principal ennemi de mon père. Ma question est de savoir pourquoi Barack Obama soutien Al-Qaïda ? Quelle est son identité cachée ? Quel est son programme ? Comme la défaite d’Obama à la prochaine élection présidentielle est inévitable, il ne conspire-t-il pas pour créer un certain nombre de pays sous le joug d’ « Al-Qaïda dans le monde arabe ? » Aïcha Kadhafi a rajouté :

«Même si mon père et mes frères sont martyrisés, je vais continuer mon combat contre les terroristes islamistes en Libye. Bientôt, je vais apparaître dans les médias pour annoncer la lutte contre les terroristes et Al-Qaïda en Libye, ainsi que dans d’autres pays dans le monde. Que les Occidentaux et leurs mercenaires prennent note, Aîcha Kadhafi ne pliera jamais devant leur conspiration du mal. Je porte le sang d’un père héroïque et jamais dans la vie, je n’ai jamais appris à me rendre. L’OTAN et les assassins occidentaux ont tué mon mari et mon enfant. Mais ils doivent savoir maintenant que, Aïcha Kadhafi est un soldat. Même au prix de ma propre vie, je vais libérer mon pays des griffes des terroristes islamiques et Al Qaïda. »

En réponse à la question, qu’est-ce qu’ils vont faire, si l’Algérie décide de refuser leur exil, elle a déclaré : «Un certain nombre de pays arabes ainsi que les nations africaines sont prêts à nous accorder l’asile. Il y a également un signal positif du président vénézuélien Hugo Chavez. Quelles que soient ce que les terroristes islamistes en Libye peuvent penser, le monde n’oubliera pas et abandonnera pas Mouammar Kadhafi. Nous avons de nombreux endroits pour vivre. Mais, nous ne pourrons pas rester hors de Libye pour longtemps. InchaAllah (si Dieu le veut), nous reviendrons en Libye bientôt, et libérerons le pays. « Aïcha Kadhafi a enfin déclaré, lors de la prière de l’Aïd, que dans un certain nombre de nations musulmanes, des prières spéciales ont été offertes pour Mouammar Kadhafi et sa famille.

Source en anglais :Weeklyblitz.net

Le jihadisme en Libye : un intérêt stratégique pour Al-Qaïda

Al-Qaïda (AQ) a un intérêt stratégique en Libye qui remonte au début des années 1990. Ayman Al-Zawahiri, principal stratège d’AQ et aujourd’hui son leader, voit la création d’une aile active d’AQ en Libye comme un objectif régional-clé. Il ne considère pas la Libye comme une fin en soi mais comme un endroit sûr à partir duquel AQ peut se propager en Algérie voisine, en Égypte et dans les États sahélo-sahéliens.

En effet, le successeur de Ben Laden Zawahirii considère, particulièrement la Libye comme une base arrière potentielle de l’Égypte considérée elle-même comme la clé du monde arabe. Durant les années 1990 et début des années 2000, Zawahiri a essayé de persuader le Groupe islamique combattant libyen (GICL) de s’allier officiellement à AQ pour le lancement d’une guerre plus vaste contre l’Occident.

Le GICL avait rejeté cette offre et a souhaité se concentrer uniquement sur la création d’un “État islamique” en Libye. Ce refus a poussé Zawahiri à tenter de saper la réconciliation, alors en cours, entre le GICL et le régime libyen. Il a, alors, promu Abu Yahya Al-Libi, ancien membre du GICL à un poste important au sein d’AQ et a cherché à présenter cela comme une alliance formelle du GICL à AQ dans une tentative de saper les négociations du GICL avec le régime libyen. Après l’échec des tentatives d’AQ de coopter le GICL, elle a été incapable d’établir une présence réelle en Libye en raison, en grande partie, des mécanismes de répression du régime de Kadhafi et n’a donc pas pu avoir des agents actifs en Libye.

Al-Qaïda Centrale et la Libye

Pour surmonter ce déficit, AQ a publié ces derniers mois un certain nombre de déclarations sur les évènements en Libye afin d’inspirer directement les libyens à créer leur propre version locale d’AQ ; comme par exemple la déclaration du 16 Février publiée par Cheikh Atiyyatullah, un membre libyen d’AQ depuis 1989, basé dans la région de l’Afghanistan-Pakistan par laquelle il laisse entendre que les dernières révoltes dans les pays de l’Afrique du Nord sont l’œuvre d’AQ. Dans cette déclaration, il a également salué les révoltes et les a qualifiées de “tournant décisif dans l’histoire de la région” et a dénoncé les anciens gouvernements en les fustigeant de Taghut (tyran) et décrivant Kadhafi comme “ce mal taghut fou”. Il est très fort probable que le nouveau leader d’AQ, Al-Zawahiri, continue à tenter d’utiliser l’intervention de la communauté internationale en Libye pour inspirer la création d’une branche autochtone libyenne d’Al-Qaïda.

D’ailleurs, AQ à essayé, particulièrement, de présenter le Conseil national de transition de Benghazi et les frappes aériennes de la coalition internationale, comme faisant partie d’un complot occidental contre l’Islam, tout en continuant à qualifier Kadhafi de tyran anti-islamique.

AQ tentera de se positionner comme le seul choix viable pour les Libyens qui s’opposent à la dictature de Kadhafi mais qui refusent l’occupation occidentale de la Libye. Par conséquent, la Libye est importante pour AQ d’Al-Zawahiri à double titre ; comme outil de recrutement et comme opportunité à mettre en place une nouvelle base régionale.

Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi)

Face à l’échec de Zawahiri, alors n°2 d’AQ, d’allier le GICL à AQ et l’incapacité de cette dernière à opérer directement en Libye, elle considère Aqmi, comme sa franchise régionale. Cette dernière, bien que dirigée par l’Algérie au départ et témoigne de ses origines autochtones dans les groupes jihadistes algériens, elle a progressivement inclus des Libyens ; environ 40 Libyens ont rejoint Aqmi durant les trois dernières années. Bien qu’Aqmi ait un degré d’indépendance par rapport à AQ centrale, elle ne pouvait fonctionner en Libye sans l’autorisation expresse de Zawahiri, qui l’a convaincu que le régime de Kadhafi était si fort que toutes les opérations seraient vaines jusqu’à ce que le régime ait montré des signes d’affaiblissement. La décision de se désengager de la Libye et le retrait de l’Algérie ont poussé Aqmi à se replier dans la région du Sahel pour s’y regrouper et attendre le moment propice pour revenir en Algérie et en Libye. Cette démarche a conduit Aqmi à se baser dans les régions du nord du Niger et du Mali où elle s’est intégrée profondément au sein de la société locale. Tirant profit des erreurs des précédents jihadistes, en Irak, au Kurdistan, en Afghanistan et ailleurs, Aqmi a consacré beaucoup d’efforts dans le maintien des bonnes relations avec la population locale et n’a pas cherché à contester les pratiques islamiques locales et a également créé de solides alliances avec les tribus locales par des mariages et s’est surtout abstenu de viser les forces de sécurité nationale afin de ne pas provoquer une contre-réaction locale. Elle a réussi à devenir financièrement indépendante en s’impliquant dans le trafic de drogue et la contrebande d’armes, et l’enlèvement d’Occidentaux et les rançonnages. Après les soulèvements du “Printemps arabe”, Aqmi a décidé qu’il était temps de fonctionner à nouveau en Libye où le régime est devenu plus affaibli. C’est pourquoi, au début de janvier dernier, Aqmi a commencé à se déplacer activement en Libye.

D’ailleurs à ce moment, deux membres libyens d’Aqmi ont quitté leurs bases dans le nord du Mali et sont entrés en Libye via le sud de l’Algérie. Arrivés le 15 janvier à Ghat, ville déserte à l’extrême sud-ouest de la Libye, ils ont été impliqués dans une fusillade avec les forces locales de sécurité libyenne tuant un policier avant d’être eux-mêmes tués. Il s’agit là de la première opération armée connue d’Aqmi en Libye.

À la suite du soulèvement contre Kadhafi, Aqmi a encore intensifié ses tentatives de se déplacer activement en Libye et utilise pour cela des vidéos de propagande comme par exemple l’envoi de quatre jeeps chargées d’armes en Libye ou bien la déclaration vidéo de Cheikh Abu Moussab Abdel Wadoud, le chef d’Aqmi, saluant chaleureusement les rebelles libyens critiquant et traitant Kadhafi de “pharaon de la Libye et dénonçant l’intervention étrangère la qualifiant de “croisades modernes”. Il est quasi certain qu’Aqmi continue à considérer l’instabilité en Libye comme une opportunité pour faire passer ses agents dans le pays.

Le Groupe islamique combattant Libyen (GICL)

Au milieu des années 1990, le GICL a été l’une des plus grandes organisations jihadistes arabes connues et la plus organisée. Elle comptait plus de 1 000 membres actifs, des camps d’entraînement en Afghanistan, et un réseau complexe de partisans et des collecteurs de fonds en Libye, au Moyen-Orient et en Europe. Contrairement à AQ, le GICL a largement rejeté le concept du jihad mondial et s’est principalement concentré sur comment renverser Kadhafi et créer un “État islamique” en Libye. Au début des années 2000, le mouvement a largement été écrasé, ce qui a conduit sa direction, pour la plupart emprisonnés, à entamer à partir de 2007 un processus de réconciliation avec le régime libyen.

Avec la promesse du régime libyen d’aller vers une transition graduelle et vers la démocratie, le GICL avait renoncé à la violence et à l’idée de renverser le gouvernement libyen et avait promis de participer à la politique à travers des processus pacifiques. Le régime libyen a alors libéré plus de 700 membres présumés du GICL. En réalité, seuls quelques centaines d’entre eux étaient membres du GICL, beaucoup d’autres n’étaient que des islamistes ordinaires ou de Libyens qui avaient cherché à rejoindre le jihad en Irak.

Avec le processus de réconciliation, le GICL s’est effectivement dissout mi-2009. C’est sur cette base que Kadhafi cherche aujourd’hui une alliance avec les jihadistes libyens. Cependant, même si officiellement le GICL n’existe plus en tant qu’organisation, certains de ses membres ont profité du chaos de ces derniers mois en Libye pour former une nouvelle organisation politique, Al-Haraka Al-Islamiya Lil Taghier (Mouvement islamique pour le changement) dont le porte-parole est un ancien membre du GICL basé à Londres. Celui-ci a exprimé sur la chaîne de TV Al-Jeezira son soutien à une intervention internationale pour éliminer Kadhafi et, selon certaines informations, il aurait des opinions favorables à l’égard de Mohammed Abdul Jalil, le chef du Conseil national de transition à Benghazi.

Par ailleurs, et selon certains renseignements, il existe l’implication active d’anciens membres du GICL dans la lutte contre Kadhafi. L’un des vétérans du GICL, Khalid Al-Tagdi, a même été tué le 2 mars 2011 à Brega, d’autres membres auraient été capturés par les forces de Kadhafi en combattant pour l’opposition. Cependant, et selon ma lecture, même s’il existe un risque que certains membres du GICL vont recourir à la violence pour renverser le régime de Kadhafi dans l’espoir d’établir un gouvernement islamiste, il est peu probable que cela prenne la forme de militantisme antioccidental. La plupart des membres de l’ex-GICL sont en faveur du Conseil national de transition de Benghazi.

Les jihadistes indépendants

La Libye a, en plus des groupes jihadistes organisés, produit un grand nombre de salafistes jihadistes indépendants qui ont adopté la violence islamiste, indépendamment de toute organisation formelle. La ville de Darna, à l’est de la Libye, actuellement entre les mains de l’opposition, est connue pour être un centre du jihadisme spontanée. Le GICL avait trouvé, début des années 1990, les gens de Darna exceptionnellement réceptifs à la propagande jihadiste et y avait recruté beaucoup plus de personnes que n’importe quelle autre ville en Libye. Il est difficile d’expliquer ce fait alors que Darna est une ville relativement prospère et considérée comme l’une des moins conservatrices. Entre 2003 et 2010, de nombreux Libyens se sont engagés dans le jihad en Irak et en Afghanistan.

A leur retour, plusieurs centaines ont été arrêtés par les services de sécurité libyens. Presque tous ont été relâchés plus tard à la condition d’accepter les principes fondamentaux de l’initiative de réconciliation GICL et rejeter l’utilisation de la violence contre le régime de Kadhafi.

De mon point de vue, la communauté internationale doit rester attentive à la menace d’activités jihadistes en Libye pour deux raisons : l’intervention militaire internationale en Libye donne aux groupes comme AQ de nouvelles possibilités de se présenter comme le défenseur des musulmans contre l’agression occidentale ; – la ventilation dans le contrôle du gouvernement libyen sur une grande partie de la Libye, combinée à la poursuite des combats dans de nombreuses régions du pays, donne aux jihadistes et islamistes extrémistes, une étendue plus que jamais d’opérer en Libye.

Arslan Chikhaoui

Expert en stratégie, et membre du Conseil d’experts du World Economic Forum sur le terrorisme, du Forum Défense et Sécurité de Londres et du NSA Center for Stategic Studies de Washington

Etats-Unis : Barack Obama annonce la mort d’Oussama Ben Laden

Le président américain, Barack Obama, a annoncé tard dimanche soir la nouvelle la plus attendue par les Américains depuis le 11 septembre 2001 : la mort d’Oussama ben Laden, le terroriste le plus recherché au monde et cerveau présumé des attentats du 11 septembre 2001.

La fébrilité a rapidement envahi les médias américains, lorsque la Maison-Blanche a annoncé que le président Obama allait s’adresser exceptionnellement à la nation pour des raisons de sécurité nationale. Une adresse à la nation, un dimanche soir et avec peu de préavis, a été interprétée comme le signe d’une annonce de la plus haute importance.

Plusieurs ont alors suspecté que le président démocrate allait annoncer la mort ou la capture du chef d’Al-Qaida. Des confirmations de source anonyme ont afflué sur la Toile en quelques minutes. Tous les analystes et correspondants politiques de Washington étaient sur le pied d’alerte.

La nouvelle a aussitôt entraîné son lot de réactions chez les Américains. Avant même l’allocution du président en direct de la Maison-Blanche, des Américains se sont regroupés devant le mythique immeuble de Washington pour entonner l’hymne national.

Au bout de quelques minutes, le réseau de télévision CNN et le prestigieux quotidien The New York Times ont annoncé que les États-Unis avaient retrouvé le corps d’Oussama ben Laden. Peu de détails sur les circonstances de sa mort ont toutefois été révélés. Selon CNN, le terroriste aurait été tué près d’Islamabad, au Pakistan.

Barack Obama a finalement confirmé la nouvelle au peuple américain vers 23h35.

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, Oussama ben Laden est sans contredit l’homme le plus recherché des États-Unis. Une récompense de 25 millions $ pour toute information menant à sa capture avait même été lancée sous la présidence de George W. Bush.

Des informations ont circulé pendant près d’une décennie sur la localisation exacte du fugitif, qui aurait erré notamment dans les montagnes du Pakistan.

Oussama ben Laden, né le 10 mars 1957 à Riyad en Arabie saoudite, est considéré comme la tête dirigeante du réseau jihadiste Al-Qaida.

Selon les États-Unis, l’homme serait le grand architecte et commanditaire des attentats du 11 septembre 2001.

Conséquences notoires

La mort d’Oussama ben Laden aura sans aucun doute des conséquences notoires sur la politique étrangère américaine et influencera plusieurs conflits dans le monde. Le culte voué par certains groupes terroristes à Oussama ben Laden a alimenté de nombreux conflits depuis 2001.

La chasse à ben Laden, amorcée par l’ancien président américain George W. Bush, a été le fer de lance de la politique extérieure des États-Unis dans la première décennie du nouveau millénaire.

Dans les sphères économiques, la simple évocation de la mort de ben Laden s’est fait ressentir. Tard en soirée, le dollar a aussitôt grimpé face à l’euro, et ce, avant même la confirmation du décès par le président américain, Barack Obama

amuel Auger

source le soleil canada via cyberpresse.ca