Le Blog de Aymard

La liberté d'expression dans sa quintessence

Archives de Tag: Zone franc

Quelqu’un pour nous dire où en est le Cfa !!!

Parait-il qu’il est arrimé à la zone Euro. Logiquement donc, nous, dignes descendants de nos ancêtres les Gaulois, devrions être en première ligne de toute la chienlit autour des marchés boursiers européens, de la recapitalisation des banques, des dégradations tous azimuts des annotations économiques, du secours à la Grèce ou des plans de sauvetage accordés à plusieurs autres pays. A peine quelques vagues échos de toutes ces agitations du côté de Dakar, Lomé, Yaoundé, Bamako, Libreville, Cotonou et ailleurs en zone dite Cfa. Bien loin de la révolte à Bratislava contre la menace d’une « esclavage économique » selon des leaders politiques de la Slovaquie. Ils ne sont que 5 millions d’individus, membres à part entière de l’Union Européenne et de l’Euro-groupe, blancs, de tradition judéo-chrétienne mais très peu emballés par la perspective de laisser les autres décider à leur place, ou pire, de payer pour les autres. Bien que privilégiés et n’émargeant pas à Bruxelles par procuration ou par parrain ancien colon interposé comme leurs lointains partenaires africains tiraillés entre listes électorales, l’âge des présidentiables, les contestations de résultats des urnes, le chômage, la misère atroce, la famine et la maladie.

Quelle que soit la couture sous laquelle se présente l’affaire, on revient presque toujours aux motivations de ce mépris de l’opinion africaine de la zone Cfa au sujet des chamboulements monétaires mondiaux. Ou bien l’arrimage du Cfa à l’Euro est si factice qu’il ne suscite aucune poussée d’urticaire chez slovaques, allemands, polonais ou autres européens de souche opposés à toute idée de solidarité trop contraignante. A moins que ce ne soit ceux qui font office d’économistes francophones d’Afrique qui préfèrent adopter le profile bas, de peur de faire remonter en surface leur ignorance rédhibitoire en matière de gestion d’une monnaie. Dans la réalité, en effet, toute l’expertise autour du Cfa se concentre à la banque de France et non dans les banques centrales d’Afrique francophone (Bceao, Bceac), encore moins à la Boad et autres machins du genre, 51 ans après les indépendances nominales.

Ce n’est pas tant le renoncement de souveraineté à propos d’un élément aussi souverain que la monnaie qui pose problème. C’est le retrait tacite du sujet de tous les débats nationaux en zone Cfa qui interpelle les intelligences. Passe encore que les leaders et dirigeants soient en phase avec cette hérésie optionnelle considérée comme unique au monde (13 à 14 pays utilisant une monnaie dont-ils n’ont pas directement la gestion). Mais imposer le silence autour parait encore plus hérétique surtout à l’ère du pluralisme démocratique. Nos princes ne cherchent même pas un soutien quelconque de leurs peuples respectifs, même de façade, comme cela se fait chez les partenaires européens. Ne serait-ce qu’un début de réflexion autour des prévisions apocalyptiques de la part de nombreux experts dont fait l’objet le socle monétaire (l’Euro) sur lequel nous sommes sensés être adossés.

Il convient néanmoins de reconnaitre un certain stoïcisme de la part des gouvernants de la zone Cfa. Rien ne semble les dévier des mêmes recettes que jadis malgré les tempêtes sur le marché international. Les économies nationales continuent de tabler leurs feuilles de route sur la base de la portion congrue du secteur formel en choisissant d’ignorer l’informel, détenteur de l’économie véritable. A cette échelle microscopique, irréelle et théorique, il est plus facile d’entretenir des semblants d’indicateurs liés à la croissance économique, les équilibres macroéconomiques, des repères de performance. Quand bien même tout le monde est conscient que tout cela ne se traduirait pas en réduction de pauvreté, autosuffisance alimentaire, réduction de la fracture sociale, lutte contre la corruption etc…

La frime, la bouffe, la soumission…

arimi choubadé http://arimi.freehostia.com

Il parait que les parias de la planète se portent bien !!!

Tout irait à merveille en zone franc. N’évoquez surtout pas, auprès des dirigeants des 14 Etats utilisant le Cfa, la tempête monétaire qui secoue la terre entière. Pas forcément qu’ils sont de mauvaise foi. À dire vrai, ils n’ont jamais géré une monnaie propre, après un cinquantenaire d’appartenance aux nations unies. Seule zone monétaire au monde où les pays membres (tous indépendants depuis 51 ans) ont volontairement renoncé à toute appropriation d’expertise en matière monétaire. A l’ancien colon de décider, pour eux, des orientations économiques, des flux des capitaux sur le marché international, de la gestion des dettes, pire, de la tutelle auprès des institutions financières internationales. Vus d’Afrique francophone (espace Cfa), les tourments des places boursières ne constituent que de vagues spasmes médiatiques lointains. Pour ce qui concerne la réflexion et les mesures éventuelles face à la prétendue crise, « l’ancienne puissance tutélaire, la France y pourvoira » !

Le devenir économique ayant été confié à la France, les régimes africains consommateurs du Cfa peuvent se préoccuper d’autres choses. Seul débat digne d’intérêt auprès des élites locales : la longévité au pouvoir (révision constitutionnelle, nombre et durée de mandat). Sénégal, Cameroun, Bénin, Burkina Faso, Togo, Congo Brazzaville, Tchad, Guinée Bissau.

Quand certains ne sont carrément pas occupés à se tirer dessus. Cela ne veut pas dire que nos princes sont dépourvus de visions économiques. De Dakar à Libreville en passant par Lomé, Cotonou, Yaoundé, N’djamena et les autres, une incantation fait fureur depuis plusieurs années déjà : émergence économique. Chacun y ajoute quelques variantes avec les « grandes réalisations » de Paul Biya, les « grandes réformes » de Bongo fils, la « refondation » de Yayi. Mais jamais, au grand jamais, la moindre velléité de s’autonomiser vis-à-vis du parrain monétaire. La ligne rouge ! « La France y pourvoira » !

Sans exiger une rébellion de la part des 14 Etats « assistés monétaires », on peut néanmoins se préoccuper de l’absence totale de débats voire de consciences nationales sur la question de la monnaie. Il a fallu que Gbagbo soit privé de ressources pour que son régime vacillant et au bord de l’agonie se conjecture sur la nécessité d’une monnaie nationale, le temps que les bombes venues de Paris finissent de le déloger de son bunker.

Depuis, la page a été tournée. La sécurité de nos économies continue d’être assurée par les fameux conclaves entre les ministres des Finances de la zone franc et celui du parrain français. Deux séances par an, pas plus. Le sort de 14 trésors publics réglé en deux réunions l’an. Pendant qu’on se languit sous les tropiques en zone franc, l’Elysée déborde d’initiative dans la recherche de solutions face au calvaire du Cac 40 (principal indice boursier de Paris).

L’Euro sensée être une assurance tous risques pour la zone Cfa, parlons-en ! Une Europe loin d’être le modèle de solidarité par excellence lorsqu’on voit les réticences des Allemands à toute assistance financière à la Grèce ou à d’autres pays européens en crise. Le débat fait d’ailleurs rage sur l’opportunité de maintenir l’Euro en tant que monnaie ou pas, à voir le nombre sans cesse croissant de ces propres éclopés (Irlande, Grèce, Espagne, Italie…). Or c’est sur cet espace en plein doute que se reposent curieusement les espoirs des africains francophones. Mais comme d’habitude : « la France y pourvoira » même en cas de fragilisation voire de disparition de la monnaie européenne. Le dessein est désormais clair, jamais les Africains utilisateurs du Cfa (Compagnie française d’Afrique) ne devraient agir par eux-mêmes en matière d’option économique indépendamment des vœux du parrain.

La France, terre de blanchiment de l’argent des dictatures africaines, pourvoira à nos misères !!!

arimi choubadé http://arimi.freehostia.com