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CVU : Le système RPT/AGO a créé 500.000 pauvres au Togo

Les Togolais sont aujourd’hui en mesure d’apprécier les effets négatifs de la gouvernance de Faure Gnassingbé et de son gouvernement RPT/AGO, que les bailleurs de fonds présentaient, après les élections frauduleuses de 2005 et de 2010, comme une victoire de la « raison ». Ces bailleurs qui ferment les yeux sur les crimes économiques et électoraux dès lors que leurs intérêts sont en jeu, ont cru, du moins certains, à la capacité de Faure Gnassingbé d’apporter une solution aux problèmes quotidiens de tous ordres rencontrés par les Togolais.

1. FAURE A ACCOUCHE PREMATUREMENT DE 500 000 PAUVRES

Sous couvert d’une réconciliation factice, sous couvert d’un gouvernement d’union nationale factice, sous couvert d’un dialogue inclusif factice, Faure Gnassingbé a du mal à accoucher d’une solution participative qui permettrait des créations d’emplois et une redistribution des richesses qu’il réserve à son clan ou à sa clientèle. Quant au pouvoir d’achat des Togolais et Togolaises, il y a fait des coupes sombres sans aucun ménagement. Faure Gnassingbé avec son système RPT/AGO, loin de contrôler les statistiques économiques, a réussi, d’après les derniers chiffres de la Banque mondiale, à créer 500 000 nouveaux pauvres. Les Togolais peuvent mesurer aujourd’hui dans les faits, que le ralliement au RPT de Gilchrist Olympio et de ses AGO – piteux au regard de son histoire personnelle et de celle de sa famille – n’était en fait qu’une manœuvre d’intégration dans l’oligarchie qui règne sans partage sur la richesse du Togo, laquelle appartient au Peuple togolais.

Après un an et demi de gouvernance commune RPT/AGO, la situation des Togolais n’a connu aucune amélioration mais s’est au contraire aggravée pour la grande majorité des citoyens. Les bailleurs incrédules continuent à croire les informations partielles et partiales envoyées par l’Etat togolais, pour mieux justifier en Occident un système d’incrédulité qui permet de protéger les intérêts de ces mêmes bailleurs de fonds. Faure Gnassingbé utilise les travaux routiers pour gagner du temps et faire patienter le peuple togolais qui refuse de faire un bilan des actions passées du fils du père.

Mais le Représentant Résident de la Banque mondiale au Togo, M. Hervé ASSAH, a refusé manifestement de verser dans la désinformation. Il reconnaissait récemment que la situation du Togo portant sur l’environnement des affaires s’est détériorée, ce qui n’échappe pas aux potentiels investisseurs qui survolent le Togo pour aller s’installer au Ghana ou au Bénin. Malgré une légère remontée de la croissance économique, le nombre de pauvres, qui représentait déjà 74 % de la population, bilan du Papa de Faure, aurait « augmenté de 500.000 lorsqu’on fait une simulation de la pauvreté » 1. Les doutes sur les programmes de réformes « nous souhaitons que ce programme permette des avancées substantielles dans le sens de la relance économique et sociale du Togo », ne semblent plus permis. La vérité est que le système RPT/AGO a créé plus de 500 000 pauvres avec l’argent des bailleurs de fonds incrédules.

2. UN TROISIEME MANDAT EN 2015 POUR AUGMENTER LE NOMBRE DE PAUVRES AU TOGO

Il s’agit d’une estimation moyenne. A ce rythme effréné, à la fin du dernier mandat présidentiel normalement prévu en 2015, Faure Gnassingbé et ses soutiens RPT/AGO auront réussi le tour de force d’avoir créé 2 500 000 pauvres supplémentaires au Togo en 2015. Chacun peut comprendre alors pourquoi Faure Gnassingbé fait tout pour briguer un 3e mandat présidentiel, contrairement à ce que prévoyait la Constitution togolaise de 1992 avant qu’elle ne soit unilatéralement tripatouillée par le RPT. Si les Togolais et Togolaises le laissent faire, il aura réussi le tour de force de transformer en pauvres toute la population togolaise. Toute la population ? Non ! Les membres de la galaxie RPT/AGO forment l’exception qui confirme la règle. Il n’y a pas lieu de les citer, ils se reconnaitront et les togolais les reconnaitront. Surtout lorsque ce sont ceux qui se sentent lésés qui demandent à cvu-togo-diaspora de publier les noms.

Comme la Commission vérité, justice et réconciliation est rentrée dans sa phase de « pardon de l’impunité », il est difficile de voir comment l’exercice factice de transparence à la manière de Monseigneur Barrigah, chef d’Etat-major du CVJR, pourrait illuminer la vérité, celle prônée par Dieu, celui qu’il prie. Il est vrai que les comportements évoluent lorsque, comme dans les pays riches, les pauvres sortent de leur condition et découvrent les opportunités offertes en tant que classe moyenne. Le pauvre qui s’est élevé hors de la classe pauvre pour entrer dans la classe moyenne, oublie de fréquenter les cultes religieux, devient critique, et conteste le pouvoir que s’arroge un archevêque ou un ecclésiastique de ne pas respecter la séparation de l’Eglise et de l’Etat. C’est donc cette connivence qu’il faut retenir, quant au rôle que joue la CVJR pour empêcher la vérité de jaillir, donc de soutien d’une forme nouvelle d’impunité, puisque les militaires non républicains refusent de dire la vérité. Mais qui est fou ? Dire la vérité sur les meurtres, crimes, viols et autres exactions pour aller en prison ou obtenir la bénédiction de Monseigneur Barrigah est risqué. Il vaut mieux se taire et faire du chantage sur ceux qui souhaitaient témoigner pour dire la vérité. Et puis, comme il n’y a pas de séparation entre l’église et l’Etat, rien ne permet d’être certain que les dépositions devant la CVJR ne serviront pas pour créer des boucs-émissaires, seul moyen de disculper le système RPT/AGO.

3. FAURE GNASSINGBE A PEUR DE FAIRE LES ELECTIONS COMMUNALES AVANT LES LEGISLATIVES

Alors peut-être, sans bouc-émissaires identifiés, c’est la Cour pénale internationale (CPI) qui pourrait guetter les membres criminels du système RPT. Alors pour parer à toutes éventualités, il suffit de rouler le peuple togolais dans la farine en lui promettant du vent et à manger afin que chacun oublie que la vérité des urnes est difficile à falsifier avec des élections locales. En attendant que Faure Gnassingbé annonce qu’ il ne se représentera pas aux élections présidentielles de 2015, et sous la pression des étudiants indignés de Lomé et de Kara qui voient leur avenir bouché du fait du système RPT/AGO, le peuple togolais ne doit pas faire l’impasse sur les élections locales et communales. A ce titre, le report quasi-régulier par Faure Gnassingbé de la tenue de ce scrutin, ressemble fort à une forme d’amnésie sélective en démocratie. Une telle élection devrait permettre à de nombreux togolais et togolaises de la Diaspora, pris dans le tournis de la crise de solvabilité et celle de l’Euro qui met à mal l’Union européenne, de trouver une occasion de servir leur commune. Aux Etats-Unis, les perspectives d’une guerre ne sont pas à écarter. Ce qui tend à cristalliser les Etats autour de ceux qui au conseil de sécurité peuvent aujourd’hui dire « non » à l’injustice et l’ingérence directe ou indirecte d’Etats qui deviennent cyniques, dès lors qu’il faut défendre d’abord leurs intérêts avant ceux des peuples africains en général, togolais en particulier. La violence bestiale de l’agression occidentale en Côte d’Ivoire et en Libye, a fini par faire sortir de leur torpeur une partie importante des Africains rêveurs et naïfs et en dessillant leurs yeux, amoindri leur vénération des dirigeants des pays riches vus comme des justiciers au service du pauvre.

4. RECOMMANDATIONS : IMPOSER LES ELECTIONS LOCALES AU TOGO

La vérité des urnes rencontre des contraintes au Togo comme ailleurs. Mais si Faure Gnassingbé refuse d’annoncer son départ constitutionnel pour 2015, si l’opposition togolaise refuse de se parler pour proposer une équipe commune pour servir d’alternance crédible au service du peuple togolais, alors le peuple togolais ne doit pas se faire avoir.

Le cvu-togo-diaspora recommande :

* de militer, d’insister, de demander et d’imposer des élections locales et communales avant les élections présidentielles et législatives. Le système choisi devra permettre une réelle représentativité des Togolais et obtenir un consensus. Faure Gnassingbé refuse toujours de compter les Togolais de la Diaspora justement pour les empêcher de se présenter aux élections locales ;

* de rappeler à Faure Gnassingbé que rien ne l’empêche d’annoncer par avance son départ, afin d’apaiser les tensions politiques, servir de catalyseur à la réconciliation et de retrouver l’estime des Togolais ;

* Faure doit s’expliquer sur sa capacité à créer 500 000 pauvres en si peu de temps. En réalité, Faure Gnassingbé ne rend compte que rarement – pour ne pas dire jamais – de ses actions et arbitrages au peuple togolais. Militons pour l’obliger à le faire !

Le Collectif pour la Vérité des Urnes (Togo)

Dr Yves Ekoué AMAÏZO

Coordinateur Général

François FABREGAT

Secrétaire Général

Togo : Quand Faure Gnassingbé pousse son allié Gilchrist Olympio vers la sortie

Présidentielle 2015 / Plafonnement de l’âge des candidats à 75 ans : Quand Faure Gnassingbé pousse son allié Gilchrist Olympio vers la sortie

Gilchrist Olympio, fils du regretté Sylvanus Olympio

Le « Leader nouveau » qui courrouce l’ « Opposant historique », ce n’est plus arrivé depuis le 26 mai 2010, date de la signature de l’accord « historique » entre le Rassemblement du peuple togolais (Rpt) et l’Union des forces de changement (Ufc). Depuis lors, les désirs, et mieux, les caprices du « Leader charismatique » étaient des ordres. Ils sont satisfaits pour ne pas susciter son courroux. Mais apparemment les choses ne seront plus ainsi. Faure Gnassingbé vient de franchir le pas, et on peut oser dire qu’il s’est ou commence à s’affranchir du joug Gilchrist Olympio.

La 8e session des discussions au sein du Cadre permanent de dialogue et de concertation (Cpdc) tenue hier était consacrée au nombre de mandats du président de la République, Selon le compromis qui s’est dégagé, ce mandat, de 5 ans, ne devrait être renouvelé qu’une seule fois. Mais la précédente cession organisée le jeudi 24 novembre dernier à été consacrée aux conditions d’éligibilité à la présidence de la République. Au-delà des dispositions de nationalité, résidence et santé physique et morale, la grande « nouveauté » est relative à l’âge des candidats, et surtout au plafond. Selon la proposition qui emporte l’adhésion des parties prenantes aux discussions, pour briguer la magistrature suprême, il faut avoir au moins 40 ans, et au plus 75 ans. Avant que ces dispositions ne prennent la forme de loi, elles doivent être avalisées par l’Assemblée nationale ou par référendum, et on n’en est pas encore là. Mais ce plafonnement de l’âge pose problème. Il écarte de facto un candidat potentiel, et pas des moindres : son Excellence Gilchrist Olympio.

Comme un scandale à l’Ufc

Il y a de quoi faire couler de la bile à l’Ufc. Si ces propositions sont validées – ce qui va forcément arriver -, cela signifie que « Fo Gil » ne sera pas de la course en 2015. D’autant plus que l’homme compte déjà trois quarts de siècle derrière lui, et en 2015 aura connu 79 moussons et 79 harmattans. Il faut craindre même que le plus grand parti de l’opposition (sic) n’ait pas de représentant pour la compétition, quand on se rappelle le feuilleton de la candidature de Jean-Pierre au scrutin du 4 mars 2010. C’est un sacrilège d’oser remplacer le « vieux », même grabataire, et le président de l’Alliance nationale pour le changement (Anc) l’a appris à ses dépens. D’ailleurs au sein de ce qu’il reste de l’Ufc comme ressources humaines, on ne voit pas de présidentiable, à part le « maréchal ». Et ce n’est certainement pas le diplômé de la Fondation Konrad Adenauer qui ferait l’affaire.

Cette proposition impromptue est vécue comme un scandale et on a tenu à le signifier au travers d’un communiqué gribouillé juste au lendemain de cette séance au Cpdc, signé de son Secrétaire Général, Dr. Pierre Sambiani Jimongou. Le parti trouve inopportune une telle proposition « dans la mesure où tout candidat éligible doit présenter un état général de bien-être physique et mental, dûment constaté par trois (3) médecins assermentés désignés par la Cour Constitutionnelle comme le stipule l article 62 en son alinéa 4 ». L’Ufc « réitère, comme lors des débats, que cette proposition de plafonnement d’âge n’a donc pas sa raison d’être et invite, par conséquent, le CPDC à poursuivre la réflexion sur la question dans l’intérêt supérieur de la Nation ». Si c’était une époque, on parie que cette manœuvre d’exclusion aurait fait l’objet d’une marche suivie de meeting au cours duquel le pouvoir en place serait passé à la tronçonneuse.

Nous voyions en cette agitation une petite mise en scène, juste pour entretenir l’ambiance, mais nous avons dû déchanter au regard de tout le sérieux qui est mis dans l’entourage du grand gourou.

Des émissaires du parti sont déployés sur les médias pour fustiger la chose. Avouons qu’à la place de Gilchrist Olympio, tout homme serait courroucé, d’autant plus que les relations qui lient l’Ufc au pouvoir Rpt qui oriente les travaux au Cpdc sont privilégiés. C’est un traitement de faveur qui devrait être réservé à l’ « Opposant historique », au nom de l’accord du 26 mai 2010. On a toutes les raisons à l’Ufc de se fâcher parce qu’il y en a en Afrique qui préside aux destinées de son pays à…87 ans, et qui n’est pas repu et manœuvre pour rempiler. Allusion faite au papy momie du Sénégal, le démocrate (sic) Abdoulaye Wade. C’est d’ailleurs l’argument massue brandi à l’Ufc.

La fin d’une époque ?

Doit-on voir en cette mésentente le début de la fin de la cohabitation entre Gilchrist Olympio et Faure Gnassingbé ? La crainte est bien légitime, d’autant plus que jusqu’ici le « vieux » a été choyé. Ses caprices étaient satisfaits, car la menace était constante de le voir claquer la porte à tout moment s’il est contrarié. Un comité de suivi de l’accord a été spécialement mis en place, et la présidence confiée à son Excellence Gilchrist Olympio. Le « terroriste international » est devenu cet industriel hors pair et cet homme d’affaires international qui visitait désormais des entreprises togolaises, suivi dans tous ses mouvements par les médias d’Etat, tel une star…Il se raconte même que le refus du pouvoir en place de réintégrer à l’Assemblée nationale les neuf députés Anc serait l’effet de pressions exercées par l’ « Opposant historique », qui menacerait de quitter le foyer si Faure Gnassingbé donnait suite à cette requête de la Cour de justice de la Cédéao.

Gilchrist Olympio a toutes les raisons de se fâcher, d’autant plus qu’il a tout sacrifié pour suivre Faure Gnassingbé : ses proches collaborateurs et parents qui l’ont fait (Jean-Pierre Fabre, Patrick Lawson, Isabelle Ameganvi, Eric Amerding et autres), son aura (le mythe de l’opposant historique adulé par tout un peuple ) et sa carrière « prometteuse » qui aurait pu le propulser à la présidence de la République – hum… Mais son « époux » ne lui rend pas la pareille.

Il nous revient que l’Ufc aurait fait une proposition de 80 ans comme âge plafond, tenant donc compte de l’âge qu’aura son président national en 2015. Il fut un temps, le pouvoir Rpt se serait aligné sur cette suggestion qui passerait au Cpdc comme une lettre à la poste, même la sachant inappropriée. Mais cette fois, on a osé dire non à Gilchrist Olympio, et sur la place publique, c’est-à-dire au Cpdc. Et si cette disposition était savamment dirigée contre l’ « Opposant historique » ? La question reste posée, vu que de tous les opposants datables au carbone 14 – suivez les regards- , c’est lui seul que cette mesure met sur le carreau. Le confrère « koaci.com » y voit justement une volonté du Rpt de « pousser Gilchrist vers la retraite ». A tort ou à raison ?

Au demeurant avec cette disposition, c’est un grand pas que vient de franchir Faure Gnassingbé. Il faut croire que tous les désirs de Gilchrist Olympio ne seront plus des ordres. Apparemment il a déjà servi et le « Leader nouveau » n’a plus besoin de lui. Autant que l’accord du 26 mai 2010 scellant la cohabitation, en réalité dirigée contre Jean-Pierre Fabre et les siens. Faure aura réussi à démythifier Gilchrist Olympio et à s’en défaire, tout comme le Rpt dont il cherche à s’affranchir, avec la création de son propre parti.

(liberte-togo.com)

Le Grand bordel de Louis Michel, la double facette de l’Union Europeenne au Togo

Liberté – Louis Michel ! La seule évocation de ce nom fait remonter à la mémoire collective des souvenirs pas trop gais. C’est cet ancien Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire, ce Blanc zélateur et démarcheur du pouvoir Rpt qui sort des insanités à chaque fois qu’il doit parler du Togo. Louis Michel, c’est ce fonctionnaire de l’Union européenne qui joue à l’avocat du pouvoir Rpt de Père en Fils, affirme avec une certaine condescendance tout le contraire de la réalité, peint le Togo comme une démocratie, défend les gouvernants auprès de Bruxelles, moyennant bien sûr… Les Togolais savaient donc à quoi s’en tenir avec sa présence annoncée dans le cadre de la 22e session parlementaire paritaire ACP/UE à Lomé. Mais quant à le voir descendre aussi bas et défendre l’indéfendable, sur un sujet aussi clair et sensible que la décision de la Cour de justice de la Cédéao et le procès Kpatcha Gnassingbé, pour un « Blanc », on ne s’y attendait pas.

Les gaucheries de « Fo Michou »

« Moi ce qui m’étonne dans ce sujet, et là je ne vais pas prendre la défense de personne en disant cela, c’est que dans le fond on rejette la responsabilité de cette situation sur soit le président, soit la majorité parlementaire. Vous m’excuserez, mais si je ne m’abuse, ces neuf députés ont eu un problème avec leur parti avec lequel ils ont été élus. Ils ont été élus sur des listes Ufc. A un moment donné, ils ont fait dissidence. L’Ufc a fait valoir des lettres de démission qu’ils avaient signées préalablement », a dardé Louis Michel, le Coprésident de l’Assemblée parlementaire, relativement à la décision de la Cour de Justice de la Cédéao dans l’affaire d’exclusion des neuf députés ANC réhabilités le 7 octobre dernier et à la polémique sur leur retour ou non à l’Assemblée nationale, avant de lâcher : «  Qu’a dit la CEDEAO ? Ils devraient être indemnisés. Elle n’a rien dit d’autre. Elle n’a pas par exemple dit qu’ils devraient être réintégrés…La Cour de justice de la CEDEAO n’a jamais exigé la réintégration des députés, elle a seulement demandé de leur payer la somme de trois (3) millions F CFA ».

Ce disque, les Togolais l’entendent depuis un mois et demi des suppôts et autres caisses de résonance du pouvoir Rpt. Mais venant de la part d’un ressortissant d’un pays où la culture démocratique est une réalité et qui pourrait se compter parmi les démocraties traditionnelles d’Europe, d’un Blanc (sic), généralement admis par les « nègres » comme intelligent, sage et surtout « civilisé », il faut avouer que cela laisse pantois. A raison, quand on sait que la décision de la Cour communautaire ne souffre d’aucune ambiguïté. L’Etat togolais a été condamné à « réparer la violation des droits de l’Homme des requérants et à payer à chacun la somme de trois millions (3 000 000) FCFA à titre de dommage et intérêt », après que la Cour a égrainé les dispositions juridiques violées dans ce dossier. On dirait que Louis Michel n’a pas lu l’arrêt. Bien avant la Cour de Justice de la Cédéao, c’est l’Union interparlementaire (Uip) qui, cinq (05) mois plus tôt, statuant sur cette affaire avait démontré que les neuf députés concernés n’ont jamais démissionné de leur propre chef comme cela se doit, mais ont été plutôt démissionnés, et enjoint à l’Etat togolais de les réintégrer à l’Assemblée nationale. C’est vraiment triste que l’ancien Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire et aujourd’hui Eurodéputé, donc censé prôner les valeurs défendues par l’institution (démocratie, Etat de droit, bonne gouvernance, respect des droits de l’Homme) s’illustre aussi tristement. « Cette sortie de Louis Michel nous donne la preuve ultime que les Blancs ne sont pas aussi vertueux que ça… J’imagine un peu la calamité que serait ce monsieur s’il était noir. Ce serait un véritable danger public ! », glose un compatriote.

Comme s’il n’a pas assez suscité la polémique, le Belge s’aventurera aussi sur le terrain du procès Kpatcha Gnassingbé, arguant que « la justice a suivi son cours et qu’elle n’avait pas tenu compte de l’identité particulière de l’accusé ». En clair, Louis Michel est content que le député ait été jugé sans levée de son immunité parlementaire. Un véritable scandale, pour qui connaît les conditions d’arrestation et de détention de Kpatcha et les siens, les nombreux vices de procédures et violations qui ont caractérisé le procès. Et c’est à raison que les organisations de défense des droits de l’Homme soient indignées, et elles l’ont signifié à travers une déclaration datée du mardi 22 novembre. Les ODDH « prennent l’opinion nationale et internationale à témoin et feront endosser au député européen Louis Michel toutes les conséquences liées à une telle déclaration ». Et justement ces propos auront pour effet de renforcer dans sa position de force, le pouvoir togolais qui n’a d’ailleurs aucune intention de réintégrer ces députés.

Le double visage de l’UE

Que penser au juste de l’institution européenne qui se pose en civilisatrice au Togo mais dont les représentants au même moment cautionnent de façon aussi ostentatoire des forfaitures ? C’est aujourd’hui la grosse énigme à laquelle sont confrontés les Togolais. D’autant plus que la délégation de l’Union européenne au Togo a semblé prendre la voie de la raison.

On se rappelle que dans le cadre des rencontres périodiques instituées par l’accord de partenariat économique de Cotonou, des diplomates européens conduits par Patrick Spirlet ont échangé le vendredi 14 octobre dernier avec une délégation du gouvernement au ministère des Affaires étrangères. Au menu des discussions, les prochaines élections législatives et locales de 2012 et la situation des droits de l’homme au Togo, mais aussi des sujets d’actualité dont les audiences de la Commission Vérité, Justice et Réconciliation (Cvjr), les allégations de torture à l’Agence nationale de renseignement (Anr), le passage du Togo à l’Examen périodique universel devant le Conseil des droits de l’Homme, le dialogue au sein du Cadre permanent de dialogue et de concertation (Cpdc), les réformes institutionnelles et constitutionnelles et, chose inattendue, la décision de la Cour de Justice de la Cédéao. « Nous avons souligné l’importance des décisions de la Cour de justice de la CEDEAO et l’importance de les respecter, de prendre des initiatives dans ce sens pour justement favoriser cet apaisement », avait déclaré le chef de la Délégation de l’UE au Togo, estimant que le Togo est « à un moment crucial », et « un certain nombre d’événements récents méritent attention ». En clair, les diplomates européens demandaient à l’Etat togolais – à moins que nous soyons trop vite allés en besogne – de réintégrer les neuf députés abusivement exclus de l’Assemblée nationale, la réparation logique, puis payer les trois millions FCFA comme exigé par la Cour de la Cédéao. Et ce n’est d’ailleurs que le bon sens. Mais comment comprendre que les diplomates européens accrédités au Togo aient opté pour une position aussi conciliante et qu’au même moment l’un des porte-voix de l’Union Européenne, ancien Commissaire au développement et à l’action humanitaire, aujourd’hui Eurodéputé et Coprésident de l’Assemblée paritaire ACP/UE vienne prendre le contre-pied parfait de cette position?

Mais, où sont passées les bonnes vertus ?

Depuis lundi sont organisées, en marge de la 22e session parlementaire paritaire ACP/UE, des journées portes ouvertes sur la coopération Union Européenne-Togo, où sont exposés les fruits de ce partenariat. Il s’agit en réalité de célébrer cette coopération et de louer ses bienfaits. A l’occasion, l’institution européenne est peinte comme cette mère nourricière, qui ne veut que du bien des Togolais. « L’Union Européenne apporte au Togo une aide multidimensionnelle en vue de stimuler la croissance économique nécessaire à la réduction de la pauvreté et au développement durable », déclamait la ministre chargée de la Planification, du développement et de l’aménagement du territoire Dédé Ahoéfa Ekoué au lancement officiel. « Union Européenne yééé ! Hoyééé !!! », scandaient les groupes folkloriques déployés sur le site lors de la visite par le Commissaire européen au développement et à l’action humanitaire Andris Piebalgs, du chantier de construction de l’exutoire du lac ouest financé par l’UE.

L’Union européenne, c’est encore elle qui finance des programmes de renforcement de la démocratie, de modernisation de la Justice, de respect des droits de l’Homme, des œuvres inscrites au registre de la mission « civilisatrice » dont elle s’est investie. Il y a donc de quoi l’aduler pour ces actions. Mais les Togolais ont de plus en plus de la peine à croire à cette mission mise en avant depuis longtemps et à la sincérité de cette Union Européenne tant vantée au Togo. D’autant plus que Louis Michel n’est pas à son coup d’essai, c’est un récidiviste notoire ; mais jamais nous n’avons eu échos de quelque réprimande que ce soit de Bruxelles à son encontre, ce qui sonne comme de l’hypocrisie de la part de l’institution européenne. Et ses propos sur l’affaire des députés ANC auront malheureusement pour effets de renforcer le pouvoir en place dans sa position, celle de ne pas les réintégrer à l’Assemblée nationale. Ils sont de plus en plus loin, ces temps où l’UE était intransigeante et jouait au père fouettard à une violation majeure des droits de l’Homme, prenant immédiatement des sanctions. Mais aujourd’hui, ce sont ses fonctionnaires de premier plan mêmes qui adoubent ouvertement les violateurs, pour des bakchichs. Les bonnes mœurs qui caractérisaient l’homme blanc ont donc détalé. Et c’est bien dommage.

Bloqué à la Cpi, Sarkozy veut envoyer Gbagbo en Europe de l’Est

Bloqué à la Cpi, Sarkozy veut envoyer Gbagbo en Europe de l’Est : Les Présidents de l’Afrique digne disent niet

Le confrère «L’expression», très proche du pouvoir d’Abidjan ne sait pas gêner pour barrer à sa Une du samedi dernier ce que tout le monde sait déjà dans la crise ivoirienne. «Si Ouattara libère Gbagbo, il tombe.» Ce journal rapporte, en fait, les propos d’un baron du régime qui traduit en même temps, toute la peur du pouvoir de voir Gbagbo en liberté. Si tant est que c’est Ouattara qui a été le choix du peuple ivoirien, pourquoi il tomberait après la libération de Gbagbo. C’est bien là que se trouve toute la question de la crise que traverse la Côte d’Ivoire.

On se rappelle qu’au plus fort de ce conflit postélectoral, la France et les Usa avaient proposé un exil doré à Gbagbo s’il acceptait sa «défaite» contre Ouattara. Des propositions qui ont été logiquement rejetées, car si Gbagbo avait vraiment perdu les élections comme ont veut le faire croire, sa place ne se trouverait nulle part ailleurs qu’en Côte d’Ivoire. La vérité est que Gbagbo gêne beaucoup la mafia françafricaine qui attaque la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi Sarkozy fait mains et pieds pour obtenir le transfert de Gbagbo à la Cpi. Il en fait même un chantage honteux en pensant tuer ainsi dans l’œuf, toute volonté de soulèvement populaire. Sur cette question, la France avec son armée en Côte d’Ivoire, est prête à aller jusqu’au bout, quitte à jeter après la faute sur Soro et ses hommes. Sarkozy sait en plus que Gbagbo n’est pas Taylor, l’ex-Président libérien. Gbagbo est bien le seul Président d’un pays du sud dont le transfert à la CPI divise toute l’opinion mondiale y compris la CPI au plus haut niveau. Parce que visiblement, l’accusation de crime de guerre ne résiste pas à la moindre analyse. Mais sur le terrain, Gbagbo même en prison continue de gêner l’action de Ouattara. On dira tout clairement que son ombre plane toujours sur la Côte d’Ivoire, malgré le discours purement publicitaire du pouvoir actuel. Ce qui n’est pas fait pour arranger l’action de la France sur le terrain. Surtout qu’elle est quotidiennement hantée par un soulèvement du peuple ivoirien, qui porte le Président Gbagbo dans son cœur. A défaut d’avoir  immédiatement la Cpi, Paris veut éloigner Gbagbo des ivoiriens. En l’envoyant très loin d’ici, en Europe de l’est. C’est en tous cas ce qui se trame dans les milieux diplomatiques. Et  dans ce bourbier qui est finalement devenu une patate chaude pour Sarkozy, le rôle qui a été confié au poulain d’Abidjan est de sonder l’opinion des chefs d’Etat du continent, sans exception. Ce qui justifie les différents voyages de Ouattara dans les pays africains.

Dans la sous région, l’option qui se dégage est qu’il n’y a que trois chefs d’Etats qui ne verraient aucun inconvénient à un éventuel transfert du Président Gbagbo devant la Cpi ou dans un autre Etat européen. On parle de Faure Yassimgbé du Togo, Wade du Sénégal et bien entendu, Blaise Compaoré du Burkina. Même Goodluck du Nigeria qui a été partie prenante et un soutien fort à Ouattara pendant la crise postélectorale a dit niet sur cette question.  Au niveau continental, la majorité des pays sont évidemment opposés à un transfert de Gbagbo dans un autre pays étranger. Car, ils sont tous convaincus que cette décision embrasera la Côte d’Ivoire. Mais cela n’est pas le problème de la France officielle qui compte sur son armée. Ouattara ainsi donc poussé dans le dos par son parrain Sarkozy, se rendra très bientôt en Afrique du sud pour avoir la position du Président Jacob Zuma. Même s’il semble qu’il connait déjà la réponse de Zuma sur la question du transfèrement de Gbagbo hors de la Côte d’Ivoire. Il n’est ni Compaoré, ni Wade, encore moins Faure Gnassingbé. C’est un Président de la République.

Guehi Brence

Jacques Dupuydauby à Mediapart : « On est passé de la ‘Françafrique des mallettes’ à la ‘Sarkafrique des concessions »

Jacques Dupuydauby

L’industriel Jacques Dupuydauby dénonce les pressions de l’Elysée sur les chefs d’Etat africains pour assurer des concessions portuaires au groupe Bolloré.

« Quand Vincent Bolloré s’implante quelque part, il utilise le président français comme son VRP de luxe », déclare Jacques Dupuydauby.

« On est passé des mallettes de Robert Bourgi, qui étaient un secret de Polichinelle, à quelque chose de beaucoup plus fort. On est passé de la ‘Françafrique des mallettes’ à la ‘Sarkafrique des concessions’ « , déclare Jacques Dupuydauby, l’ancien dirigeant du groupe portuaire Progosa, lors d’un entretien accordé au site Mediapart, le 24 octobre. L’homme d’affaires franco-espagnol accuse Nicolas Sarkozy d’exercer des pressions sur plusieurs présidents africains pour implanter et maintenir son ami, l’industriel Vincent Bolloré.

Nicolas Sarkozy sur le Yacht de Vincent Bolloré en mai 2007

Le prêt du yacht Le Paloma, de l’homme d’affaires français, au président fraichement élu, avait révélé les liens étroits entre les deux hommes.

« Chantage d’Etat »

« Quand Vincent Bolloré s’implante quelque part, il utilise le président français comme son VRP de luxe. Nicolas Sarkozy, de son côté, met dans la balance les relations franco-africaines et fait des pressions », affirme le récent retraité qui assure avoir les confidences de plusieurs présidents africains dont Faure Gnassingbé (Togo) et Denis Sassou-NGuesso (Congo). « Je n’avais jamais connu cela auparavant », déclare l’ancien vice-président du groupe Bouygues, proche des réseaux chiraquiens, qui n’hésite pas à parler de « chantage d’Etat ».

Le président congolais, Sassou-NGuesso, aurait confié à l’ancien président de Progosa qu’il ne pouvait plus lui attribuer le port de Pointe Noire suite au veto de Nicolas Sarkozy. La société aurait aussi perdu le port de Douala après que le président français ait déclaré à son homologue camerounais, Paul Biya : « C’est pas Dupuydauby qui viendra vous exfiltrer lorsque vous serez encerclés dans votre palais », selon l’homme d’affaires en conflit depuis plusieurs années avec son rival en Afrique Vincent Bolloré. L’Elysée serait aussi intervenu en Côte d’Ivoire auprès d’Alassane Ouattara pour que la multinationale française conserve son monopole sur le port d’Abidjan. L’industriel franco-espagnol pointe également l’intervention de Claude Guéant en Libye pour que l »intime du président » obtienne le port de Misrata.

« Système Sarkozy en Afrique »

Au Togo, en 2009, Jacques Dupuydauby perd la concession du port de Lomé, que sa société détenait depuis 2001, au profit du groupe Bolloré. Le président, Faure Ganassingbé, aurait prévenu l’homme d’affaires des tractations de l’Elysée dans cette affaire. Condamné en décembre 2010, juste après son éviction, à 20 ans de prison ferme par le tribunal de Lomé pour « abus de confiance », « délit d’escroquerie », « usage de faux », « groupement de malfaiteurs »…, l’ancien président de Progosa dénonce un complot « orchestré par Vincent Bolloré » et soutenu par le controversé Charles Debbasch, conseiller juridique de la présidence togolaise, condamné en France dans l’affaire Vasarely.

L’homme d’affaires réclame « l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire sur le ‘système Sarkozy en Afrique' ». Il rappelle que le député socialiste, Jean Launay, avait déjà posé en octobre 2010 une question au gouvernement sur les pressions de Nicolas Sarkozy en faveur du groupe Bolloré au Togo, sans démenti du ministre des affaires étrangères de l’époque, Bernard Kouchner.

Les accusations de l’industriel prononcées contre le chef de l’Etat font suite à celles déjà formulées dans le livre « Sarko m’a tuer »de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, publié en août. En 1983, Nicolas Sarkozy, alors maire de Neuilly, aurait proposé au jeune entrepreneur des prestations fictives de son cabinet d’avocat dans le but de financer son ascension politique. Des confidences qui n’avaient donné lieu à aucune poursuite de l’Elysée.

La politique africaine du président de la République, lourdement remise en question par les affaires Takieddine, Bourgi et Djouhri, est une nouvelle fois entachée par ces nouvelles dénonciations de clientélisme. Et reste bien éloignée de la profession de foi prononcée à Cotonou en 2006, par le candidat de « la rupture », qui promettait pour l’Afrique « une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé. »

Ronan Kerneur – Le Nouvel Observateur

Togo : Kpatcha Gnassingbé condamné à 20 ans de prison ferme

Le demi-frère du président togolais Faure Gnassingbé, Kpatcha Gnassingbé, a été condamné jeudi 15 septembre à 20 ans de réclusion criminelle et la confiscation de ses biens dans le procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat. La même peine de 20 ans est retenue contre le général Assani Tidjani, ancien chef d’état-major des forces armées togolaises et ex-ministre de la Défense, le commandant Atti et Tomdena. Ils sont déchus de leurs droits civiques et politiques. Un autre demi-frère du président, Essolizam Gnassingbé, a lui été condamné à 24 mois d’emprisonnement dont un avec sursis.

 « Les faits sont établis contre lui », a annoncé le président de la Cour suprême du Togo Abalo Pétchélébia au sujet de Kpatcha Gnassingbé, ancien ministre de la Défense âgé de 41 ans et demi-frère du président. « Il y a lieu de le déclarer coupable de crime de complot contre la sûreté de l’État. La Cour le condamne à vingt ans de prison et prononce contre lui la déchéance civique », a poursuivi le magistrat.

Le procès de ces trente-trois personnalités civiles et militaires s’était ouvert le 1er septembre. Toutes ont plaidé leur innocence au cours de l’audience. Les circonstances du coup d’État déjoué en avril 2009, alors que le président Faure Gnassingbé s’apprêtait à se rendre en Chine, restent obscures.

La défense a exprimé sa grande déception.

Lumière sur les relations entre Laurent Gbagbo et les Gnassingbé du Togo

Je suis bien curieux de savoir pourquoi certains Togolais « démocrates » pensent que c’est Gbagbo qui est le dictateur et non Ouattara, alors que ce dernier incarne le parti unique sans faute et qu’il n’a jamais voulu du multipartisme en Côte d’Ivoire.

En 1992, alors PM, le tout nouveau « chevalier blanc d’Abidjan » embastillat sans retenue Simone et Laurent Gbagbo après les avoir humiliés devant leurs étudiants. Ne décrivons pas ici l’humiliation en question.

Des rapprochements tactiques et non idéologiques

Les rapprochements entre les regimes togolais et Laurent Gbogbo étaient purement stratégiques et non idéologiques. Du vivant d’Eyadema, Gbagbo avait tiré avantage du leger antagonisme de leadership entre Eyadema et Compaoré (tous les deux au service de la France en Afrique) pour avoir le soutien du vieux dictateur togolais qui avait une certaine assise et qui pouvait se permettre certaines libertés vis-à-vis de Paris. Chirac voyait Eyadema mourant et Compaoré devenait l’homme de la situation, mais le vieux n’était pas prêt à accepter qu’on le néglige ainsi. N’oublions pas que ces vieux dictateurs (Bongo, Houphouet et Eyadema) étaient devenus incontournables sous certains rapports et craints de Paris.

Chirac ayant compris son impuissance vis-à-vis de Gnass père, avait justement vite fait de lui arracher le dossier ivoirien pour l’amener à Marcousis. Eyadema n’a pas pardonné ce manque d’égard et Gbagbo en a profité au maximum, pour par exemple se faire livrer des armes via le Togo, contre le gré du jeune Compaoré. Ce dernier deviendra à la mort de Gnass, l’homme fort de la France en Afrique de l’Ouest et dirigera même le Togo dans son rôle de FACILITATEUR. Tous les courants politiques du Togo lui font allégeance.

Quand même Gbagbo pouvait compter sur l’héritier d’Eyadema qui lui aussi redoutait un soutien de Gbagbo aux mouvements patriotiques togolais comme le MO5 dont on apercevait de temps en temps les leaders à Abidjan. De toute façon, si Rawlings du Ghana n’a pas réussi à faciliter le départ des Gbassingbé du pouvoir, ce n’est pas Gbagbo qui le pouvait. L’opposition togolaise a la « combativité très élastique », est trop divisée et n’est pas facile à aider. Le vieux Houphouet l’avait déjà essayé sans succès dans les années 77. Rawlings du Ghana avait même militairement aidé la très fameuse opposition togolaise, mais hélas… Le tout s’était soldé par l’assassinat au Ghana du seul militaire redouté d’Eyadema, le lieutenant Vincent Tokofayi (photo).

Pour Gbagbo il vallait mieux sauver sa propre tête que de s’encombrer d’une opposition qui n’avait pas de repère fixe. Il vallait surtout mieux pour la Côte d’Ivoire avoir 1 (Burkina) contre soi que 2 (Togo + Burkina) dans la sous-région. La position de Wade était encore à l’époque moins tranchée contre Gbagbo.

Au debut de la crise en 2002 pourtant, certains rebelles Ivoiriens auraient été formés à Kpéwa au Togo et Gbagbo ne l’ignorait certainement pas. Mais face à ce que Eyadema considerait comme un manque d’égard pour lui le doyen, par Paris et par le jeune Compaoré que lui (Eyadema) et Houphouet avaient installé à Ouaga en écartant Sankara, on comprend aisément que le soutien du Togo à la rebellion ivoirienne ne puisse pas aller bien loin. Donc Gbagbo en a profité et cela a continué un peu sous Faure avant que Sarkozy ne rappelle fermement à l’ordre Lomé. L’envoi de troupes togolaises à Abidjan sous le couvert des Nations-Unis confirme bien que Lomé n’était pas en phase idéologique avec le pouvoir de Gbagbo.

C’est vous dire que Gbagbo ne soutenait pas idéologiquement le regime togolais, mais qu’il cherchait un appui strategique contre une rebellion organisée et soutenue par la très puissante France. Disons que c’est en grande partie cette ruse de Gbagbo qui lui a permis de tenir face à Paris déterminé depuis 2002 à en finir avec lui. On l’avait justement surnommé le « Boulanger » et pour cause. Au fait Aucun dirigeant Africain n’avait jamais tenu autant tête à la France et pour si longtemps.

Les 10 ans de Gbagbo auront permis la libre expression des intellectuels ivoiriens et de la jeunesse. L’art et la musique ivoirienne ont connu un boom sans précédent, concurençant et même éclipsant la Rumba congolaise. Ceci fait cruellement défaut partout en Afrique. Nous attendrons encore longtemps pour avoir un leader de la taille de Gbagbo sur le continent. Et puisque les détracteurs de ce visionnaire ont actuellement la haute main en Côte d’Ivoire, observons bien l’homme du FMI et des programmes d’ajustement structuel et on verra bien plus clair. Ouattara n’a aucune marge de manoeuvre pour travailler rien que dans l’intérêt de la Côte d’Ivoire et non de la France et du grand capital occidental. ADO peut avoir la meilleure volonté du monde, il ne pourra rien. Ceux qui l’ont porté au pouvoir ont un agenda avec lequel on ne joue pas. Le sociologue suisse Jean Zigler nous l’explique bien au sujet de Ouattara dans cette vidéo intitulée « Ouattara est un mercenaire de l’Occident » (cliquer sur l’image pour regarder la vidéo).

Le FRAC est fragilisé par son manque de ligne claire

Quid du FRAC, ce mouvement au Togo qui actuellement cause l’insomnie chez Faure Gnassingbé. Il faut dire tout simplement que ce mouvement qui peut bien être porteur du « printemps togolais » reste fragilisé par l’influence de gens comme Kofi Yamgnane, Michel Kalife Nadime et autres laquais du système françafricain qui soutient Ouattara. On a vu les sorties curieuses de Yamgnane en soutien aux bombardements et à la destruction de la Côte d’Ivoire. Ici encore c’est le confusionnisme ambiant qu’on constate dans les analyses des Togolais.

Pourtant on n’a pas à démontrer que Laurent Gbagbo demeurait le seul survivant des mouvements de démocratisation des années 90 qui ont suivi le discours de la Baule et la chute du mur de Berlin. La France avait tout étouffé de ce mouvement dans ses anciennes colonies d’Afrique. Seul Gbagbo se maintenait. Du Niger au Togo (songeons au 3 décembre 1991). Du Congo Brazaville, de  Bangui à Antananarivo, le mouvement était étouffé. Entre temps, un grand homme français fit cadeau à l’humanité de sa vie et de ses recherches en osant des livrres d’une rare intelligence que tous les jeunes Africains doivent lire. J’ai nommé François Xavier Verschaves. C’est lui qui inventa le terme Françafrique pour désigner le système politique non officiel et mafieux mis en place par de Gaule pour exploiter les anciennes colonies françaises d’Afrique. (Regardez une vidéo de Verschaves, Françafrique, l’envers de la dette 2)

Notez bien que les Yamgnane et Kalife ne faisaient pas partie des mouvements de démocratisation de l’Afrique dans les années 90. L’un servait le mystificateur Mitterrand et l’autre était conseiller économique d’Eyadema. J’espère que vous comprenez bien à quoi je fais allusion. On peut se demander comment ces individus là peuvent honnêtement participer à un vrai soulèvement du peuple Togolais au sein du FRAC aux côtés de ceux qui luttent depuis 1990 pour la liberté au Togo.

Idéologiquement, le FRAC est encore sans base solide et ses leaders semblent attendre quelque chose de Paris et non des peuples du Togo eux-mêmes. Ces peuples qui ne doivent pas se limiter à Lomé. La position ambiguë du FRAC par rapport à la crise ivoirienne suggère que les leaders du mouvents espèrent que Paris les installe au pouvoir comme Ouattara. Le vrai pouvoir pourtant provient des peuples d’Afrique et non des clins d’oeil à l’étranger. On l’a vu en Tunisie et en Egypte. Le FRAC peut mieux faire en éduquant sérieusement et profondément à travers des structures solides à mettre en place sur tout le Togo pour préparer à la vraie lutte de libération. Une lutte  qui ne doit pas nécessairement advenir aujourd’hui. Aussi, il faut préciser que l’idée d’une lutte de conquête immédiate du pouvoir et non de libération national est sans issue. On le sait par expérience depuis 1991. Chaque leader politique togolais a toujours tiré les ficelles de son côté au mépris de la nature colossale du régime en place, fortement soutenu par des puissances étrangères.

Or seul un peuple bien informé et éduqué peut venir à bout d’un tel système.

Par Joseph Takeli

Reflexion inspirée d’un débat sur Alafiaaaa, un groupe de discussion sur facebook