Le Blog de Aymard

La liberté d'expression dans sa quintessence

Archives de Tag: Cour Pénale Internationale

Pourquoi l’Afrique ne devait pas livrer Gbagbo à la CPI

Pour Mamadou Oumar Ndiaye, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire sénégalais « Le Témoin », nombre de dirigeants africains sont toujours les pions de l’Occident. L’Afrique est décidément un continent maudit et dont les dirigeants actuels appartiennent à la pire espèce qui puisse exister sur terre ! Voilà donc le seul continent au monde dont d’anciens chefs d’Etat sont détenus actuellement à La Haye, aux Pays-Bas, en vertu d’un mandat d’arrêt délivré par la Cour Pénale Internationale (CPI) devenue, par la force des choses, une Cour Pénale Africaine.

Bouc-émissaire de la CPI

En effet, les seules affaires instruites à ce jour par cette juridiction de Blancs pour juger des «Nègres » africains concernent sept pays du continent, à savoir l’Ouganda, la République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Darfour, le Kenya, la Libye et la Côte d’Ivoire. Sept pays africains, et pas un seul d’une autre région du monde. Vous voyez comment on se fout de la gueule de l’Afrique ?

Le pire et le plus grand mépris, c’est que la plupart de ces Etats qui siègent au Conseil de sécurité des Nations-Unies et qui saisissent cette Cour de violations présumées des droits de l’homme voire de crimes de guerre ou crimes contre l’humanité… ne sont pas signataires de la Charte de la même CPI !

Laquelle n’a donc pas le droit de juger leurs ressortissants qui appartiennent à une sorte de race aryenne qui serait supérieure à celle des êtres primitifs que nous serions. Ainsi, malgré les crimes abominables qu’ils commettent en Palestine, et les 1400 morts tués lors de l’opération Plomb durci à Gaza, en décembre 2008-janvier 2009 et malgré les conclusions accablantes du rapport Goldstone, ne vous attendez surtout pas à voir les dirigeants israéliens comparaître devant la CPI, encore moins à ce qu’ils soient emprisonnés à La Haye !

Non, encore une fois, un tel traitement de forçats et de galériens, on ne le réserve qu’à ces salauds d’Africains, surtout s’ils sont «Nègres » de surcroît, Arabes à la rigueur. Un Israélien à La Haye? Jamais! Quant à un Français, un Anglais ou un Américain, c’est tout simplement impensable! Ainsi fonctionne la «justice» internationale, à géographie variable et en fonction de la couleur de la peau… Selon que tu seras puissant ou misérable, disait La Fontaine. On pourrait ajouter: selon que tu seras Noir ou Blanc aussi…

Des Africains trahis par leurs propres frères

Hélas, comme du temps de la traite des «Nègres », lorsque c’étaient des Africains qui vendaient leurs propres frères aux négriers blancs, aujourd’hui encore, en plein XXIème siècle, la même pratique perdure. Ainsi, ce sont les dirigeants africains eux-mêmes, Nigeria en tête, hélas, qui ont livré l’ancien chef de l’Etat libérien, M. Charles Taylor, à la Cour Pénale internationale où il est détenu depuis. Une précision: c’est plus précisément le Tribunal spécial pour le Liberia qui a fait emprisonner Taylor, mais, pour nous, c’est tout comme.

C’est la «justice» des Blancs pour ces cons de «Nègres ». De même, c’est l’actuel président de la République de Côte d’Ivoire, M. Alassane Dramane Ouattara, président déclaré élu par la «communauté internationale» — en fait la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis d’Amérique — qui a remis son prédécesseur à la même CPI pour qu’il soit emprisonné à La Haye. Et à dix jours seulement des élections législatives en Côte d’Ivoire !

Curieuses élections législatives, du reste, puisque le chef du principal parti de l’opposition, détenu jusque-là à Korhogo, dans le nord du pays, est à présent livré à la justice des Blancs. Mais ce n’est pas tout puisque la plupart des dirigeants de ce parti, le Front patriotique ivoirien (FPI) sont soit en exil au Ghana, soit en prison, s’ils n’ont pas leurs avoirs gelés par le gouvernement du président Alassane Dramane Ouattara! Lequel vient aussi de jeter en prison trois journalistes ivoiriens.

Curieuse «victoire» aussi que celle de ce président Ouattara puisque acquise dans le nord de la Côte d’Ivoire contrôlé par ses milices armées, celles des Forces nouvelles, qui avaient refusé de désarmer et où, bien évidemment, ses partisans ont pu s’en donner à cœur joie, bourrant les urnes à volonté. Pas étonnant qu’il ait fait un triomphe dans ces contrées du Nord !

La mascarade ivoirienne

Il ne manquait plus dans ces conditions que les félicitations de la Mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Et elles sont effectivement venues, ces félicitations! Président de la République sortant d’un pays dont la moitié Nord était occupée depuis septembre 2002 par une rébellion armée et financée par M. Alassane Dramane Ouattara, M. Laurent Gbagbo a demandé un recomptage des voix. Un crime aux yeux de la communauté internationale qui a réagi en envoyant les militaires français de la force Licorne bombarder son palais durant des jours et des nuits jusqu’à incendier le réduit dans lequel il s’était réfugié avec son épouse et ses enfants.

Après quoi, le président français Nicolas Sarkozy a organisé un simulacre d’arrestation par les Forces «républicaines» de Côte d’Ivoire composées de seigneurs de la guerre qui ont massacré des populations de l’Ouest ivoirien, plus précisément à Duekoué, dans leur marche vers la capitale économique ivoirienne. Des forces cette fois-ci entraînées, armées et transportées par la France, comme l’a notamment révélé Le Canard Enchaîné.

Et voilà qu’Alassane Dramane Ouattara, président à la légitimité douteuse, livre à la Cour pénale internationale, son adversaire politique, c’est-à-dire l’homme qui, à bon droit, a refusé de reconnaître sa victoire tirée par les cheveux! On dit que les affrontements post-électoraux de Côte d’Ivoire ont fait quelques 3000 morts. Soit. Mais il faut considérer que la moitié au moins de ces morts est imputable aux braves forces «républicaines» dont les chefs dirigent aujourd’hui la nouvelle armée de Côte d’Ivoire. Bien évidemment, la complicité de la France n’est pas à exclure.

Mais bon, M. Laurent Gbagbo au moins peut s’estimer heureux de se retrouver à La Haye puisque le pauvre Guide libyen Mouammar Kadhafi, lui, n’a pas eu cette chance. En effet, il a été tué au moment de son arrestation par des sbires du Conseil national de transition (CNT) qui dirige désormais la Libye, après que le convoi de véhicules dans lequel il avait pris place a été bombardé par des avions de l’Otan.

L’Otan, qui agissait en vertu d’un mandat de l’ONU, lui demandant d’instaurer… une zone d’exclusion aérienne au-dessus du territoire libyen. Apparemment, le convoi du Guide libyen volait dans les airs… Kadhafi connaissant beaucoup de choses sur les dirigeants occidentaux, pas question de risquer un procès devant la CPI !

Certes, son fils Seif El Islam a été arrêté mais les dirigeants du CNT ne sont pas franchement chauds pour le livrer à la CPI. Un simulacre de procès à Benghazi pour qu’il n’incrimine pas d’anciens collaborateurs de son père comme un certain Moustapha Abdeljalil, nouvel homme fort de la Libye «libérée», arrangerait beaucoup de monde !

En Afrique, l’Occident est roi

Pour en revenir à ces Africains qui livrent leurs frères à la CPI, c’est-à-dire la justice des Blancs, on apprend qu’un juge kényan vient de lancer un mandat d’arrêt international contre le président soudanais Omar El Béchir déjà sous le coup de poursuites de la «justice internationale» c’est-à-dire de la CPI dont le fantasque procureur, Luis Moreno Ocampo, a lancé un mandat d’arrêt contre lui.

Prenant leur courage à deux mains, une fois n’est pas coutume, les chefs d’Etat membres de l’Union africaine ont refusé d’exécuter ce mandat. Il ne manque pas d’humour ce brave juge, ou alors il a la mémoire sélective, car dans son même pays, le Kenya, les affrontements post-électoraux de janvier 2008 avaient fait 1500 morts selon un bilan officiel publié le 25 mai entre partisans de Raila Odinga et de Mwai Kibaki.

Pour autant, aucun de ces deux dirigeants n’avait comparu devant la CPI puisque ces troubles particulièrement sanglants s’étaient conclus par… un accord de partage du pouvoir, le premier nommé devenant vice-président du second. Et ce, même si des seconds couteaux avaient été par la suite inculpés par l’inénarrable Luis Moreno Ocampo.

Laurent Gbagbo avait préconisé un scénario de sortie de crise à la kenyane, on lui avait répondu qu’une telle solution ne pouvait plus resservir! Et ce, alors qu’elle aurait pu, dès le départ, éviter au pays des Eléphants des milliers de morts… Que voulez-vous, la «communauté internationale» voulait à tout prix la peau de Gbagbo !

Reparlons des présidents africains qui avaient refusé d’exécuter le mandat d’arrêt contre leur collègue El Bachir du Soudan. Courageux, mais pas téméraires, il leur fallait bien donner des gages à leurs maîtres blancs, d’où la livraison du président Laurent Gbagbo dont même les chiffres de l’ONU ont reconnu qu’il avait obtenu près de 47 % des suffrages exprimés à la présidentielle de novembre dernier.

Autrement dit, c’est le président de presque un Ivoirien sur deux qui vient ainsi d’être livré comme un vulgaire malfaiteur à un procureur en fin de mandat qui, durant tout le temps qu’il a été en poste, n’a fait que pourchasser des Africains. Outre Gbagbo et Charles Taylor, les prisons de La Haye renferment en effet le sénateur et ancien vice-président de la République démocratique du Congo, Jean-Pierre Bemba, ainsi que de pauvres diables congolais comme Thomas Lubanga et autres.

Bref, dans les prisons de la CPI à La Haye, on ne trouve ni Asiatiques, ni Latino-Américains, ni Nord-Africains, encore moins des Asiatiques, seulement des Africains. Il n’y a pas à dire, nos dirigeants sont de vrais salopards !

Mamadou Oumar Ndiaye

Directeur de la rédaction de l’hebdomadaire sénégalais Le Témoin

Samedi à la Haye, Manifestation de soutien à Gbagbo

Ils étaient environ deux mille cinq cents (2500) ces Africains, ces Européens venus par autobus (15 de Paris à raison de 70 places chacun), du Royaume-Uni ( 2 de 60 places chacun), par train, par avion, par covoiturage de France, d’Espagne, d’Italie, de la Belgique, d’Allemagne, de la Suède, d’Amsterdam, de Rotterdam etc. à l’appel des représentations du Front populaire ivoirien (FPI) en Europe et des associations de résistance pour participer ce samedi 10 décembre, à un meeting géant aux abords du siège de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye, en Hollande. Les organisateurs de cette manifestation voulaient, par ce rassemblement, dénoncer l’arrestation irrégulière par les nouvelles autorités ivoiriennes et la remise dans la précipitation de Laurent Gbagbo à la CPI le 29 novembre 2011.

Les premiers groupes de manifestants partis la veille de Paris sont arrivés au petit matin de samedi, au lieu du rendez-vous, habillés pour certains aux couleurs nationales et pour d’autres de blousons noirs frappés au dos par des inscriptions : «NO GBAGBO NO PEACE». Ils fredonnaient en refrain: «Libérez Gbagbo! Gbagbo président ! Soro et Ouattara à la CPI !».

Esquissant quelques pas de dance aux percussions d’un tambour d’un autre manifestant, cette dame venue de Hambourg, dans le nord d’Allemagne, m’explique le sens du message que véhiculent les inscriptions «NO GBAGBO ! NO PEACE » sur son habit. Selon elle, «ces inscriptions sont à l’adresse de tous ceux qui se disent préoccupés par la recherche d’une paix durable en Côte d’Ivoire, au premier rang la Commission de réconciliation nationale et la communauté internationale qui devraient retenir que la solution passe par la libération immédiate du président Gbagbo». Avec qui «Soro et Ouattara voudraient-ils se réconcilier si Gbagbo, le vrai président, devait rester en prison ?», s’interroge-t-elle. Survient un autre manifestant, celui-là venu d’Italie, qui renchérit : «Gbagbo n’a jamais choisi la prison pour régler ses différends avec ses opposants ; il a toujours et toujours privilégié la discussion, non et non il ne mérite pas d’être trainé dans la boue, d’être humilié».

Il s’arrête un moment, comme s’il allait éclater en sanglots, puis se ressaisit et ajoute : «Si Gbagbo était un criminel, comme on veut nous le faire croire, en l’emmenant ici, à la CPI, il aurait déjà tué mille fois Soro, Ouattara et qui sais-je encore. Au lieu de les tuer, tout le monde le sait, Gbagbo, le président Gbagbo a envoyé Désiré Tagro pour inviter Soro et son parrain Blaise Compaoré du Burkina Faso à la table discussion. Il a dit à Soro, alors qu’il pouvait le donner à la CPI pour tous ses crimes, jeune frère, asseyons-nous et discutons. Et, contre l’avis de ses proches collaborateurs et amis, je cite par exemple Mamadou Koulibaly, le président Gbagbo a choisi de nommer Soro au poste de Premier ministre et de partager le pouvoir avec lui. Au lieu de dire merci président, il réclame justice contre lui. C’est ça la politique ? Je ne crois pas, c’est l’ingratitude. Mais que veut donc cette justice de Luis Ocampo, qui s’acharne après les victimes et protège les coupables ?»

Enfin ! «Comme l’a dit le président l’autre jour, devant la Cour, nous allons aller jusqu’au bout de cette histoire, et la vérité éclatera et on va savoir qui a fait quoi ; qui a tué, qui a violé, qui a divisé le pays, qui a pillé les ressources de notre pays ? Nous allons laver notre linge sale en public, c’est ça la volonté de Soro et Ouattara», conclut notre interlocuteur sur un ton plein d’émotion.

Vers 13 heures, la place était noire de monde ; le responsable du comité d’organisation prend alors la parole pour situer l’événement. Il entonne l’hymne national et la foule en chœur chante l’Abidjanaise. Puis Serge Kassy, l’infatigable patriote, est appelé au micro pour adoucir l’ambiance.

Il fait grâce à l’auditoire de son prochain single : «C’est vous» qui pointe un doigt accusateur sur qui sont les assassins, les criminels donc justiciables de la CPI. Suivons l’artiste :

«Ils sont partis dans le village de Blé Goudé

Ils ont tiré sur tout âme qui vit.

Ils sont allés dans le village de Didier Drogba,

Ils sont partis dans le village de Didier Drogba,

Ils ont tué tout âme qui y vivait.

Leur seul point commun,

C’est qu’ils viennent de l’ouest du pays,

Et qu’ils appartiennent à l’ethnie de Laurent Gbagbo.

Pour de simples élections,

Ils ont tué dans mon pays.

Egorgé, chassé tous ceux qui suivaient Gbagbo.

Je dis, c’est vous qui avez tué,

C’est vous les assassins.

La foule chauffée à blanc, -le thermomètre indiquait quatre degrés Celcius, le meeting peut débuter. C’est Guy Labertit qui prend la parole. Il remercie les participants et souligne que «c’est la première fois dans l’histoire qu’est organisé un rassemblement populaire pour soutenir un prévenu à la CPI» et d’ajouter que «si vous êtes là, c’est parce qu’il n’est pas normal que Laurent Gbagbo soit à la CPI». Il va ensuite s’appesantir sur la mission véritable de la CPI. La CPI, soutient-il, «ne dit pas le droit ; elle est là pour exécuter les volontés des grandes puissances occidentales». S’agissant de Laurent Gbagbo, dira l’orateur, «depuis qu’il a été élu en 2000 par le peuple de Côte d’Ivoire, et plus précisément depuis 2002, les puissances occidentales et la France en particulier n’ont eu d’autre dessein que de l’écarter de la présidence de la République de Côte d’Ivoire». Pour charger l’ancienne puissance tutélaire, l’orateur citera les coups d’Etat foireux de janvier 2001, de septembre 2002, les bombardements de Bouaké dans lesquels elle serait impliquée. Ces basses manœuvres ayant échoué, connaissant l’attachement de Laurent Gbagbo au suffrage universel, c’est au piège d’une élection truquée qu’ils réussiront, avec la complicité de l’ONU, à le prendre comme l’expliquera Guy Labertit.

Il soulignera que «pour relever le défi de l’élection, Laurent Gbagbo a «remis en jeu celui qui vient, aujourd’hui de façon odieuse, de le déporter de son pays, Alassane Ouattara. Si Alassane Ouattara a pu être candidat à l’élection présidentielle, il le doit à Laurent Gbagbo». Sur le truquage des élections de 2010, l’orateur qui dit avoir été témoin oculaire de leur déroulement donne quelque chiffres éloquents : «Sur 14 régions du pays qui représentaient 83% de l’électorat, Laurent Gbagbo avait plus de 7 points d’avance ; il avait 53,86% et Alassane Ouattara 46, 14%. Et sur les 5 régions du Nord qui représentent seulement 17% de l’électorat, le président Gbagbo qui avaient 7 points d’avance, s’est retrouvé avec 8 points de retard. Qui peut croire à la vérité de ce résultat ? M. Ouattara est à la tête de la Côte d’Ivoire à la base de résultats frauduleux qui ont été appuyés par la communauté internationale». Enfin, expliquera l’orateur, les élections de 2010 étaient une imposture qui justifie la précipitation avec laquelle Alassane Ouattara «a voulu se débarrasser de Laurent Gbagbo du territoire national parce que sa présence en Côte d’Ivoire est une gêne pour lui. ça lui rappelle en quelque sorte que ce pouvoir n’est pas pour lui».

La présence de Laurent Gbagbo à la CPI concerne toute l’Afrique c’est pourquoi Guy Labertit s’est réjoui de la présence dans la foule de plusieurs amis africains. Au rang de ces militants, on peut citer pêle-mêle Gatien Zoumako du Togo, Sessou Roger Kouassi du Bénin, résidant en Italie, représentant le conseil mondial du panafricanisme et Olivier Dossou, président du Cercle de réflexions sur les questions africaines et internationales (MORAF), résidant en Belgique. Sur le sens de leur présence, Olivier Dossou : «On parle de la Côte d’Ivoire, on parle du Bénin, on parle de nous Africains. Ils doivent donc se mobiliser et soutenir la cause ivoirienne qui est une cause commune, en tant qu’elle concerne la dignité de l’Africain qui doit se dresser contre la colonisation sous toutes ses formes, contre le racisme et contre la soumission».

Il était 16 heures (15 h TU) quand le meeting s’est terminé. Rendez-vous a été pris pour le 24 décembre 2011, cette fois devant la prison de Scheveningen, faubourg de La Haye, qui abrite le quartier pénitentiaire de La Haye où est détenu le président Gbagbo pour passer la fête de Noël avec lui.

James Cénach envoyé spécial de Notre voie à La Haye

Intégralité de la première audience de comparution du Président Gbagbo à la CPI

L’ancien président de la République de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, était hier lundi 5 décembre 2011, dans le box des accusés de la CPI (Cour pénale internationale) pour répondre aux questions d’ordre technique concernant l’ouverture de son probable procès.

Il avait troqué son éternelle chemise africaine pour une chemise blanche et une cravate.

Face à lui, à l’autre extrémité de la salle aveugle aux murs recouverts de panneaux de bois blonds hérissés de caméras, le procureur de la CPI Luis Moreno- Ocampo fixe du regard, en souriant, celui contre lequel il a obtenu un mandat pour crimes contre l’humanité.

La juge argentine Silvia Fernandez de Gurmendi, en robe noire aux revers bleus et plastron blanc prend la parole : « Je vous souhaite la bienvenue ».

Laurent Gbagbo se lève à la demande de la présidente, les deux gardes qui l’entourent, aussi. Il boutonne sa veste.

Silvia Fernandez de Gurmendi : Maintenant je voudrais m’adresser à monsieur Gbagbo et lui demander de bien vouloir se présenter. Je vous prie monsieur de vous lever. Je vous invite à nous dire quel est votre nom ainsi que votre date et lieu de naissance et votre profession actuelle.

Laurent Gbagbo : Bonjour madame la présidente, je vous remercie de me donner la parole. Je m’appelle Laurent Gbagbo, je vois ici Laurent Koudou Gbagbo. Koudou c’est aussi mon nom. Mais officiellement sur mes papiers, c’est Laurent Gbagbo. Donc l’affaire indique bien qu’il s’agit de moi.

Silvia Fernandez de Gurmendi : Je vous remercie, mais il nous faut connaître votre date de naissance et votre profession ?

Laurent Gbagbo : Je suis né le 31 mai 1945, à Gagnoa en République de Côte d’Ivoire.

Silvia Fernandez de Gurmendi : Merci beaucoup. Bien sûr, je constate que vous parlez le français, vous le parlez parfaitement.

Laurent Gbagbo : Oui, je ne parle que français, malheureusement !

Silvia Fernandez de Gurmendi : Je crois qu’il est utile avant de commencer de clarifier la nature et la portée de cette audience. Il est important de rappeler qu’il ne s’agit pas aujourd’hui d’un procès, mais d’une audience de confirmation des charges. Aucun élément de preuve ne sera recueilli ni présenté. Il n’y aura pas non plus des questions touchant à la culpabilité ou à l’innocence de monsieur Gbagbo. La portée de cette comparution initiale est limitée à trois questions conformément à l’article 61-60/1 du statut de Rome et l’arrêt 121/ 1 du règlement de procédure des preuves qui définissent l’objet de la présente audience de la façon suivante : premièrement, la Chambre Préliminaire doit s’assurer que la personne ayant fait l’objet du mandat d’arrêt a été informé des crimes qui lui sont reprochés. Deuxièmement, que la Chambre Préliminaire doit s’assurer que cette personne a été informée de ses droits tels que garantis par le statut. Et enfin, la Chambre Préliminaire doit fixer une date à laquelle elle a l’intention de tenir une audience relative à la confirmation des charges. Par conséquent, la Chambre va aborder de manière consécutive les trois questions faisant l’objet de l’audience d’aujourd’hui. Premièrement, mes collègues et moi, avons besoin de savoir comme cela a été exigé par l’article 60 du statut de Rome, si vous avez été informé des crimes qui vous sont reprochés. Monsieur Gbagbo s’il vous plait ?

Laurent Gbagbo : Oui, madame. J’ai été informé.

Silvia Fernandez de Gurmendi : Est-ce que vous souhaitez qu’on vous relise les crimes qui vous sont reprochés dans le mandat d’arrêt ?

Laurent Gbagbo : Je pense que ce n’est pas nécessaire madame.

Silvia Fernandez de Gurmendi : Monsieur Gbagbo, la Chambre doit aussi s’assurer que vous avez été informé de l’ensemble de vos droits tels qu’ils sont inscrits par le statut de Rome, notamment, l’article 67. Est-ce que vous avez été informé de vos droits ?

Laurent Gbagbo : Oui, madame.

Silvia Fernandez de Gurmendi : Je vous remercie. De toute façon, je voudrais répéter certains de ces droits, qui sont d’une importance particulière à ce stade de la procédure. Je vais rappeler que vous avez, entre autres, les droits suivants : vous avez le droit d’être informé, dans le plus court délai, et de façon détaillée, de la nature de la cause et de la teneur des charges dans une langue que vous comprenez et parlez parfaitement. Vous pouvez également disposer de l’assistance gratuite d’un interprète, si jamais le besoin se fait sentir et bénéficier de traduction nécessaire pour satisfaire aux exigences de l’équité. Vous avez le droit à disposer du temps pour faciliter si nécessaire la préparation de votre défense et communiquer librement et confidentiellement avec les conseils de votre choix. Vous avez le droit de garder le silence et vous ne pouvez pas être forcé de témoigner contre vous-même ou de vous avouer coupable. Vous pouvez également faire des déclarations dans le cadre de votre réponse sans que cela ne se fasse sous serment. Finalement, outre toute autre communication, comme prévu par le statut, les procureurs doivent communiquer dès que cela est possible, les éléments de preuves en leur possession ou à leur disposition qui vous disculpent ou qui tendent à vous inculper ou à atténuer votre culpabilité ou qui pourraient entamer la crédibilité des éléments de preuves à charge. Monsieur Gbagbo, je m’adresse à vous une nouvelle fois pour savoir si vous avez des observations à formuler sur les conditions de votre remise à la Cour Pénale Internationale ainsi que sur les conditions de votre détention au siège de la Cour à La Haye depuis votre arrivée ?

Laurent Gbagbo : Madame, les conditions de ma détention à la Cour ici à La Haye sont correctes. Ce sont des conditions normales de détention et même plus humaines. Mais ce sont les conditions de mon arrestation qui en sont moins. J’ai été arrêté le 11 avril 2011 sous les bombes françaises. Président de la République, la résidence du président de la République a été bombardée du 31 mars au 11 avril. C’est dans ces décombres-là le 11 avril pendant qu’on bombardait la résidence qui était déjà à terre. Une cinquantaine de chars français encerclaient la résidence pendant que les hélicoptères la bombardaient. C’est dans ces conditions-là que j’ai été arrêté. J’ai vu devant moi mourir mon ministre de l’Intérieur Tagro. J’ai vu mon fils aîné qui est encore détenu en Côte d’Ivoire. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi on l’a arrêté. Est-ce parce qu’il est mon fils ? J’ai vu mon médecin personnel qui était avec moi, le docteur Blé qui est encore à Korhogo. Je l’ai vu partir. J’ai cru même qu’il allait mourir. Dieu merci, il n’est pas mort. Tagro, mon ministre de l’Intérieur, a eu moins de chance. Je ne vais pas continuer parce qu’on n’est pas dans le procès. Mais je veux dire que les conditions de mon arrestation sont celles-là. C’est l’armée française qui a fait le travail. Et elle nous a remis aux forces d’Alassane Ouattara qui n’étaient pas encore les forces régulières de Côte d’Ivoire. Puisque les forces régulières travaillaient avec moi. On nous a donc amené à l’hôtel du Golf qui était le siège de campagne de M. Alassane Ouattara le 11 avril. Et le 13 avril, l’Onuci nous a transférés moi et mon médecin personnel à Korhogo qui est à peu près à 600 km au Nord de la Côte d’Ivoire. J’étais logé dans une maison. Il y avait un lit, une moustiquaire, une douche. J’avais deux repas par jour à ma demande parce qu’on m’avait proposé trois. Généralement, je ne mange pas trois repas par jour. Je n’en mange que deux. Donc, le problème n’était pas là. Mais je ne voyais pas le soleil. Je ne savais ce qui se passe dans le ciel que quand il pleuvait sur le toit. Les quelques rares fois où j’ai vu le soleil, c’est quand mes avocats sont venus. Ils ont vécu des difficultés. Maître Altilt est allé jusqu’à Korhogo. Il a fait deux jours dans cette ville. On l’a empêché de me rencontrer. Ça été tout le temps une bataille entre les avocats et mes geôliers. Je pense que ce n’est pas correct. Là aussi je vais m’arrêter parce que ce n’est pas une séance pour apitoyer les gens. J’essaie de décrire ce qu’il y a à dire. L’enfermement sans pouvoir marcher, sans pouvoir voir le ciel et sans pouvoir sortir. J’ai eu de nouvelles pathologies en plus de celles que j’avais déjà . Je ne suis plus un jeune homme comme vous le voyez Madame. Je ne suis plus un jeune de 20 ans ou de 30 ans. J’ai aujourd’hui 66 ans. Aujourd’hui, j’ai mal à l’épaule, à tous les poignets. Quand je suis arrivé ici même, heureusement on m’a fait des radios, on me donne des médicaments. Voilà ce que je souhaitais dire. Sur mon transfert à La Haye, Madame je suis toujours surpris par certains comportements. Si on m’informe que je vais à La Haye, je monte dans l’avion et je viens à La Haye. Mais là encore on nous a trompé. On m’a appelé pour me dire que j’allais rencontrer un magistrat à Korhogo dans le cadre de je ne sais plus quelle affaire. On a attiré mes avocats là-bas. Pendant qu’on discutait, un juge d’application des peines est arrivé avec un papier que je n’ai d’ailleurs pas lu. ‘‘Voilà le mandat d’arrêt. Donc, immédiatement, il faut qu’on fasse une séance’’. Ils ont improvisé une séance alors que mes avocats n’étaient pas préparés à cela. Moi, non plus. Ils ont improvisé là une séance de jugement pour que la Cour donne son autorisation à mon enfermement. Madame, je ne regrette pas le fait que je sois là . On va aller jusqu’au bout. Mais je dis qu’on peut faire les choses un peu plus normales. On n’a pas besoin de se cacher. J’ai dirigé ce pays pendant dix ans. Je n’ai pas fait cela. Lorsque cette séance volée s’est achevée, mon geôlier m’a pris dans la voiture pour me ramener à mon lieu de détention. Et puis un moment, j’ai vu qu’on dépassait ce lieu de détention. Je lui ai signalé cela. Il m’a dit ceci : ‘’on va à l’aéroport parce qu’il n’était pas éclairé. A partir de 18 h 30, il faut que l’avion s’envole’’. Je lui ai demandé où je partais en avion. Il n’a même pas eu le courage de me dire que je venais à La Haye. Il m’a dit que je venais à Abidjan. Alors, j’ai ri parce que j’avais compris. C’est comme cela que je suis venu sans rien à part mon pantalon et ma chemise. Sans rien du tout. Je signale cela pour que vous puissiez prendre des précautions pour que prochainement dans d’autres pays, dans d’autres cas, cela ne se répète plus parce que ça ne sert à rien. Cela fait croire qu’il y a des gens qui sont de mauvaise volonté, qui n’ont pas envie de comparaître. Si on m’accuse, c’est qu’on a des éléments de preuves pour m’accuser. Donc, je comparais. Je vais voir ces éléments de preuves. Je vais les confronter à ma vérité à moi et puis vous jugerez. Mais ce n’est pas bon que l’on essaie de jouer des petits tours de passe-passe. Madame, voilà ce que je voulais dire. Sur les conditions d’arrestation, de transport et de transfert. Voilà Madame. Ici, je vis normalement. Je n’ai pas de problèmes.

L’audience de confirmation des charges qui pèsent contre le Président Laurent Gbagbo, a été fixée au 18 juin 2012 par la Cour pénale internationale.

De Laurent Gbagbo, du droit international et de la CPI…

Si Les voies du seigneur sont impénétrables, celles de la justice pénale internationale s’apparentent à une autoroute à sens unique, reliant l’Afrique à la cour pénale de la Haye. Cette voie rapide, balisée par les puissances occidentales, Laurent Gbagbo l’a emprunté le Mardi 29 Novembre. Par voie aérienne en direction de l’aéroport de Rotterdam, à bord d’un avion “gracieusement” affrété par l’armée française, puis par voie terrestre en direction de la prison de Scheveningen.

Les mains propres…

Alassane Ouattara, le Ponce Pilate ivoirien, n’aura pas besoin de se laver les mains, le sale boulot aura été abattu par Guillaume Soro​, mais surtout par l’ami Nicolas Sarkozy​. Un homme attentionné ayant poussé la délicatesse jusqu’à déloger l’ancien chef d’état ivoirien de sa résidence abidjanaise avant de lui offrir un billet d’avion gratuit pour les Pays-Bas. L’épilogue de la crise née à la suite de la contestation des résultats du second tour de l’élection ivoirienne était prévisible et attendu. Dans un ordre juridique international où force fait droit, le transfèrement de Laurent Gbagbo vers la CPI n’était qu’une question de temps d’autant plus que le nouveau contremaitre ivoirien, le préfet-sident Alassane Ouattara​ n’a jamais brillé par sa finesse politique. Alors que les bandits en babouches du CNT, amis du comique troupier BHL, ont tenu à juger le fils Kadhafi eux-mêmes, le chef d’état ivoirien a préféré se débarrasser de l’homme ayant rassemblé il y a un an, la moitié des suffrages ivoiriens, cela deux semaines avant la tenue d’élections législatives qui seront , sans doute aucun, transparentes et démocratiques…

Temps long et perspectives…

Le renvoi de l’ex-président ivoirien dans le box des accusés de la CPI est à analyser non pas à travers le prisme de la politique interne ivoirienne mais l’aune des enjeux géopolitiques internationaux. Cette nouvelle donne ayant consacré une France bras armé des Etats-Unis en Afrique, ayant procédé, au nom de la fameuse « Communauté internationale », à la mise à jour partielle du partage berlinois de 1885. En effet il faut se replacer dans un temps long et adopter une perspective plus large pour contextualiser et redonner tout son sens à la mascarade judiciaire qui va nous être servie par la CPI. Il est également nécessaire de s’écarter de la dialectique imposée par les médias de masse occidentaux en général , français en particulier, qui ont transformé une situation politique interne complexe, modelée par la réalité souterraine des rapports de force internationaux en affrontement binaire et manichéen entre le méchant Laurent Gbagbo, «l’africain», et le gentil, car presque blanc, Alassane «voyez ma femme » Ouattara.

Il faut comprendre l’absence d’objectivité des médias français comme la manifestation involontaire des forces invisibles (non mystiques ou occultes mais œuvrant à l’abri du regard du public) qui permettent à la France et ses entreprises de maintenir une présence intéressée et spoliatrice sur le sol africain.

Par ailleurs, cette présence subie à contrecœur par les dirigeants africains ne peut être l’objet de contestation. La situation économique catastrophique du bloc occidental impose de facto la mise au pas des récalcitrants. Laurent Gbagbo qui s’était manifesté à l’ancien maitre par son insolence et une relative liberté de ton ne pouvait qu’être écarté du pouvoir. Sa volonté de ne pas respecter le diktat élyséen amenât Sarkozy à personnaliser l’affrontement. Dès lors son sort était scellé et le châtiment à venir, exemplaire. Au grand dam d’Alassane Ouattara, une sortie à la Kadhafi lui sera épargnée. Il sera à la place, exposé telle une bête de foire, dans le box d’une cour internationale, émanation d’une justice qui loin d’être aveugle est totalement instrumentalisée.

La sélection naturelle…

Alors que les plus grands criminels internationaux se recrutent majoritairement dans les pays occidentaux : M. Kissinger responsable des bombardements des populations civiles au Laos et au Cambodge, de l’installation de Pinochet et du renversement d’Allende , de la tentative d’assassinat de Mgr Makarios à Chypre entre autre méfaits, messieurs Bush, Cheney et Rumsfeld responsables au bas mot de la mort de 655 000 civils irakiens au cours de la fameuse seconde guerre d’Irak, d’un coup d’état lamentablement manqué en 2002 contre Hugo Chavez, messieurs Obama, Cameron et Sarkozy responsables de la guerre en Libye, ayant coutée la vie à plusieurs dizaines de milliers de civils libyens, Laurent Gbagbo se voit attrait devant la CPI pour les 3000 morts du conflit post-électoral ivoirien. Est-il manquer de respect aux victimes de ce conflit, attisé délibérément par la France et la «Communauté internationale» (refus du recomptage des bulletins de vote au profit d’un bain de sang), que de dire que la qualification de crime contre l’humanité chantée à tue-tête par les thuriféraires de l’ordre juridique international, ne repose sur rien d’autres que des hypothèses non vérifiées et une distorsion de la réalité ?

Honneur à l’Afrique…

Le rapport sur le massacre de Duékué, imputable aux brigands armés ouattaristes (soutenus par une France qui ne peut s’empêcher d’être partie liée aux génocidaires et criminels de tout poil opérant sur le sol africain…), rédigé par l’organisation humanitaire pourtant partisane Human Right Watch, dressait pour ce seul méfait une fourchette de 800 à 1500 civils tués. Alassane Ouattara, autorité suprême de cette soldatesque devrait, selon les règles élémentaires de l’algèbre se trouver aux cotés de Laurent Gbagbo, s’il était réellement question de rendre justice.

Il n’est pas question de deux poids deux mesures, car l’on serait encore dans le cadre d’une justice respectant des règles vérifiables car quantifiables. Non il s’agit d’une justice folle et opportuniste, contextuelle et arbitraire, que Clausewitz aurait pu qualifier de poursuite de la politique par d’autres moyens. Le chef d’état africain était déjà réputé pour sa valeur bon marché sur le plan politique : il ne coutait pas grand-chose de le porter au pouvoir et une fois installé, il n’était pas onéreux de le soudoyer. Il est aujourd’hui de notoriété public qu’il est facilement transférable devant la CPI, et est le seul type de chef d’état qu’on y juge. La CPI devrait penser à s’installer en Afrique, elle réduirait ses frais et n’ayant vocation à juger que les récalcitrants continentaux elle prendrait toute sa dimension…

Un avenir en pointillé…

Jean Ping avait gesticulé il y a quelques mois, menaçant les européens qui financent l’organisation qu’il représente, l’UA, de créer une juridiction pénale propre à l’Afrique. Force est de constater qu’il s’agissait de paroles en l’air qui ne pouvaient être suivies d’effet. L’Afrique et les africains s’apprêtent à boire une pleine coupe de potion amère lors de la tenue des audiences à venir. L’humiliation de la capture de Laurent Gbagbo par les troupes françaises, maquillée en victoire de l’armée d’Alassane Ouattara, ne sera rien face à la mise en scène racoleuse à venir.

La vérité nue et froide s’impose aux peuples africains aujourd’hui et plus que jamais, la liberté et l’indépendance n’ont toujours pas trouvé le chemin devant les mener au continent noir. La configuration des rapports de force, et les affrontements bloc à bloc à venir, incitent au pessimisme. L’Occident et plus particulièrement les Etats-Unis sur le déclin, vont chercher à garantir leurs positions et leurs intérêts, notamment en Afrique où la lutte avec la Chine fera deux victimes déjà désignées : l’Afrique et ses populations.

Le plan américain de recolonisation de l’Afrique, ébauché avec l’AFRICOM, a pris forme avec le renversement de Laurent Gbagbo et l’assassinat de Mouammar Kadhafi. Dans la foulée, le prix Nobel de la guerre, Barack Obama a annoncé le 14 octobre dernier l’envoi de troupes spéciales en Ouganda. Bien évidemment les raisons invoquées pour justifier le déploiement d’hommes et l’acheminement de drones, afin de lutter contre une LRA* qui ne compte que 400 hommes, sont d’ordre humanitaire.

Ce mensonge peu discuté dans les grands médias n’est qu’une étape qui verra le déploiement de troupes américaines en RDC et au Sud-Soudan. La lutte avec la Chine promettant d’être rude, il est impératif pour l’Oncle Sam de disposer de forces sur places. A terme les Etats-Unis prévoient d’installer plus de 120 000 hommes en Afrique, pour lutter disent-ils, contre le terrorisme…

La force ne fait ni droit ni justice…

Le contexte international indique que l’Afrique sera, pour les décennies à venir, le continent-trophée que se disputeront occidentaux et chinois. L’Afrique récoltera mécaniquement ce qu’elle sème aujourd’hui, notamment les effets secondaires du lâchage en règle de Laurent Gbagbo par ses pairs africains. Aux yeux de l’Occident, il ne s’agit aucunement de justice, mais de l’imposition d’un rapport de force et d’une mise en garde. Au-delà de la tragédie personnelle pour Laurent Gbagbo et ses proches, au-delà des troubles inter-ivoiriens que risque de déclencher cette forfaiture, c’est une certaine image de l’Afrique qui se dessine en creux. Celle d’une Afrique inféodé aux multinationales occidentales, sous tutelle et qui fait peu de cas de sa fierté. Les dégâts causés par cette énième humiliation dans l’inconscient collectif africain, ne se mesureront qu’avec le temps, mais une chose est certaine, il n’y a pas matière à se réjouir pour l’Afrique. Il faut ici le répéter, il ne s’agit pas de justice, mais de rapports de force internationaux.

Il faudrait être tombé bien bas pour reconnaitre à l’Occident la moindre parcelle d’une légitimité lui permettant d’assurer le respect de la justice et des droits humains, lui qui sait si bien les bafouer lorsqu’il est question de sa survie et de la défense ses intérêts…

Ahouansou Séyivé

Ancien militant du Parti socialiste français

Animateur du blog (Alternatives et Cohérence)

*LRA : Lord’s Resistance Army

Comprendre l’inculpation du Président Laurent Gbagbo par la CPI

Comment comprendre l’inculpation du Président Laurent Gbagbo de Côte d’Ivoire par la Cour Pénale Internationale ? Je vous mets ce petit passage extrait du nouveau livre en préparation qui reprend tous les articles et Editoriaux que je publie régulièrement et qui sera dans vos librairies en Français et en Anglais dès le début d’année :

« Dans l’empire Romain, le mot « Dictateur » désignait un Magistrat souverain qu’on nommait dans des circonstances critiques pour rétablir la paix. Aujourd’hui, ce mot désigne un chef qui exerce un pouvoir absolu et de façon arbitraire. Dans les deux cas, que ce soit dans la période de l’empire romain que de nos jours, il y a une condition commune, c’est que le « dictateur » a un pouvoir souverain et ensuite qu’il a la liberté de l’exercer. Le vrai dictateur a un cahier de charges, il a une vision qu’on peut partager ou non, mais il a un idéal de société et c’est pour atteindre cet idéal qu’il est certainement obligé de passer par des raccourcis détestables. On l’a vu en Russie avec Staline, en Chine avec Mao.

Ceux qu’on désigne pour « dictateur » en Afrique ne correspondent jamais à ce cas de figure, puisqu’il ne bénéficie de cette dénomination que le jour où il décide finalement de cesser de s’occuper des lobbys occidentaux pour s’occuper de son peuple; que lorsqu’il décide de remettre en question le statu quo des contrats injustes d’exploitation des ressources minières de son pays.

En Afrique, les présidents décrits comme démocrates et aimés par l’Occident sont ceux qui baissent leur culotte à cet Occident, comme l’a dit l’ancien Président Lula aux Chefs d’Etat Africains lors du sommet de l’Union Africaine a Malabo, en Guinée équatoriale en Juillet 2011. Tant qu’un Président Africain baisse son pantalon et laisse l’occident faire tout ce qu’il veut, il peut faire 100 ans de pouvoir, jusqu’à ce que l’Alzheimer l’immobilise et ensuite il cède sa place à son fils, l’Occident continuera à applaudir à dix doigts.

A sa mort, il aura des chefs d’état occidentaux à ses funérailles, pour avoir bien servi les intérêts autres que ceux de son pays. Celui-là, qu’il soit issu d’un coup d’état bien préparé et financé par Paris ou Londres, peu importe, il est un « démocrate », sa pléthore de conseillers occidentaux qui l’entourent sont là pour l’acclamer dans le monde entier, pourvue qu’il tienne la culotte toujours baissée. Et si par malchance il quitte le pouvoir avant, il peut toujours se réfugier en Occident, dans sa « Normandie Natale » ou présider une organisation bidon dans tous les cas, il sera toujours très bien remercié pour services rendus.

A l’inverse, dès lors qu’il remet en cause les accords qui lient son pays à un certain nombre de sujets avec l’Occident, c’est son arrêt de mort. Le système a préparé pour lui toute une armada d’options qui ne lui laisse aucune porte de sortie honorable : d’abord des Africains pour le combattre et lorsque cela ne suffira pas, il y a la Cour Pénale Internationale et le Tribunal Pénal International pour finir le travail, quand ce ne sont pas les bombes de l’OTAN pour le tuer (…)

« La Suite dans le « Manuel de Géostratégie pour l’Afrique« 

Sortie : Février 2012 – Edité par l’Institut d’Etudes Géostratégiques » Genève
(Suisse).

Jean-Paul Pougala

pougala@gmail.com 

www.pougala.org

(*) Jean-Paul Pougala est un Ecrivain Camerounais, Directeur de l’Institut d’Etudes Géostratégique et Professeur de Sociologie et Géopolitique à la Geneva School of Diplomacy de Genève en Suisse.

Côte d’Ivoire : Laurent Gbagbo à la CPI

L’hypothèse tant redoutée par les ivoiriens depuis des semaines s’est produite. Le procureur d’Abidjan a reçu ce mardi un mandat du plaisantin et raciste argentin Moreno Ocampo demandant le transfèrement du président Laurent GBAGBO au Tribunal Pénal International. La justice de Côte d’Ivoire a décidé de livrer le Président Laurent GBAGBO au tribunal pénal international. Les événements se sont accélérés ces dernières 24h. En cours de journée, les avocats de Laurent Gbagbo ont été officiellement informés que le procureur d’Abidjan avait reçu un mandat de la CPI datant du 23 Novembre demandant à la justice ivoirienne de décider si oui ou non elle lui livrait Laurent Gbagbo. Cette dernière a décidé de le transférer à la Haye pour y être jugé.

Le président Laurent Gbagbo, accusé par Ocampo de je ne sais quoi a donc quitté mardi soir la Côte d’Ivoire pour la Haye.

Kenya : Un juge lance un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir afin de le livrer à la CPI

On aura tout vu en cette année 2011. Les Africains ont encore du chemin à parcourir. Le fait de ne pas aimer un homme ne peut pas nous amener à l’envoyer à la vindicte. Comment demander l’arrestation d’un Chef d’Etat en exercice ?

Un juge de la Haute Cour kényane a lancé lundi un mandat d’arrêt contre le président soudanais Omar el-Béchir ; ce dernier étant déjà poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) pour génocide et crimes contre l’humanité au Darfour.

« Le tribunal en conséquence délivre un mandat d’arrêt contre Omar el-Béchir à la demande du requérant (ICJ Kenya). Il reviendrait au Procureur général et au ministre de la Sécurité intérieure d’ordonner cette arrestation s’il devait remettre les pieds au Kenya« , a déclaré le juge de la Haute Cour du Kenya, Nicolas Ombija.

Cette décision prendrait aussitôt effet si le président soudanais entrait sur le territoire kenyan. Selon la Haute Cour, le gouvernement aurait pour obligation de l’arrêter et de le livrer à la Cour pénale internationale (CPI) devant laquelle il devrait répondre d’accusations de génocide et de crimes contre l’humanité.

Les juges de la CPI avaient délivré le 12 juillet 2010 un mandat d’arrêt contre le président Soudanais pour génocide au Darfour, après avoir lancé le 4 mars 2009 un premier mandat pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

La Cour avait demandé au Kenya « de prendre toute mesure nécessaire pour s’assurer que le président du Soudan, Omar el-Béchir, soit arrêté et remis à la Cour s’il visite le Kenya le 30 octobre (2010) à l’occasion d’un sommet régional ».

Le sommet avait ensuite été repoussé et déplacé à Addis Abeba, l’Ethiopie n’étant pas signataire du Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI.

L’Union africaine a à plusieurs reprises appelé ses Etats membres à ne pas arrêter le président soudanais, accusant la CPI de concentrer ses poursuites contre les seuls responsables africains et estimant que l’arrestation d’Omar el-Béchir serait nuisible à la recherche de la paix entre les deux Soudan.

Libye : cas d’école de la lutte idéologique

Libye : cas d’école de la lutte idéologique par, Omar Mazri sur libération-opprimés

Dans « Libye : cas d’école de la lutte idéologique » nous avons vu quelques aspects de la lutte idéologique : guerre psychologique,  guerre médiatique, instrumentalisation des appareils bureaucratiques onusiens, faux témoignages des droits de l’homme et caution des rentiers de l’Islam qui tous ont donné la caution idéologique, politique, morale et religieuse à l’agression d’un pays souverain par la coalition néo colonialiste et islamophobe. Lutte idéologique ou les idées de la Jamahiriya libyenne ont été matraquées au profit d’une lecture ethnocentriste de la démocratie et des droits de l’homme contre la démocratie directe, décentralisée et participative, au profit d’un mode de vie occidental au détriment du progrès social atteint par les Libyens, au profit d’une illusion de Charia islamique par des cœurs qui ne connaissent ni la miséricorde ni la loyauté ni la vision géostratégique au profit d’une caricature épouvantail de l’Islam qui sert les intérêts des néo Croisades et dessert les intérêts des Musulmans.

La lutte idéologique vise à imposer les idées de l’Occident colonisateur et à faire taire toute voix et toute idée qui lui sont hostiles, différentes ou indépendantes. La lutte idéologique fait taire par différents moyens : diaboliser et criminaliser le porteur de l’idée sinon l’éliminer physiquement, faire porter ses idées par ceux qui ont la vocation de les falsifier ou mal les représenter, donner la parole à ses détracteurs et isoler le porteur de l’idée, pousser ses auditeurs (peuple, lecteurs, partisans) à douter de lui ou à s’occuper d’autre choses grâce au mensonge, à la diversion, au sensationnel, à la manipulation.

Nous avons vu que cette lutte une fois qu’elle a atteint son objectif, assassiner Mouammar Kadhafi elle s’est appuyé ensuite à faire de la diversion en faisant circuler l’idée que Seif-al- Islam allait se rendre à la cour pénale internationale. La lutte idéologique visait trois objectifs : Accréditer l’idée que Kadhafi aurait des révélations et que sa mort est un soulagement pour tout le monde et que Seif-al-Islam en se livrant allait faire la lumière sur ses révélations et rendre justice à son père. La lutte idéologique consiste à nous faire croire que la CPI est un tribunal de justice et non un instrument juridico politique de la lutte idéologique. En accréditant cette thèse par la force de persuasion nous faisons oublier l’essentiel : l’agression de la Libye par l’OTAN et son soutien par des savants religieux musulmans est une agression pure et simple, une transgression flagrante du droit international et une transgression de la Charia islamique dont les savants musulmans et les prédicateurs inféodés n’ont jusqu’à présent fournis aucunes justifications religieuses et ne pourront jamais donner au monde musulman une explication pouvant répondre à la question si tuer un prétendu tyran doit passer par la destruction d’un pays, la mort de milliers d’innocents et sa mise sur la voie d’une guerre civile de 100 ans allumée par une forteresse militaire et pétrolière américano sioniste.

Mettre la lumière sur Seif-Al-Islam est un objectif de la lutte idéologique pour faire de la Libye non plus une affaire du peuple libyen mais une affaire de famille dont il faut éradiquer tous les membres pour faire diversion le temps de mettre les tribus libyennes dans une guerre de mille ans et le temps de voir comment le FMI, la Banque mondiale et l’armée Égyptienne allaient mettre au pas cadencé la révolution égyptienne. Si en Tunisie les vainqueurs islamistes ou laïcs sont prêts à composer avec l’armée tunisienne, le département d’état américain et prendre pour modèle la Turquie hybride et pragmatique d’Erdogan les choses ne se dessinent pas nettement en Égypte avec ses 80 millions d’habitants, l’éclatement des frères Musulmans en cinq parties ingérables, les Nassériens, le mouvement Kifaya, les jeunes révolutionnaires qui continuent de remettre en cause le maréchal et les généraux égyptiens, un rapprochement d’une partie des révolutionnaires avec l’Iran, la frontière avec Israël…

Mettre la lumière sur Seif-al-Islam c’est bien entendu organiser une traque à l’homme comme du temps des cow-boys et des indiens et faire oublier l’assassinat d’un chef d’état dans des conditions justiciables.

C’est aussi faire écran à l’assassinat de l’autre fils de Kadhafi, Mou’tassim billah, qu’on veut montrer comme le fils d’un tyran qui a des privilèges alors qu’il est un général d’armée, issu des écoles militaires et qui a servi son pays en résistant contre l’agression de l’OTAN comme le lui commande son honneur d’officier. Fait prisonnier par l’OTAN il avait droit aux traitements dus à son rangs d’officier de haut rang et à aux respects de la convention de Genève. C’est un crime de guerre que de porter atteinte à la vie, à la dignité et au rang d’un soldat capturé sur le terrain de la bataille. Si l’OTAN peut se permettre de trafiquer les images, les réalités, le Musulman sait qu’il y a le regard d’Allah qui voit et que l’excuse irresponsable des lâches et des inconscients qui nous ont amené à cette nouvelle Nakba «  Il n’a eu que ce qu’il mérite » est la pire transgression envers un prisonnier de guerre de surcroit musulman, fils de musulman, car il s’agit bel et bien d’une guerre où se réjouir et jouir de la défaite même de son ennemi mécréant est tragique. L’Islam est par définition l’Honorificat de l’homme et la Justice. Les Musulmans n’ont pas vocation à humilier les gens ni à se réjouir de leur malheur. La biographie de Mohamed (saws) est là pour témoigner. Salah Eddine libérant Jérusalem est un exemple parmi tant d’autres.

La lutte idéologique continue prenant pour cible Seif-Al-Islam pour en faire l’arbre qui cache la forêt. Le tragico comique est que les « défenseurs de la résistance libyenne » tombent dans le jeu en se faisant les colporteurs des idées nocives et mortifères de la lutte idéologique. Ainsi Seif-Al-Islam est au courant des transactions que Kadhafi faisait pour le transfert de l’uranium dont on a trouvé des futs jetés dans le désert. Bien entendu personne ne viendra nous dire que la Libye « libérée » sera bientôt le plus grand dépotoir de déchets nucléaires et toxiques de l’Occident. Ainsi Seif-Al-Islam est destinataire d’une feuille de route terroriste que Kadhafi lui a léguée pour le venger après sa mort et bien entendu Seif-al-Islam est dépositaire des clés et des codes de la fortune colossale que Kadhafi a détourné à son profit. On continue de salir la mémoire d’un homme assassiné, de se donner bonne conscience en faisant des révélations, de restreindre les libertés individuelles et collectives au nom de Ben Laden ou de Kadhafi qui sont les produits d’un Occident belliqueux et prédateur condamnés à générer sa propre contradiction. Pour son bonheur, face à lui il n’y a ni idéologues ni politiciens, ni intellectuels ni gouvernants qui gèrent ou qui dévoilent ses contradictions structurelles le laissant ainsi lui-même toute la latitude de les gérer, de les maquiller et de nous les revendre à son avantage.

Les Russes experts en pragmatisme capitaliste, en réalisme géopolitique mais aussi en dialectique léniniste nous envoie ce message : « Le fils de Kadhafi Seif-al-Islam qui était jusqu’à présent chef du service spécial « Mukhabarat » (police secrète) jure de venger son père en luttant jusqu’au bout. Donc, le défunt colonel a «bien» légué son plan de «vengeance après l’écroulement du régime». La presse égyptienne, travaillant encore sous ordre des « Mukhabarat », écrit que « l’ex-leader de la Jamahiriya a été l’idéologue et le sponsor du plan secret de «vengeance après la chute du régime». Il a formé un groupe de terroristes internationaux à qui il a légué 28 millions de dollars. Le plan suppose des attentats en Libye, dans les pays arabes et européens. » Les journalistes arabes écrivant en arabe ou langue étrangère ne connaissent pas le conditionnel ou bien continuent d’écrire en lisant les flashes des agences y compris celle du Mossad sans discernement car la culture du bureaucrate et du vassal est enracinée. Il y a eu un début de révolution mais le temps semble s’arrêter entre un passé qui n’est pas révolu et un avenir qui ne veut pas naitre présageant d’une implosion ou d’un avortement de morts nés.

Au-delà du futur hypothétique ou du conditionnel la vérité est tout autre.

Seif-Al-Islam était préparé à jouer un autre destin dans la Libye que celui de venger son père et d’être le chef des terroristes internationaux à la place de Ben Laden. Il semble que la France, sa diplomatie, son armée et son BHL avec leur brutalité traditionnelle ont détruit le plan anglais plein de finesse mais plus nocif, et cela explique sans doute les fuites sur les désaccords entre anglo-saxons et latins avant et après l’assassinat de Kadhafi. Si j’ai écrit près de 300 pages d’analyse sur la Lybie c’est que j’ai probablement lu au moins dix fois plus pour tenter de comprendre et me positionner avec plus de justesse et de justice depuis le début dans une posture d’opposant à Qaradhawi, aux pantins du CNT et aux apprentis révolutionnaires algériens qui font abstraction des processus objectifs socio historiques ou des conditions subjectives psycho spirituelles d’une révolte ou d’une révolution qui ne s’importe pas comme on importe une voiture ou un métro.

La vérité, vraie ou rendue vraisemblable par la lutte idéologique est implacable. Elle est surtout impitoyable quand elle est aux mais des dominants et de leurs vassaux. Seif-al-islam, n’est qu’un simple instrument dans la lutte idéologique qui rappelons-le peut prendre des formes de guerre psychologique, médiatique ou militaire. Si cela convient aux maîtres du jeu, ceux qui nous livrent la lutte idéologique, ils vont le garder vivant, traqué, ou caché oublié sinon ils vont le liquider, le lyncher ou le livrer aux caméras dans un box des accusés ne comprenant toujours pas avec son air naïf ce qui lui arrive car le jeu dépasse sa propre personne et nos propres individualités. Nous sommes face à un empire en perte de puissance et en voie de déclin qui doit montrer sa cruauté et sa capacité de nuisance face à des dominés qui ne voient pas que le dominant est vulnérable malgré son armada sophistiqué. Le plus grand reproche que je fais à Qaradhawi et à ses prédicateurs c’est de ne pas voir la vulnérabilité de l’empire et ses instincts de prédation et de se focaliser sur un homme et sur un pays comme s’ils étaient les maitres du monde ou les maitres du jeu.

Je reprends mot-à-mot l’analyse d’un Algérien censurée car elle pointe dans le mille : « Seif-el- islam a fait ses études en Angleterre, et sur le plan idéologique il a été bien pris en charge par l’empire et la Cité de Londres, la cité du Griffon. Le griffon (la bête qui fait son nid avec des pépites d’or) veille depuis cinq siècles sur les trésors de cette cité. Ce n’était pas dans l’intention de Mouammar el Kadhafi de faire son héritier mais c’était dans celui de la cité de Londres… En 2005 et 2006, leurs relations s’étaient vraiment envenimées. Seif El Islam s’était éloigné de son père et partit pour une tournée occidentale exposée ses peintures. De passage au Canada, à voir la faune qui se précipitait au vernissage de ses peintures, on ne pouvait que rester perplexe pour qui ne connaissait pas les vrais raisons de cet engouement. À sa défense, on pouvait ajouter qu’il était naïf, très naïf, une naïveté qui perçait à travers ses tableaux en hommage à la cause palestinienne. Il faut être naïf pour dénoncer la bête en mettant sa tête dans sa gueule. D’ailleurs en mars 2011, il avait récidivé à Londres. Voici une critique du Gardian sur sa peinture : «Le fils du colonel Kadhafi est sans doute un ambassadeur culturel compétent, mais comme peintre, il n’est même pas un amateur doué : son sentimentalisme n’a d’égal que son incompétence technique.» Cette critique acerbe est faite par une crypto-sioniste Jonathan Jones qui ne voit le beau que dans son minois. ».

En effet l’impérialisme investit ses pépites sur les naïfs ou sur les ambitieux sans scrupules mais jamais sur des hommes avisés, doués et d’un caractère trempé. Cela ne veut pas dire que Seif-al-Islam était un traitre mais qu’il était malléable et qu’il pouvait à son insu être projeté au devant de la scène et mis sous les feux de la rampe comme successeur de Kadhafi. Ils sont sur tous les plans des oppositions de caractère et de vision du monde. Le père est anti occidental, bédouin, africaniste, machiavélique. Le fils est angélique, naïf, occidentalisé, « civilisé ». Là où le père est sous pression internationale, le fils apparait comme l’homme de la situation en faveur de l’ouverture vers l’Occident. L’Occident dans sa lutte idéologique met plusieurs feux et ouvre plusieurs fronts de lutte il a investit sur la ligue des droits de l’homme, sur les représentants à l’ONU, sur la bourgeoisie libyenne, sur les mécontents, sur les opposants. Seif-al-Islam dans l’équilibre tribal et la vénération des libyens pour leur guide pouvait apparaitre comme un successeur potentiel dans une transition suite à une révolution colorée dont l’intéressé lui-même n’aurait jamais compris comment il s’est trouvé à la tête d’une République « démocratique » ou d’une Monarchie « constitutionnelle » écartant son père selon les vielles traditions de l’empire britannique dans ses anciennes colonies.

Plusieurs éléments sont intervenus pour fausser ce scénario : la Révolution en Égypte qui a fait tomber un pilier du nouvel ordre mondial dans l’espace arabo musulman, les appétits et les empressements des vassaux du CNT, l’intervention de BHL qui intervient pour répondre aux empressés et apporter secours au Président Sarkozy en lui donnant un marchepied international, une guerre à la mesure de ses ambitions bonapartistes. Il doit y avoir d’autres raisons que le temps va dévoiler.

La stupidité française, la Fatwa de Qaradhawi incitant au meurtre, la conjoncture de la crise mondiale ont épargné au naïf d’être un Brutus, un Judas ou un Khalifat Thani. C’est sans doute dans ce genre de situation où on comprend que le Décret divin qui fixe le destin d’un homme sans lui ôter son libre arbitre intervient pour l’accomplissement du Dessein divin Sage, Juste mais échappant à notre entendement humain limité. Seif-al-Islam se trouverait à la pointe du combat conduisant la résistance libyenne ou une partie de la résistance libyenne et cette posture est un échec cuisant à la politique impériale anglo-saxonne dont les répercussions ne vont pas tarder à se manifester au sein de l’OTAN ou lors de la distribution du butin de guerre entre pays alliés de la coalition. Les Cocoricos sur les télévisions françaises sont en réalité des couacs dans les chancelleries impériales. Allah fera dévoiler la vérité de la manière la plus inattendue et la plus surprenante…

La plus grande stupidité pour les empires latins et anglo-saxons est de lire l’histoire des autres à travers leurs prismes idéologiques et culturels et ainsi une partie des jeux d’ombres et de lumières leur échappe et ainsi ils sont comme le dit le général Giap de mauvais élèves de l’histoire. Un cancre normal redouble sans porter préjudice aux autres. Les cancres impérialistes laissent derrière eux des pays en deuil de milliers de morts, d’estropiés à vie, en sinistres sanitaires, économiques et sociaux…

Comme le souligne l’anonyme algérien « Ce n’était pas dans l’intention de Mouammar el Kadhafi de faire Seif-al-Islam son héritier mais c’était dans celui de la cité de Londres. Si el Kadhafi avait une quelconque intention à sa succession, c’était plutôt en sa fille Aicha. ».

Le CNT AVEC SES LAïcs et ses islamistes semblent faire l’impasse de l’assassinat d’Allendé et l’installation de Pinochet par la CIA avec une différence fondamentale : Pinochet se représente comme l’allié légitime des Etats-Unis et  offre la garantie de représenter le cadre idéologique de la droite chilienne pro américaine. Sur le plan idéologique, religieux et sociologique nous sommes dans une configuration totalement différente qui laissent entrevoir des surprises, des retournements, des contre synergies, de l’entropie nulle part égalée.

Les proches de Kadhafi qui ont rejoint le CNT et ceux qui ont initialement formé le CNT trop focalisés sur Seif-Al-Islam n’ont pas vu que Kadhafi donnait plus d’importance à sa fille Aicha. Aveuglés par leur complot ils ne voyaient les  raisons  qui pouvaient faire de Aicha la légataire politique de Kadhafi : la politique d’émancipation de la femme que Kadhafi a menée, sa garde prétorienne féminine comme une insulte aux monarchies du Golfe qui ont confié leur sécurité aux troupes spéciales françaises, anglaises et américaines, les compétences d’avocate de Aïcha, sa conscience politique et son évacuation en Algérie dès les bombardements de l’OTAN. Kadhafi et ses proches collaborateurs, les volontaires libyens qui lui sont resté loyaux et son fils général d’armée ont livré bataille comme Hannibal protégeant en vain Carthage contre Scipion l’Africain. Aicha est sur la terre de Jugurtha celui qui a livré bataille contre Rome et son puissant empire.

Aicha est sur la même terre foulée par Okba Ibnou Nafa’â et Moussa Ibnou Nosayr fondateurs des villes nouvelles de l’Islam en Égypte, en Libye, en Tunisie, en Algérie, au Maroc et en Mauritanie fédérant les anciens empires pharaoniques, libyques et numides sous la bannière de l’Islam libérateur des peuples de l’oppression des Romains.

Le peuple algérien aura le courage et la détermination de dire non à ceux qui veulent exiler Aicha de la terre natale de son fils l’Algérie et de sa résistance aux colonisateurs. Ils diront au colonialisme, aux savants courtisans, aux prédicateurs en eaux troubles et aux revanchards ce qu’ont dit les Constantinois arabo berbères au Khalife ottoman qui voulait exiler et assassiner le bey turc qui a gouverné Constantine en s’insurgeant insurgé contre le despotisme de l’empire ottoman le Dey d’Alger :

Les Arabes ont dit

Nous ne livrerons pas Salah bey

Ni ne livrerons ses biens

Dussions-nous tous mourir

Et voir s’accumuler les cadavres

[…]

Le peuple s’est rué, affolé?

Ô mon Dieu, quelle journée!

Quand la ville fut encerclée et les portes

Refermées

Salah est sorti, désemparé, tête nue

On a pénétré dans sa demeure

[…]

Si j’avais su que cela m’arriverait

Je serais allé dans la campagne

J’aurais planté une tente à mes fils

Et j’aurais vécu parmi les campagnards.

[…]

Ô Hamûda mon fils!

Prends soin de la famille

Ainsi est la vie!

On ne peut lui faire confiance.

[…]

Montrez-moi sa tombe, ô mes Seigneurs

Afin que je soulage ma peine

Des vents et des vents pourront souffler

Mais qui remplacera Salah.

Dans la ville de Constantine!

Pleurez-le, ô assemblées!

Salah a été sacrifié !

Assassinat de Mouammar Kadhafi par l’OTAN et les pseudo rebelles libyens, le Parti Communiste Congolais se prononce

Lettre ouverte adressée à Monsieur BAN KI-MOON Secrétaire  Général des Nations Unies.

Monsieur,

C’est avec amertume et indignation que l’Humanité vient d’assister au bombardement par l’OTAN du convoi de  Mouammar KADHAFI, son arrestation, son assassinat ignoble puis la mutilation de son cadavre. Quelle image de droit de l’homme avez-vous montré aux Nations ? Ayant  résisté  à l’agression de  son pays par l’OTAN, la Cour Pénale Internationale lancera un mandat d’arrêt contre le colonel Kadhafi, arrêté puis assassiné directement c à d l’impérialisme Américain, Britannique et Français sous la bénédiction de votre institution vient d’introduire une nouvelle notion de droit de l’Homme, ne pas juger les résistants  que vous qualifiez arbitrairement des terroristes ou des dictateurs.

Depuis l’accession de MANDELA au pouvoir, l’apartheid  est démantelé en Afrique mais le CNT, la branche rebelle de l’OTAN vient d’installer au nord de l’Afrique une nouvelle forme d’apartheid où les noirs Africains doivent connaitre un traitement inhumain et dégradant. Voulez-vous laissez l’apartheid en  LIBYE en échange de la politique des ETAS-UNIS d’Afrique que MOUAMMAR  KADHAFI voulait  installer pour notre continent ?

L’annonce de son décès à été confirmé par OBAMA, SARKOZY et CAMERON. L’OTAN vient d’annoncer la fin de sa mission en LIBYE. Ceci démontre que l’objectif  final de la mission de l’OTAN était l’assassinat du colonel KADHAFI. En droit de guerre lorsque vous arrêtez un ennemi, une fois ce dernier est assassiné entre vos mains cet acte constitue l’infraction de crime contre l’humanité. L’assassinat de KADHAFI fait partie de crime contre l’humanité qui porte la signature de votre Institution.

Nous voici en face de  la violation intentionnelle des  résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU  par l’OTAN. Qui  va encore respecter les résolutions de ce Conseil de Sécurité ?

Monsieur le Secrétaire Général,

Quel  rôle avez-vous attribué à l’armée Française en Afrique ?  La Côte d’ivoire et la Lybie définissent clairement ce rôle ; bombarder les résidences des Chefs d’Etats Africains puis arrêter ou assassiner ceux qui n’obéissent pas aux diktats de  l’Impérialisme ? Lorsque l’OTAN assassine un chef de l’Etat sous votre barbe ceci discrédite votre mandat.

OBAMA, SARKOZY et CAMERON sont  civilement  responsables de l’agression de la LIBYE puis de  l’assassinat de son président MOUAMMAR KADHAFI.  Monsieur SARKOZY  vient de nous revivre en image des exploits autrefois de l’armée Française en Algérie.  Dit – lui de remettre l’argent de KADHAFI utilisé  pour sa campagne électorale. Stop : que SEIF EL ISLAM ne soit pas tué comme son père, car nous avons besoin de sa présence pour connaitre le montant de la dette de SARKOZY envers la Lybie de KADHAFI.

Qui trompe qui ?

La crise  actuelle est l’effondrement du système capitaliste. Les dirigeants qui n’acceptent pas vos diktats et le pillage de leurs richesses tombent sous vos  balles.  Oui  KADHAFI, symbole de notre lutte anti-impérialiste, assassiné aujourd’hui par l’OTAN devient Héros du combat des peuples pour  la liberté. Les nations membres du Conseil de Sécurité portent entière responsabilité de la destruction des infrastructures en LIBYE et  de l’assassinat  de son Chef de l’Etat. Les missions criminelles de la France sous Sarkozy doivent être examinées systématiquement par la  Gauche Africaine et en tirer les conclusions responsables. La guerre coloniale contre l’Afrique est une manière de cracher sur les tombes de nos pères des indépendances Africaines. Ceci est  inacceptable. Notre Parti Politique  croit que nos actions en justice contre l’armée Française ne bénéficieront point votre appui mais auront un soutien des anti-impérialistes du monde entier. Karl Marx disait : «un peuple qui opprime un autre ne saurait être un peuple libre». Cessez  ces sales missions de la recolonisation de l’Afrique. Retenez bien, ce projet de la recolonisation de l’Afrique ne réussira point. Car les hommes libres et indépendants  à travers le monde participeront avec nous dans ce combat pour l’indépendance  réelle de l’Afrique.

L’histoire acquittera  le Colonel  MOUAMMAR KADHAFI

La guerre impérialiste menée par l’OTAN contre  la LIBYE vient de se solder par l’assassinat de son président. Il est nécessaire que nos lecteurs puissent connaitre  le portrait  de la LIBYE sous le règne de  KADHAFI et comparer  plus tard ce pays  sous domination des USA, de la France et de la Grande Bretagne.

Avec  le Colonel KADHAFI, l’éducation et les soins de santé étaient gratuits, l’eau et l’électricité à usage domestique étaient gratuites, les citoyens ne payaient pas l’impôt et la TVA n’existait pas. Les banques libyennes accordaient des prêts sans intérêts. Pour créer une affaire privée on bénéficiait d’une aide financière de 20.000 dollars, si quelqu’un voulait acheter une voiture, les 50% du prix étaient  réglés par l’Etat, les libyens bénéficiaient d’un « crédit » de 20 ans sans intérêt pour construire leurs maisons, l’inflation «IPC» était de 6,3%, la croissance du «PIB» était de 8,5%, la dette extérieure était nulle. La Libye est le  dernier pays sur la liste des pays endettés. La dette publique est à 3,3% du « PIB » contrairement en France où elle est de 84,5%, aux Etats-Unis de 88 ,9% et au Japon à 225, 8%. Kadhafi est resté avec son grade de colonel jusqu’à sa mort, il s’est jamais autoproclamé « Général-Marchal » comme ailleurs. Le taux de chômage 30%  de la population active et les chômeurs étaient payés. Le coût de la vie en Libye est beaucoup moins élevé que celui qui prévaut en France ou aux USA par  exemple, le prix d’une demi baguette de pain en France est environ 0,40 Euros, tandis que qu’en Libye il est 0,11 Euros. Voici le portrait de la Libye de KADHAFI que l’OTAN vient de détruire.

L’unique péché que le Colonel a commis est d’avoir  collaboré  avec l’impérialisme vers la fin de son règne car,  vous l’aviez proposé par ruse en vue  de privatiser les entreprises. Vous aviez changé  les indications sociales du peuple en une soit disant  révolution. Voyons voir  la suite de votre démocratie. Que représente aujourd’hui la Somalie après le passage des Yankées ? Ne transformez pas la  Libye en Somalie. La flamme de lutte pour l’Unité Africaine que KADHAFI a  semé  ne s’éteindra point. Nous allons poursuivre ce combat  jusqu’à la victoire finale.

Gloire eternel, Hommage au guide, le Colonel MOUAMMAR KADHAFI, symbole de l’Indépendance, de  la Liberté, et de la Souveraineté des peuples.

MOUAMMAR KADHAFI, te voici retrouvé sur le  chemin de Patrice Emery Lumumba, de Thomas SANKARA, de AGOSTINO  Neto, NKRUMA, des enfants de SOWETO, de Mzée Laurent Désiré KABILA, de MULELE… Dis leurs que l’Impérialisme est en perte de vitesse à cause de la crise du capitalisme  qui sévit chez lui.

La lutte continue.

Kinshasa, le 22 Octobre 2011

BOSWA ISEKOMBE Sylvère

Secrétaire Général

CPI contre Laurent GBAGBO : Carton jaune au Porte-parole et au FPI !

La Révolution Permanente a lu avec beaucoup de surprise, les différents communiqués qui ont fait suite à une dépêche de l’AFP (Agence France Presse) datée du 3 octobre 2011, annonçant que la Chambre préliminaire III de la Cour Pénale Internationale (CPI) a pris le 30 septembre 2011, une décision autorisant ladite cour à ouvrir « une enquête sur les crimes présumés relevant de la compétence de la Cour qui auraient été commis en Côte d’Ivoire depuis le 28 novembre 2010. ».

La Révolution Permanente reste d’autant plus étonnée qu’en introduction au Communiqué produit par la Direction Intérimaire du FPI le 4 octobre 2011, l’on a pu lire : « La direction du FPI, qui en a été informée par voie de presse, se félicite de la décision de la Chambre préliminaire III de la CPI prise le 30 septembre dernier. Cette décision, qui n’est pas encore un acte d’accusation contre une ou plusieurs personnes déterminées, emporte notre adhésion ».

Dans la même dynamique, un autre Communiqué signé du Porte-parole du Président GBAGBO rendu public le 3 octobre 2011, a pris acte de cette décision de la CPI et formulé des observations notamment sur la période couverte par l’enquête et les circonstances de l’ouverture de cette enquête.

Pourquoi faut-il s’étonner ?

La Révolution Permanente s’étonne parce qu’elle a le net sentiment que les instances qui ont produit les communiqués ci-dessus évoqués, n’ont pas encore pris toute la mesure de l’engrenage international qui se met en  place.

Tout d’abord, l’avènement d’une compétence de la Cour Pénale Internationale en Côte d’Ivoire est l’œuvre de Monsieur Dramane Ouattara. Or de tout ce qui ressort des déclarations constantes du Porte-parole du Président GBAGBO, ce dernier soutient à juste titre qu’il demeure le Président élu de Côte d’Ivoire. Que ni sa déportation par la France, ni le pouvoir de fait instauré par Monsieur Ouattara et la France, ne l’ont amené et ne l’     amèneront jamais à renoncer à sa victoire reconnue et proclamée par le Conseil Constitutionnel de Côte d’Ivoire qui l’a par ailleurs investi comme Président de la République.

Dès lors, comment comprendre que le Porte-parole en vienne à reconnaître de façon tacite l’accord de coopération judiciaire signé par un individu qui incarne un pouvoir de fait issu d’un coup de force perpétré par la France contre le Président GBAGBO, en allant jusqu’à admettre la compétence de cette fameuse cour en Côte d’Ivoire au point de lui formuler des observations sur son champ d’investigation ?

Ensuite, notre étonnement est d’autant plus grand, que la Direction du FPI a abondé dans le même sens, aboutissant du coup à une posture totalement illisible pour les combattants engagés dans le combat pour la libération de la Côte d’Ivoire et la restauration de l’Autorité de l’Etat ivoirien.

Par ailleurs, la Révolution Permanente s’interroge sur les raisons pour lesquelles ni le Porte-parole, ni la Direction du FPI n’ont pris en compte le désaveu officiel de la CPI par l’Union Africaine dont le Président en exercice et le Président de la Commission, j’ai nommé Messieurs Obiang NGuema et Jean Ping, ont lors du dernier sommet de l’UA tenu à Malabo, dénoncé publiquement les comportements racistes, fascistes et sulfureux de Monsieur Moreno Ocampo, Procureur de la CPI commis pour venir enquêter sur les crimes éventuels contre l’humanité commis en Côte d’Ivoire.

Ce désaveu officiel des Autorités de l’UA devait être interprété comme une invitation de l’Union Africaine aux dignes fils d’Afrique à privilégier la création de Tribunaux Spéciaux africains pour le règlement des cas de violation des Droits de l’Homme qui prendraient la forme de crime contre l’Humanité. Dès cet instant, nous nous interrogeons sur les raisons pour lesquelles ni le Porte-parole ni la Direction du FPI, ne privilégient la voie visant la création d’un Tribunal Spécial pour la Côte d’Ivoire relevant de l’Union Africaine.

Bien entendu, l’Union Africaine a déjà montré sa faiblesse dans les dossiers qui mettent en jeu les intérêts des impérialistes occidentaux en Afrique. Il en est ainsi du dossier ivoirien dont le règlement dans la voie de la vérité et du droit ivoirien, compromettrait les intérêts français.

Mais permettez-moi, si vous formulez une telle observation, de partager avec vous deux autres interrogations. Je sais, notamment, pour ce qui est du Porte-parole que vous savez que plusieurs Chefs d’Etat africains ont déjà exprimé clairement à Ouattara Dramane qu’ils sont opposés à sa volonté de faire juger le Président GBAGBO et en Côte d’Iovire et par la CPI. Ils sont allés jusqu’à lui suggérer sa libération car en le faisant juger, il créerait un fâcheux précédent en Afrique. C’est pourquoi ils ont préconisé la mise en place d’un véritable cadre de discussion et de réconciliation dont la déclaration récente du Groupe ad hoc baptisé les ELDERS, laisse transpirer les conclusions.

Alors notre question reste de savoir pourquoi cet environnement africain n’est-il donc pas exploité par le Porte-parole en rejetant avec véhémence l’idée d’une enquête qui prend la forme d’une souricière de la CPI contre Laurent GBAGBO et ses proches ?

Deuxième interrogation : comment voulons-nous que l’Union Africaine devienne forte si nous ne l’aidons pas à pousser plus loin, ses pas, même timides, mais qui osent aller dans le sens de la promotion d’une exception africaine ?

Alors permettez-nous de comprendre.

Qu’espère-t-on de la CPI dans le cas ivoirien ?

Qu’elle vienne reconnaître Ouattara coupable de crimes contre l’humanité ? Qu’elle vienne reconnaître Soro Guillaume et ses amis criminels coupables de crimes contre l’humanité ?

Si telle est notre espérance, c’est qu’elle n’est que pure illusion.

Et alors, il faut changer de fusil d’épaule en marquant dès cet instant un arrêt pour que ceux qui sont réellement engagés dans un vrai combat pour la libération de la Côte d’Ivoire prennent leurs responsabilités devant l’histoire.

Car la CPI vient juste pour embrouiller vos esprits en donnant à Ouattara le temps de perdurer en espérant que se produirait un syndrome de Stockholm du côté des militants de la Majorité Présidentielle.

A la vérité, le monde occidental n’a rien à cirer des principes dont il assurait la promotion au siècle dernier.

Il suffit de lire les révélations sur la stratégie de domination du monde proposée par Monsieur Brzezinski pour se convaincre que les anciens principes sur un monde civilisé, sur une justice internationale qui protège les droits humains, sur la promotion de la vérité et des lois comme gage d’une paix internationale, ont tous été jetés à la poubelle par le monde occidental.

Devant les difficultés économiques dont il ne sait comment en sortir, face à la concurrence des pays émergents, le bloc occidental ne croit plus en l’égalité des races, en l’égalité des nations dites souveraines même sur le plan du droit, en l’égalité des hommes à la naissance et devant la loi.

Laurent GBAGBO leur pose problème, ils vont se débarrasser de lui en créant une parodie de justice. Un point un trait.

Car selon, Monsieur Brzezinski, les méthodes ci-après doivent prévaloir désormais dans les rapports entre l’Occident et les Nations faibles pour maintenir une hégémonie intraitable : « 1. Corruptions des dirigeants locaux. 2. Chantages sur ces dirigeants locaux. 3. Campagnes médiatiques de diabolisation. 4. Déstabilisations diverses. 5. Embargos et blocus commerciaux. 6. Coups d’Etat. 7. Provocations de séparatismes. 8. Guerres par intermédiaires. 9. Bombardements. 10. Occupations terrestres. »

Comme le commente Michel Collon, il s’agit de « Toute une gamme de méthodes, on le voit, et qui peuvent évidemment se combiner, mais qui constituent toutes des agressions. »
Et ayant vécu l’expérience en cours en Côte d’Ivoire et en Libye, personne ne peut dire que ces principes ne sont pas mis en œuvre. Or, à la lecture, toutes ces méthodes sont dénuées de tout principe moral et s’inscrivent aux antipodes des valeurs qui sous-tendaient une Justice Internationale ou des rapports civilisés entre Nations au XXème siècle.

Alors pourquoi la Direction du FPI ou le Porte-parole croient, après avoir vécu le comportement négationniste de l’Occident vis-à-vis des lois ivoiriennes, que la CPI constituent une opportunité pour que Justice soit rendue au point de saluer son avènement en Côte d’Ivoire ?

Quels arguments pensent-ils développer avec l’aide des avocats français, pour que cette fameuse cour pénale abandonne sa mission première de neutraliser tous les Africains qui n’obéissent pas au doigt et à l’œil de l’Occident et décide plutôt de neutraliser des suppôts de l’Occident comme Dramane Ouattara et ses hommes ?

Alors je propose !

Que la Direction du FPI et, au besoin, le Porte-parole :

1.    renoncent à toute collaboration avec une cour dite de justice dont les antécédents caractérisés par une partialité insultante et le racisme contre les Africains constituent un motif suffisamment convaincant pour la rejeter et s’opposer à son action en Côte d’Ivoire ;

2.    affirment que la question reste pendante quant l’exercice légitime du pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011 car au moins la moitié des électeurs et des personnes habitant la Côte d’Ivoire ne reconnaissent pas Ouattara comme Président de Côte d’Ivoire tant que la vérité sur les élections de 2010 n’a pas été dite au regard du droit ivoirien. Dès lors, la gestion de fait à laquelle s’adonne Dramane Ouattara n’engage que lui-même y compris les accords qu’il signe avec des acteurs internationaux intervenant dans la crise ivoirienne. Si ce préalable n’est pas levé, toutes actions visant à humilier davantage Laurent GBAGBO et ses camarades de lutte entraînera un droit légitime de défense et les initiateurs desdites actions seront comptables de tout ce qui arrivera ;

3.    doivent comprendre qu’une meilleure coordination de la position, sur les questions importantes, de toutes les sensibilités engagées dans le combat pour la Libération de la Côte d’Ivoire, reste un gage d’unité  pour la victoire de tous et qu’à défaut, la lutte prendrait l’allure d’un gigantesque combat de rue qui verrait l’apparition et la prise totale du contrôle de la situation par des acteurs insoupçonnés qui mettront en œuvre, sans état d’âme, un programme révolutionnaire non partisan, pour faire respecter la Souveraineté de la Côte d’Ivoire.

A très bientôt.

Hassane Magued