Le Blog de Aymard

La liberté d'expression dans sa quintessence

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En finir avec le Conseil de l’Entente !

«Le Conseil de l’Entente», vous connaissez ? A cette question banale, on peut être sûr qu’il n’y aura pas beaucoup de gens de la génération des vingt à trente ans pour répondre par l’affirmative. Tellement «la vieille dame» s’est assoupie jusqu’à l’oubli de sa propre existence! «Tiens! Ce machin existe-il toujours?» Si on poursuit le sondage pour demander combien de pays il regroupe et à quoi il sert, très peu de sondés peuvent donner une réponse satisfaisante. Pourtant, ce regroupement d’Etats dont les présidents se sont réunis pour une dizaine d’heures, y compris le temps de route, celui de la cérémonie d’ouverture et de clôture des travaux, a déjà 52 ans d’existence.

Son dernier conclave avant celui de Cotonou s’est tenu déjà à Yamoussoukro en 2009 sous le régime de Laurent Gbagbo, l’ennemi intime du vieux Houphouët Boigny qui a dû se retourner dans sa tombe ce jour–là de voir Gbagbo, le pourfendeur du pacte colonial français, célébrer sa descendance. Parce que le Conseil de l’entente est une vraie créature d’Houphouët Boigny, en complicité avec l’ex-colonisateur qui l’a fortement encouragé à maintenir ce conclave des «pays du champ», ceux qu’on classait dans le pré-carré. L’objectif assigné en ce moment était d’empêcher les partisans de la grande fédération de l’Aof (l’Afrique occidentale française) d’atteindre leur but. Et il a réussi! La grande fédération de l’Aof a éclaté, la petite fédération du Mali avec le Dahomey et la Haute Volta, le Sénégal et l’ancien Soudan français aussi.

Ce bref rappel historique que les historiens professionnels sont appelés à affiner en situant les responsabilités des uns et des autres, pour dire que le Conseil de l’Entente n’a pas été créé dans le but d’unir véritablement les peuples de cette région de l’Afrique, loin s’en faut! C’est une création des anciens colonisateurs français pour maintenir les Etats actuels dans leur configuration lilliputienne pour que prospère la domination française. Et le Conseil a admirablement joué son rôle de frein à l’émancipation de notre sous région ouest-africaine. Ainsi, malgré la création de l’Ocam qui a regroupé en son temps toutes les ex-colonies françaises jusqu’à Madagascar, «la vieille dame» a été maintenue. Plus tard, lorsque l’ensemble ouest-africain a compris la nécessité de se replier sur lui-même en créant l’Umoa puis l’Uemoa, le Conseil de l’Entente a survécu. Et il survivra à la naissance de la grande Cedeao regroupant toutes les ex-colonies françaises britanniques et portugaises. Le magicien Houphouët, malgré toutes les vicissitudes traversées par nos pays, retombaient sur ses jambes, pour la remettre en selle, pour bloquer toutes les tentatives de regroupement où l’enfant chéri du pré-carré se retrouvait en minorité. Conséquence: le Conseil dit de l’entente a survécu à tout, sans vraiment vivre.

Alors aujourd’hui, on peut se demander à quoi sert ce «machin», s’il doit faire la même chose que l’Uemoa, quand cette dernière fait déjà la même chose que la Cedeao qui piétine depuis des lustres sur le chemin de l’intégration. Le constat est fait que si aucun grand projet de la sous région n’avance, c’est parce que, entre deux réunions de la Cedeao, il y a en toujours trois autres de l’Uemoa autour d’une monnaie appelée le franc Cfa, ex-sous multiple du franc français et aujourd’hui de l’Euro garanti, hier comme aujourd’hui, par le Trésor français. Pendant ce temps, la monnaie commune de la Cedeao est devenue un serpent de mer qu’on exhibe à chaque grand’messe annuel de l’organisation pour le fondre dans la paperasse des débats byzantins sur le sexe des anges. Pendant ce temps, l’Union Européenne sous la houlette de ses deux locomotives que sont la France et l’Allemagne ne cesse de resserrer les rangs, en attendant la création dans un futur qui ne semble plus trop lointain, la grande fédération qui ne fait peur qu’aux politiciens chauvins de l’Extrême droite et autres attardés mentaux de la droite française. Alors, à quoi sert le Conseil de l’entente aujourd’hui au 21è me siècle, dans une Afrique happée par la bourrasque de la mondialisation néolibérale? A rien! Sinon à nous faire reculer sur le chemin de l’intégration véritable qui va sortir nos pays de l’économie de rente et de la consommation imbécile des biens produits d’ailleurs.

A preuve, la réunion de Cotonou n’a débouché sur aucune grande décision applicable hic et nunc. Etait-ce utile de convoquer une grand’messe à grands frais pour le contribuable pour se répartir les postes de grands commis de l’institution destinés à récompenser des clients politiques et éloigner les indésirables? Le communiqué final est à cet égard un exercice de haute voltige digne d’un club de vieux copains, où il y a à boire et à manger pour tout le monde. Le premier tiers du communiqué a été consacré aux congratulations réciproques pour des élections dites démocratiques et tout le monde a été servi: le Bénin, le Niger le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire débarrassée de l’Intrus Gbagbo. Puis, dans le second tiers, on parle d’audit et de restructuration de «la vielle dame» et le dernier tiers, encore et encore des congratulations et les bla bla bla de remerciements à l‘hôte. Rien sur la récente déportation de Gbagbo ni des mesures concrètes à prendre pour aider ce pays à se réconcilier avec lui-même. Ni des marches hebdomadaires de Lomé pour l’intégration des députés togolais expulsés du parlement. Tout comme hier, il n’avait rien dit de Tanja tripatouilleur de Constitution. Alors, finissons chers amis Africains avec ce machin de la Françafrique et pensons à «l’heure de nous-mêmes» qui a sonné depuis longtemps!

Vincent Foly

Le Franc CFA dévalué le 1er janvier 2012

Les malheurs continuent sous Ouattara : Le Franc CFA dévalué le 1er janvier 2012

Togo, Bénin, Niger, Burkina Faso… le quotidien ivoirien Notre voie dévoile l’objet de la tournée ouest-africaine de Ouattara

C’est une information exclusive. Les pays membres de la zone CFA n’ont pas fini de souffrir. Cette fois, c’est le noir qu’ils vont commencer à broyer. Si rien ne vient entre temps changer la donne, dès le 1er janvier 2012, c’est-à-dire dans 40 jours, le FCFA sera dévalué à nouveau. La parité fixe qui jusque-là était de 1 euro=655,59 FCFA, passera à 1 euro=1000FCFA. Selon un diplomate européen, c’est pour apporter cette information aux chefs d’Etat de l’Uemoa qu’Alassane Dramane Ouattara a fait le tour de la sous-région la semaine dernière. Il a été mandaté, selon le diplomate, par le président français Nicolas Sarkozy.

«En Afrique centrale, c’est à Denis Sassou Nguesso que la mission a été confiée d’informer ses homologues de la CEMAC mais aussi des Comores», ajoute notre source. Le diplomate assure que Sarkozy, compte tenu des problèmes que le Président sénégalais rencontre actuellement et surtout à cause de sa grande susceptibilité, a tenu à parler personnellement à Abdoulaye Wade lequel devrait informer son petit voisin Bissau-guinéen.

Comme on peut s’en douter, cette mesure de dévaluation du FCFA est venue de la grave crise que traverse en ce moment l’Europe de l’euro et que seule, l’Allemagne supporte à travers ses caisses. C’est donc la Chancelière allemande, Angela Merkel, qui, selon nos sources, a demandé à son homologue français, Nicolas Sarkozy, de mettre de l’ordre dans les ex-colonies françaises avant qu’il ne soit tard. Mais si l’on regarde bien le schéma, il ne s’agit pas, à travers cette mise en garde de Mme Merkel, de sauver les économies des pays de la zone FCFA. Il s’agit bien d’aider la France à éviter de sombrer, ce qui pourrait plomber la zone euro, l’Allemagne ne pouvant plus à elle seule financer les déficits de cette zone.

Mais qu’est-ce que la dévaluation du FCFA peut bien apporter à la France au plan financier et budgétaire ? Beaucoup, beaucoup trop même. Au travers de la guerre militaire qu’elle a menée ouvertement en Côte d’Ivoire pour renverser Laurent Gbagbo, la France a réussi à mettre sous l’éteignoir, tous les nationalistes et autres souverainistes dont le fondement de la politique est de redonner à l’Afrique, toute sa dignité. Laquelle devrait lui permettre de diversifier ses relations commerciales et politiques avec le reste du monde et non plus seulement avec l’ancienne puissance coloniale. Le cas de la Côte d’Ivoire est édifiant à cet égard. Aujourd’hui, tout semble dire que les accords de 1961, lendemain des indépendances, ont été réveillés. Les sociétés françaises ont récupéré tous les marchés. Bouygues est présent partout et il ne serait pas surprenant que, pour acheter désormais sur le marché mondial, l’Etat de Côte d’Ivoire passe forcément par l’Etat français. En d’autres termes, c’est en France que nous allons désormais acheter tout. Et comme tout cela se fait en devise (euro), nous allons dépenser beaucoup de CFA pour obtenir peu de produits. Ce qui arrangerait vraiment la France si l’on tient compte de l’ensemble des pays de la zone CFA qui vont acheter sur le marché français ou qui vont être obligés de faire transiter leurs marchandises par les ports et aéroports français. Si l’on ajoute à cela l’exploitation honteuse de nos ressources à laquelle se livre en toute impunité la France, on peut dire que le pari est gagné pour Paris de trouver les milliards d’euro qu’elle cherche partout pour combler son déficit. De l’avis d’un expert, les pays africains vont contribuer, avec cette mesure, pour 40% de leurs avoirs, au colmatage du déficit français.

Comme en janvier 1994, lors de la première dévaluation, les pays africains qui font la manche recevront encore beaucoup d’argent des pays européens. Puisqu’il leur suffit de dégager 1 million d’euro pour que cela se transforme en 1milliard de FCFA. Parions ! Les hagiographes des différents palais présidentiels chanteront à l’unisson la fameuse chanson qui ne leur réussit pourtant pas : «Pluie de milliards !!!». Oubliant que cet argent est à rembourser non seulement avec des intérêts mais en devise. Conséquence, la dette des pays africains toujours sous la coupole de Paris va accroître de façon vertigineuse. Sacrifiant ainsi les futures générations africaines qui, une fois aux affaires, passeront le clair de leur temps à rembourser des dettes.

Depuis que Ouattara est parvenu au pouvoir, les prix des produits alimentaires de première nécessité ne font qu’augmenter à la vitesse grand V. A partir du 1er janvier prochain, ça va être plus grave. La dévaluation ne peut nous servir que si nous exportons beaucoup. Tout le monde le sait. Tous les pays de l’espace francophone importent presque tout : produits manufacturés, riz, bois, poisson etc. A partir du mois de janvier 2012, c’est maintenant 1000 fcfa pour un euro. Au moment de servir le marché intérieur, les commerçants revendeurs devront tenir compte de cette nouvelle parité fixe. Les prix vont donc gonfler et ça va chauffer dans les marmites ! Le prix du carburant va suivre la flèche dans le sens verticale. Et on n’y pourra rien. Malheur aux pauvres populations africaines !

Abdoulaye Villard Sanogo

Le testament explosif d’un chef de guerre

Ibrahim Ag Bahanga

Le chef de la rébellion touarègue, Ibrahim Ag Bahanga, est mort le 26 août dans un accident de voiture au nord-est du Mali. Quelques heures plus tôt, il avait accordé une interview à El-Watan. Bahanga accuse l’Occident et le Mali de financer le terrorisme.

Quel impact peut avoir la disparition de Kadhafi sur le mouvement touareg malien ?

C’est une bonne nouvelle pour l’ensemble des Touaregs de la région. Les objectifs du colonel ont toujours été à l’opposé de nos aspirations. Il a de tout temps essayé d’utiliser les Touaregs à ses fins et au détriment de la communauté. Son départ de la Libye ouvre la voie à un avenir meilleur et permet de progresser dans nos revendications politiques. Nous pouvons mieux nous faire comprendre sur le continent et auprès des pays occidentaux. Kadhafi faisait barrage à toutes les solutions de la question touarègue. Il a alimenté des divisions internes pour faire en sorte que les animateurs ne puissent pas s’entendre sur un minimum. Maintenant qu’il est parti, nous pouvons aller de l’avant dans notre lutte. Même durant sa chute, il continue à salir notre communauté en faisant croire qu’il a son soutien, mais la réalité est tout autre sur le terrain.

Le nord du Mali, une région touarègue, est devenu une base d’Aqmi (Al-Qaida Maghreb islamique). Comment cela a-t-il été possible ?

C’est vrai que cette région est un territoire touareg. Mais la politique de certains Etats a fait en sorte que les Touaregs n’aient plus d’emprise sur leur territoire. Lors des affrontements de janvier 2010, entre l’armée malienne, sa milice et le mouvement touareg, tout a été fait pour que les groupes Aqmi viennent s’installer dans la région avec le feu vert de Bamako. Cela fait plus de cinquante ans que les Touaregs sont opprimés dans leur région. L’Etat malien s’arrange toujours pour qu’aucune stabilité politique ou économique ne soit instaurée. Ce qui nuit terriblement à l’image de notre communauté.

Les Touaregs savent qu’ils sont sur leur territoire et qu’ils doivent le nettoyer pour y vivre. Mais, reconnaissons-le, avec quels moyens allons-nous mener cette guerre ? Aqmi s’est équipée grâce au Mali et à certains pays occidentaux. C’est avec l’autorisation de Bamako que les otages sont enlevés et c’est toujours avec sa bénédiction qu’ils sont dirigés vers le nord du Mali pour y être cachés et protégés. Ils seront par la suite achetés par les Etats occidentaux qui acceptent de payer de fortes rançons, tout en sachant que cet argent va financer Aqmi et ses prestataires de services, ces intermédiaires privilégiés de Bamako. Le repli des terroristes en territoire malien n’a pu se faire que grâce à la complicité de l’armée malienne.

Les Touaregs sont devenus la cible privilégiée des terroristes d’Aqmi, qui campent près des casernes et qui détiennent les otages occidentaux. Nos imams militent et sensibilisent nos jeunes et les familles contre cette religion d’intolérance prônée par les salafistes, et qui est en totale contradiction avec notre pratique religieuse. En réalité, sur le plan idéologique, les salafistes n’ont aucune influence sur les Touaregs. Nous nous défendons avec nos maigres moyens et nous envisageons de demander des comptes au pouvoir de Bamako un jour prochain.

Salima Tlemçani | El-Watan

Interview de Issoufou Bachard, ancien ambassadeur du Niger en Libye

Issoufou Bachard est diplomate de carrière. Il est à la retraite depuis une dizaine d’années. Il est aussi le président de l’Alliance pour la démocratie et la paix (ADP-Zumuntchi). Il mène également des activités associatives, notamment à travers un club qui a créé le 1er cybercafé de Niamey et qui a eu le mérite de former gratuitement plus de 1500 nigériens. Aujourd’hui, ils ont mis en place un comité en vue de soutenir le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi face au conflit qui secoue son pays. Dans l’entretien qui suit réalisé par le quotidien nigérien Le Républicain,  il se prononce sur la situation qui prévaut actuellement en Libye, les raisons de la mise en place de ce comité de soutien, les bombardements en terre libyenne…

Le Républicain : Vous venez de mettre en place un comité de soutien au dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi. Pourquoi un tel comité ?

Issoufou Bachard : Nous avons eu l’intention de créer un comité de soutien à Kadhafi. Parallèlement, d’autres nigériens ont créé le comité de soutien à la Libye.

Nous avons décidé de mettre nos forces en commun. Il y a eu une première déclaration le weekend dernier, pour apporter notre soutien aux libyens, plus particulièrement à Kadhafi. Nous savons qu’il ne nous entendra pas, mais d’autres libyens nous entendrons. Notre conscience nous gronde, parce que nous sommes déçus par le silence de certains dirigeants africains.

Les dirigeants africains dans leur grande majorité se sont tus face à la situation qui se passe en Libye. De la même façon que l’OTAN est en train de bombarder la Libye, de la même manière l’Union Africaine devait envoyer des troupes en Libye pour protéger Kadhafi et les populations libyennes. Ils disent parler tous au nom et à travers l’Union Africaine. Pourquoi se contentent-ils de déclarations alors que de l’autre côté ce sont des bombes qui sont larguées sur des populations civiles ?

Je trouve cela dommage. Les chefs d’Etat africains devaient soutenir ouvertement Kadhafi. Alors même que tout le monde sait que Kadhafi a beaucoup aidé ces chefs d’Etat à arriver ou à se maintenir au pouvoir. Ils disent tous qu’ils sont favorables à une démocratisation de la vie en Libye. Cette explication ne tient pas la route.

Comment se présente concrètement la situation sur le terrain en terre libyenne ?

Kadhafi tient parfaitement tête aux forces coalisées. Ils pensaient finir avec lui au bout de quarante huit heures, mais aujourd’hui quatre mois après Kadhafi est toujours à la tête du pays. Ils ont fait usage d’hélicoptères blindés de combat sans venir à bout de Kadhafi.

Nous avons des nigériens là-bas avec qui nous avons des rapports. Ils nous expliquent que dans la partie dirigée par Kadhafi tout se passe normalement, malgré les bombardements.

Donc je peux dire que Kadhafi maitrise parfaitement la situation, il est en position de force. Et je peux dire qu’avec le meurtre du Général Abdelfetaye Youness, c’est une grande perte pour les rebelles. Je ne le connais pas personnellement mais je sais que c’est une personnalité très influente, il était pratiquement le N° 2 de Kadhafi avant de rejoindre la rébellion. Etant de la région de Bengazi, il s’est mis aux côtés des rebelles. Par conséquent c’est une grande perte pour ces rebelles. Ça a été dit officiellement qu’il a été tué par les rebelles eux-mêmes. C’est une autre preuve de la victoire de Kadhafi sur le terrain.

Comment expliquez-vous alors ces bombardements des forces de l’OTAN à vouloir finir coûte que coûte avec Kadhafi?

La seule explication c’est qu’ils ont voulu vite en finir avec Kadhafi pour pouvoir discuter avec d’autres personnes. Ils disaient au départ qu’ils visaient des cibles militaires, mais tout récemment on a vu que c’est la maison de la télévision libyenne qui a été visée et bombardée.

Or, tout le monde sait que la télévision est un organe culturel. Ils ont détruire la télévision pour empêcher au libyens et à Kadhafi de s’exprimer. Il fallait tout simplement mettre fin à la vie de Kadhafi pour que ça serve aussi de leçon à d’autres nationalistes africains ou du tiers monde en général.

Donc je pense qu’il n’y a aucune explication valable qui puisse justifier ces bombardements. Parce que la résolution 1973 qui a été votée l’a été pour protéger les populations civiles de Benghazi, parce que tout simplement Kadhafi avait donné l’impression qu’il allait poursuivre les ennemis, maison par maison.

Il fallait donc protéger la population. Mais tout cela n’explique pas les bombardements, parce qu’à la date d’aujourd’hui plus de 8.000 bombes ont été larguées sur la partie libyenne que contrôle Kadhafi. On n’a jamais vu ça, même pendant les deux guerres mondiales.

C’est aujourd’hui un petit pays qui fait face à une organisation aussi sophistiquée qui a été créée pour faire face au bloc soviétique. Malgré cette force, le résultat est nul, quatre mois après. La population qui s’est révoltée occupe une petite partie du territoire, mais l’OTAN n’a pas progressé d’un iota. Donc Kadhafi a gagné. Mais il n’y a pas d’explication au largage des bombes en Libye.

Tout à l’heure vous avez parlé de déficit de démocratie en Libye pour expliquer le mutisme des chefs d’Etat africains. Mais est-ce qu’on peut véritablement parler de démocratie en Libye ?

Personnellement j’ai vécu en Libye. Auparavant j’ai été secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et je peux vous dire que la démocratie qui existe en Libye n’existe nulle part ailleurs. C’est une vraie démocratie. Seulement, elle est inspirée du livre vert qui est différente de la démocratie d’inspiration occidentale.

La démocratie occidentale est une démocratie d’hypocrisie, parce que lorsque vous votez pour quelqu’un que vous ne connaissez pas, c’est qu’il y a un abus. Aujourd’hui, même les conseillers au niveau régional ne sont pas connus par tous les acteurs, à plus forte raison les députés. En Libye, ce n’est pas du tout comme ça. Chaque quartier est organisé, chaque quartier a un responsable et chaque quartier a un programme annuel d’actions.

Donc la démocratie s’exprime au niveau de la base. Chaque ville a aussi son organisation, elle se réunit chaque année, sinon tous les deux mois en fonction du programme pour évaluer ce qui a été fait et ce qui doit être fait.

Aucun pays au monde n’a une telle structure. Donc la population s’exprime parfaitement, elle est parfaitement au courant de ce qui se passe.

Kadhafi a dit qu’il est un guide, et les gens ne veulent pas croire. Mais il est effectivement un guide. Il n’intervient jamais dans les activités internes. Le problème c’est qu’à l’extérieur il parle et agit comme un chef d’Etat, il intervient militairement dans certains pays, il essaye de déstabiliser certains pays.

Donc par rapport à l’extérieur personne ne décide de la politique en Libye. S’il y a une dictature c’est à ce niveau. La politique extérieure de la Libye est conçue et conduite par Kadhafi. S’il y a une erreur c’est celle-là. Mais à l’intérieur du pays, c’est lapopulation qui gère tout.

Et le pétrole libyen sert à aider la population à vivre, ce qui fait que tout est subventionné. Si vous prenez une ville comme Syrte vous pouvez trouver 1.000 logements inoccupés, parce que les gens n’aiment pas habiter en haut parce qu’il n’y a pas d’ascenseur. Pourtant, le logement est gratuit.

Il n’y a pas non plus de problèmes d’eau, ni d’électricité, encore moins de nourriture. A titre d’exemple, chaque mois, chaque famille a sa ration alimentaire gratuitement. Donc les libyens n’ont pas faim. Aucun pays ne nourrit et loge sa population comme le fait la Libye.

Sur le plan national c’est Kadhafi qui nomme les ministres, mais en réalité il y a une assemblée qui propose les noms.

On pense qu’il y a une dictature en Libye, mais ce n’est pas le cas. On peut parler d’une dictature en Tunisie ou en Egypte par exemple, mais pas en Libye. Donc si Kadhafi a des ennemis aujourd’hui, il s’agit simplement de libyens qui ont été montés et manipulés contre lui. La démocratie est pleine et entière en Libye, mais par rapport au livre vert, pas par rapport à cette démocratie de pouvoir qu’on voit ailleurs. Si vous élisez quelqu’un que vous ne connaissez pas, c’est qu’il peut abuser de vous. Ce n’et pas le cas en Libye.

Le Niger et la Libye sont des pays frontaliers. Par conséquent la paix au Niger dépend de la paix en Libye et vice versa. Comment faire pour que cette paix revienne en Libye ?

Face à des actes de ce genre, le Niger ne peut pas faire grand chose. Nous avons une frontière avec la Libye, cela veut dire qu’on peut faire du mal à la Libye à travers le Niger comme on peut faire du mal au Niger à travers la Libye. Ce qui se passe en Libye est donc un éclairage. A quelque chose malheur est bon, comme dit. Et à ce titre les universitaires africains ont de la matière. Ils doivent réfléchir sérieusement sur la situation actuelle en Libye. On a pris une résolution avec des contours flous et à partir de cette résolution on fait ce qu’on veut. On a toujours dit que les pays n’ont pas d’amis mais seulement des intérêts. La preuve en est donnée avec la situation actuelle en Libye.

Mais il faut faire la différence entre les dirigeants qui entretiennent la situation en Libye et les peuples qui pour la plupart ne savent même pas ce qui se passe. Il faut pourtant comprendre ce qui se passe en Libye pour condamner et mettre fin aux bombardements.

Propos recueillis par G.Harouna

Niger : La fortune de son « Excellence Tandja »

C’est probablement l’une des plus grandes opérations de blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest. Au centre de ce dispositif, des centaines de millions de dollars appartenant à un homme d’affaires que ses interlocuteurs désignent par « Son Excellence Tandja », et qui serait d’après ses dires le fils de l’ex-président nigérien Mamadou Tandja. Questions : quelle est la vraie identité de son Excellence Tandja ? Dans quelle mesure bénéficie-t-il (ou pas) de la protection active ou passive des hautes autorités béninoises ?
Surprise, les billets sont vrais, comme le montre le numéro de série de ce billet de 100 dollars.

La cinquantaine consommée, « Son Excellence Tandja » vit dans une belle villa à Cotonou, avec portail électrique, caméra et double haie de gardes armés. Dans le sous-sol de cette villa, une vingtaine de véhicules de prestige sont garés, allant de la Ferrari à la Porsche Panamera, au 4×4 Range Rover 5L dernier cri, en passant par la Bentley et même la Rolls Royce décapotable, présentée comme étant la voiture du président Mamadou Tandja.

Selon les estimations, ces malles contiendraient environ 1 milliard de dollars. « Son Excellence Tandja » a déclaré à l’un de ses interlocuteurs qu’il dispose de quatre ou cinq caches au Niger, au Togo et au Burkina Faso.
C’est là, dans cette villa cossue, que « Son Excellence Tandja » reçoit les nombreux porteurs de projets, des Occidentaux en général, à la recherche de capitaux. Le rituel de la réception est le même, ressemblant au procédé nigérian bien connu. Le visiteur est d’abord ébloui par la belle collection de voitures. Puis c’est l’escalade. A environ 1,5 kilomètre plus loin, dans une résidence protégée par des gardes de la douane béninoise, c’est le Pérou. Après avoir traversé une forteresse de sécurité, franchi un portique de détection sous le regard vigilant de quatre ou cinq douaniers, « Son Excellence Tandja », accompagné souvent d’un porteur de projets à la recherche de capitaux, est reçu par de hauts gradés qui lui remettent les clés d’un local. Appartenant à l’Etat, à un transitaire en douane ?

Le mystère de la chambre noire

Il s’agit d’une pièce d’environ 6 mètres de long, 5 mètres de large et 2,5 mètres de hauteur. Une trentaine de malles de couleur verte sont entreposées, nous confirment tour à tour deux investisseurs français qui ont eu à faire ce tour. A chaque malle correspond un numéro. Les malles sont remplies de billets de 100 dollars. Nous reproduisons ici un de ces billets, avec son numéro de série, qui devrait permettre à la BCEAO et aux autorités monétaires d’en retracer la provenance. Sur chaque liasse, il y a un lien avec la marque FED. S’agit-il de faux billets ? C’est le réflexe de tout investisseur qui atterrit dans cette caverne d’Ali Baba. Pour tuer tout doute, « Son Excellence Tandja » demande à son visiteur de prendre trois ou quatre billets au hasard dans la malle de son choix et d’aller procéder à des vérifications à la banque. Surprise, les billets sont vrais, comme le montre le numéro de série du billet de 100 dollars utilisé dans l’illustration de cet article.

En guise de prêts de capitaux, cet investisseur reçoit une étrange proposition de « Son Excellence Tandja », qui lui demande de l’aider à délocaliser des capitaux au Panama puis, de là, à les réinvestir aux USA.
Selon les estimations, ces malles contiendraient environ 1 milliard de dollars. « Son Excellence Tandja » a déclaré à l’un de ses interlocuteurs qu’il dispose de quatre ou cinq caches au Niger, au Togo et au Burkina Faso. Selon ses dires, l’argent a été amassé quand son père était président du Niger. La fortune proviendrait de pots de vin prélevés à chaque fois que les sociétés minières venaient renouveler leurs droits d’exploitation. Les groupes miniers payaient environ 250 millions de dollars par mine.

Une étrange proposition

En fait, passée cette visite guidée dans la mystérieuse chambre noire gardée par la douane béninoise, les affaires se compliquent. L’investisseur qui mort à l’hameçon est immanquablement invité à créer une société locale. Ce qui, dans le cas de notre informateur, fut fait après paiement de 50% du capital et des frais inhérents à la structure. Notre porteur de projets créera une société dénommée Moon Export, au capital de 150 000 euros. Les différentes démarches pour la constitution de l’entreprise sont faites à l’aide d’un notaire, Armel Genèse De Souza, qui nous confirmera bien avoir enregistré une telle entreprise.

Seulement, monsieur Armel De Souza, conseiller financier de « Son Excellence Tandja », qui se présente comme docteur d’Etat en Droit, notaire agréé et administrateur d’une grande banque ouest-africaine, ne serait ni enregistré comme notaire à Cotonou (d’après les précisions de la banque en question), encore moins reconnu comme administrateur par ladite banque, qui nie tout lien avec ce notaire. S’agit-il d’une arnaque à la nigériane ? L’argent viré pour le compte de Moon Export dans le compte bancaire ouvert en son nom auprès d’une agence de la fameuse banque en question sera retiré par une personne tierce, au grand étonnement du porteur de projets qui, après avoir signé un accord de prêt de plus de 6,3 millions de dollars, avait présenté des brevets de sa société en garantie.

En guise de prêts de capitaux, cet investisseur reçoit une étrange proposition de « Son Excellence Tandja », qui lui demande de l’aider à délocaliser des capitaux au Panama puis, de là, à les réinvestir aux USA. Toute cette histoire s’est passée entre juin 2010, date du « recrutement » du porteur de projets à Casablanca par un rabatteur, et octobre 2010, quand ledit investisseur, qui a libéré le montant nécessaire à la création de son entreprise, s’est rendu compte qu’il était au centre d’une affaire qui le dépassait. Soupçonnant une opération de blanchiment d’argent à grande échelle, le porteur de projets demande à se retirer et à être remboursé des frais de constitution de sa société, ainsi que des coûts inhérents à ses différents déplacements et démarches. Soit, en tout, 120 000 euros. Il n’en sera rien pour ce porteur de projets qui craint aujourd’hui qu’une autre personne, une autre signature, n’utilise sa société pour effectuer des transferts de capitaux. Cela d’autant qu’une nouvelle société, Stop Exchange Service, a été constituée par la suite à la même adresse que Moon Export, avec l’aide du notaire Armel De Souza.

Bienvenue chez les experts en défiscalisation

D’autre part, il s’avère que « Son Excellence Tandja » a fait recours à une société parisienne, sise rue Lafayette et spécialiste de la défiscalisation. C’est à travers cette société parisienne que la Stop Exchange Service a été ouverte à Cotonou à la même adresse que Moon Export, avec un compte ouvert à la même banque que le compte de Moon Export. Pour faire doublon ?
Quand nous l’avons contacté, le notaire a botté en touche, nous rappelant qu’il a exécuté des missions de création d’entreprise pour des clients. Contacté aussi par nos soins, l’agent de la société française à l’origine de la création de la Stop Exchange Service nous dira n’être qu’un « commercial » de ladite société. En revanche, il confirmera bien l’identité de « Son Excellence Tandja », qui est selon ses dires le fils du président Mamadou Tandja. Un homme courtois qui a « fait de hautes études en France et possède une résidence à Neuilly sur Seine ». La société française en question est-elle en train d’aider « Son Excellence Tandja » à transférer des capitaux dans les paradis fiscaux ? Non, rétorque celui qui se présente comme un « commercial », pour qui « “Son Excellence Tandja” est un client que nous accompagnons dans ses investissements ». Le « commercial » nous précisera que « Son Excellence Tandja » est une personnalité importante accueillie à sa descente d’avion à Lomé et à Cotonou par une limousine qui se gare au pied de son avion. Après l’échange avec le « commercial », nous avons été contactés par mail par le PDG de cette entreprise française championne de la défiscalisation, qui, tout en se disant victime d’une tentative d’extorsion de fonds de la part de notre informateur, rappelle la mission de son cabinet, « spécialiste de la défiscalisation en loi Girardin et loi TEPA ». Nous reviendrons plus amplement sur cette société, ses ramifications et ses opérations étalées sur trois continents dans nos prochaines éditions.

La vraie identité de « Son Excellence Tandja »

En attendant, le mystérieux « Son Excellence Tandja » est aux abonnés absents. Injoignable au téléphone, inaccessible à travers ses mails, cet homme constitue la clé de l’énigme. S’agit-il du fils de l’ancien président nigérien aujourd’hui en prison, ou d’un homme au centre d’un dispositif de blanchiment et de détournement d’argent provenant de l’aide du FMI, de donateurs divers voire d’autres sources ? En se référant au passeport utilisé pour l’établissement des actes notariés et l’ouverture du compte bancaire, il s’agit bien de Abdel Rahman Tandja, diplomate de nationalité nigérienne et fils de l’ex-président nigérien Mamadou Tandja. Autre élément qui plaide pour cette identité, la plainte déposée récemment pour diffamation par l’entreprise française spécialiste de la défiscalisation contre notre informateur. Dans cette plainte déposée devant la justice française apparaît le nom complet du client, Abdel Rahman Tandja. Malgré cette assurance, de nouveaux rebondissements vont faire jour à Cotonou.

Selon un travail de recoupement, nous avons pu recueillir l’autre identité (la vraie ?) de « Son Excellence Tandja ». S’agit-il vraiment du fils de Mamadou Tandja ? Quels sont les liens de « Son Excellence Tandja » avec les banques et, en particulier, avec la banque évoquée dans cet article ? (à suivre)

Actuniger.com

Présidentielle Nigerienne : Opération barracuda contre Mahamane Issoufou

Aujourd’hui 31 janvier 2011, le peuple nigérien est appelé aux urnes, pour choisir ses représentants. Cette présidentielle et ces législatives couplées doivent consacrer la fin de la transition militaire et le retour à un ordre constitutionnel. Le scrutin présidentiel qui polarise le plus d’attentions est, en principe, ouvert, en ce sens qu’il n’y a pas de candidat-président ou de candidat officiellement appuyé par le régime de Salou Djibo.

Il est vrai que six des dix candidats en lice, réunis au sein d’une alliance contre Mahamane Issoufou, accusent ce dernier d’être le candidat de la junte. Seulement, il ne s’agit que de simples allégations étant donné qu’on n’a aucune preuve, du moins, pour le moment. Ces accusations sont peut-être une sorte de réponse de ces candidats à l’équipe de transition qui a refusé le report des élections, qu’ils exigeaient. A cela s’ajoute la frustration née du rejet de certaines candidatures aux législatives par la Justice. Autant de raisons qui font que certains candidats n’adoubent pas la junte. Pour ce qui est de cette alliance en elle-même, il faut dire qu’elle est curieuse.

Pourquoi cinq candidats qui ont été de la fronde contre Tandja se sont-ils résolus à former aujourd’hui une coalition avec le candidat Seini Oumarou du parti du président déchu ? La question a toute son importance quand on sait que l’ex-parti au pouvoir, par la faute duquel l’expérience démocratique du Niger a été stoppée, n’a vraiment pas fait son mea culpa. Ce regroupement est peut-être dicté par une volonté de survie. En tout cas, cette alliance, visiblement, contre-nature, ressemble à une sorte d’opération barracuda contre Mahamane Issoufou. D’autant, son mot d’ordre est « tout sauf Mahamane Issoufou ».

On se demande ce qu’a bien pu faire ce dernier pour que les candidats de cette alliance se liguent contre lui. Toujours est-il que rien que le caractère soudain de ce regroupement, le rend suspect. Avec cette coalition de candidats, les Nigériens peuvent être amenés à arbitrer un second tour entre Mahamane Issoufou et Seini Oumarou. Autant dire que la victoire du peuple nigérien lui serait volée si éventuellement, l’ex-Premier ministre de Tandja venait à remporter le scrutin. Une victoire que ce peuple, par sa détermination, aura arrachée à Tandja.

Un retour aussi rapide au pouvoir des compagnons de Tandja, signifierait que tous les efforts et sacrifices du peuple nigérien auraient été vains et que cette transition n’aurait finalement pas servi à grand-chose. Pour tout dire, ce serait une victoire de Tandja sur ses contempteurs. En tout cas, si l’alliance joue le jeu, la tâche sera ardue pour Mahamane Issoufou. Il appartient maintenant aux autres candidats anti-Tazartché et à leurs partisans, de travailler à convaincre le maximum d’électeurs autour de leurs programmes respectifs et à se serrer les coudes en cas de second tour. Mais, seul le peuple nigérien peut vraiment sauver les acquis qu’il a arrachés au forceps.

Pour ce faire, il faudra qu’il ouvre l’oeil et surtout le bon face aux politiciens, car la trahison et la politique sont deux soeurs jumelles. Saura-t-il le faire ? Rien n’est sûr. Nous sommes en Afrique, un continent où les populations, misère et ignorance aidant, constituent un véritable bétail électoral. Si on était dans un Etat où les populations étaient suffisamment mûres au plan démocratique, les acteurs d’une telle alliance payeraient cher leurs accointances avec le parti chassé du pouvoir.

Au stade actuel, le Niger est en passe de décevoir du fait de l’inconséquence de certains hommes politiques. Il y a une crainte que ces élections, surtout la présidentielle, débouchent sur des contestations ne serait-ce qu’à cause des accusations de partialité à l’encontre de la junte. Vivement que tous les hommes politiques nigériens fassent preuve de maturité d’esprit afin d’éviter à leur pays une crise post-électorale nuisible à tous égards.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

Sommet Europe Afrique de Tripoli: Boni Yayi humilié par le président nigérien

Alors que plusieurs chefs d’Etat dont le Président béninois étaient présents à cette rencontre, il s’est passé un fait qui aurait pu être mis sous silence n’eut été le fait qu’il s’agissait d’un geste tendant  à brouiller les relations multiséculaires qui existent entre le Bénin et le Niger . En effet, alors que Boni Yayi, président de la République du Bénin, voyait son homologue du Niger et s’apprêtait à lui tendre du haut de son mètre quatre vingt, une main voulue courtoise, le jeune et fringuant officier de l’armée présidant aux destinées du Niger, fit mine de ne pas voir et continua allègrement son chemin. Une attitude qui ne manqua pas d’interpeller l’hôte de la cérémonie Muammar Al Kadhafi. Ce dernier entreprit donc primo de connaître les raisons d’un tel séchage puis secundo de ramener la paix entre les deux présidents. Si pour la première requête, la réponse arriva en flèche, le président nigérien reproche à Boni Yayi de lui avoir fait des promesses en carton mouillé. Promesses relatives à la facilitation de l’accès portuaire aux usagers nigériens et un certain nombre de promesses concrètes. Mais à peine a-t-il eu le dos tourné que le chef d’Etat béninois lui planta profondément un couteau dans le dos ne faisant aucun cas de tout ce qui avait été précédemment entendu entre les deux chefs d’Etat. Pire, le nouvel homme fort du Niger dans l’affaire privatisation ratée de l’Ocbn aurait appris que l’opération profiterait en partie à quelques proches de Boni Yayi. Une autre trahison qu’il a eue du mal à digérer et à en tirer des conséquences immédiates. Il préférerait que son uranium transite par le port de Lomé plutôt que par celui de Cotonou. Pour lui, il vaut mieux traiter avec quelqu’un qu’on ne connaît pas plutôt qu’avec un faux frère dont le dessein inavoué est de vous clouer aux piloris. Quant à la réconciliation tentée sur place par Kadhafi, le président nigérien ne s’y serait pas opposé mais préfèrerait pour l’instant parler d’autres choses que de Boni Yayi. Voilà donc où les ‘’yayiseries’ nous ont menées à nous faire humilier devant les cameras du monde entier pour des motifs de seconde zone.

source : Le béninois Libéré du 02/12/10

NIGER: Fouilles chez les quatre membres de la junte militaire arrêtés

 

 Le Niger.

Le Niger. L. Mouaoued/RFI

Par RFI

Selon des proches des quatre militaires arrêtés, des perquisitions ont eu lieu dimanche 16 et lundi 18 octobre 2010 à leurs domiciles. Les quatre membres de la junte, arrêtés ce week-end, sont toujours « retenus » à Niamey à la caserne de l’état-major de la gendarmerie. Ils sont accusés de « tentative d’assassinat » et de « coup d’Etat » par la présidence.

Il n’y a toujours aucune explication officielle après l’arrestation, ces trois derniers jours, des quatre officiers supérieurs membres de la junte. Cependant, sous le couvert de l’anonymat, du côté de la présidence de la junte certains commencent à parler et les accusations se précisent. A la présidence, occupée depuis le 18 février par le général Salou Djibo, on ne parle plus d’une « déstabilisation » mais bien d’une « tentative de coup d’Etat ».

Les colonels Abdoulaye Badié, Amadou Diallo, Abdou Sidikou et Sanda Boubacar, tous membres du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), sont toujours aux arrêts à la caserne du commandement de la gendarmerie. Il n’y a pas eu de nouvelles interpellations, mais des perquisitions.

Selon des proches des quatre militaires arrêtés, des perquisitions ont en effet eu lieu depuis dimanche 17 octobre à leur domicile. Il y a eu notamment une fouille vers 19 heures chez le colonel Diallo, puis chez le lieutenant-colonel Sidikou. Et, ce lundi 18 octobre 2010, au matin très tôt, c’est chez le colonel Badié que les gendarmes sont allés perquisitionner, une fouille minutieuse qui aurait, selon la famille, duré plusieurs heures.

Les familles s’inquiètent du sort des quatre hommes. Depuis dimanche midi, plus aucune visite n’est autorisée. Les épouses ne peuvent plus remettre directement le repas à leurs maris détenus.

Par ailleurs, les quatre hauts gradés, tombent sous le coup de la justice militaire, beaucoup plus stricte que la justice civile. Ainsi, la garde à vue est de dix jours renouvelables et n’autorise pas l’intervention d’un avocat.

Du côté de la présidence, on affirme que « l’enquête continue », sans donner beaucoup plus de détails. A propos des accusations, depuis ce week-end, la présidence affirme que les quatre militaires membres de la junte seraient les « cerveaux d’une tentative de putsch avec un projet précis d’assassinat du président Salou Djibo à son retour de New York ». L’alerte aurait été donnée par une puissance occidentale.

Dans l’entourage des quatre militaires, on continue à parler de « machinations montées par des proches du président Djibo contre le colonel Badié et les siens ». Et l’on assure que les accusations d’assassinat sont un « pur montage ».