Le Blog de Aymard

La liberté d'expression dans sa quintessence

Archives Journalières: août 27, 2011

Message de Mouammar Kadhafi à tous les peuples du monde

Opprimés du monde entier, la bataille a commencé. Ne perdez pas espoir, l’aide est forte. Est-ce que vous réalisez que c’est la nuit du pouvoir? Qu’est-ce que la nuit du pouvoir? C’est celle qui vaut plus que des milliers d’autres nuits, c’est le destin qui s’accomplit, c’est quand les cieux s’ouvrent pour recevoir vos milliers de prières serrées.

Regardez ce qui se passe en ce moment en Amérique. Les avons-nous frappés avec nos missiles ? Non, ils sont venus et nous ont bombardés, 64 missiles sur Bab Al-Aziziya, qui est maintenant en ruines, et j’ai finalement été obligé de quitter ma maison, où ils ont tué bien des innocents. Mais je ne quitterai pas la Libye et cette bataille sera celle de la victoire ou la mort.

Vous autres aux USA, je ne suis pas votre dirigeant. Vous appartenez à un Etat en faillite que vous devriez vous préparer à quitter. Allez au Vénézuéla. Si vous restez, vous devez suivre les traces de mon représentant, le guide spirituel Louis Farrakhan. Ecoutez-le. Il vous dira tout ce que vous avez besoin de savoir sur ce qui se déroule.

Vous les Européens, vous devriez aussi vous préparer à vous trouver noyés sous les évènements et les calomnies. Vous n’êtes pas assez nombreux à avoir relevé la tête. Vous aller devoir en subir les conséquences. Les bons éléments parmi vous devraient viser l’Afrique. Allez en Afrique de l’ouest. L’Afrique du nord n’est pas sûre maintenant que la région est devenue un champ de bataille. En Afrique de l’ouest vous trouverez des logements et du travail.

Vous qui êtes en Serbie, vrais amis de la Libye, vous êtes avec moi. Ne perdez pas espoir, le drapeau des rats flotte au-dessus d’une maison sur un million. Vous pouvez tous préparer vos drapeaux verts, rectangles de 1 x 2, c’est votre drapeau, le drapeau du pouvoir populaire, de l’espoir, de la vérité, de l’avenir.

Vous tous de par le monde qui défendez la vérité, la liberté, la Jamahiriya, accrochez-le sur des millions de maisons, de voitures. Le drapeau vert est à vous, et il appartient aux masses du monde entier. Avec l’aube de l’autorité populaire et la fin des gouvernements, nous avons choisi le drapeau vert et avons choisi une couleur et des dimensions pratiques pour tous. Choisissez n’importe quel vert. Que la hauteur mesure la moitié de la longueur, exactement, et emportez-le partout avec vous.

Bientôt le drapeau vert claquera partout dans le monde, et les gouvernements s’effondreront, ils ont failli envers leurs peuples, et à moi seul, j’ai fait plus qu’eux tous. Ils ont servi différents maîtres. Ils n’ont pas essayé de servir le peuple, jamais. Ils sont la propriété d’autres puissances. Ils ne font rien pour vous. Ignorez-les et ils disparaissent. Préparez-vous à former des comités, ouvertement ou en secret, bâtissez vos propres « mathaba », vos « centres pour l’anti-impérialisme » pour vous rencontrer et partager.

Tracez votre chemin. Le drapeau vert appartient à tout le monde.

l’Union Africaine (UA) ne reconnaît pas le CNT, appelle à un gouvernement d’union

ADDIS ABEBA — L’Union africaine a refusé vendredi de reconnaître la légitimité du Conseil national de transition en Libye, jugeant la situation militaire encore trop instable, et réitérant à la place ses appels au dialogue, pourtant restés sans réponse depuis le début du conflit.

« Le CNT est en train de prendre (le contrôle de) Tripoli et ils disent qu’ils ont conquis la ville, mais il y a encore des combats », a relevé le président sud-africain Jacob Zuma.

« Donc nous ne pouvons pas dire que c’est la force qui est légitime maintenant », a poursuivi M. Zuma, s’exprimant au nom de l’UA à l’issue d’un mini-sommet de cette organisation à son siège d’Addis Abeba.

Sans jamais mentionner explicitement le CNT dans son communiqué final, ni d’ailleurs le régime déchu de Mouammar Kadhafi, l’UA a appelé à la formation d’un « gouvernement de transition incluant toutes les parties, qui serait le bienvenu pour occuper un siège à l’Union africaine ».

Une façon de signifier que le CNT ne pouvait prétendre à ce siège. « Le siège de la Libye à l’Union africaine est actuellement vacant. Si un gouvernement consensuel et inclusif voit le jour demain et qu’il propose un ambassadeur auprès de l’UA, ce dernier sera le bienvenu« , a commenté auprès de l’AFP le porte-parole de la Commission, Noureddine Mezni.

Plusieurs diplomates interrogés par l’AFP ont estimé que la Libye était de facto suspendue de l’Union africaine, soulignant toutefois que le Conseil de paix et de sécurité de l’UA n’avait pas, contrairement à l’usage, officialisé cette suspension.

Les responsables de l’UA ont refusé de préciser si des partisans du colonel Kadhafi pourraient participer au gouvernement d’union qu’ils appellent de leurs voeux. « Nous n’avons décrit aucune des parties, il y a beaucoup de parties impliquées dans le conflit », a fait valoir M. Zuma.
L’UA se retrouve en tout cas en porte-à-faux avec une partie de ses membres, car au moins une dizaine de pays africains, sur un total de 54, ont reconnu le CNT, parmi lesquels l’Ethiopie, le Burkina Faso, le Tchad, le Nigeria, le Sénégal, la Gambie, la Côte d’Ivoire et le Rwanda.

M. Zuma a estimé que ces pays avaient agi à titre individuel, et que « l’UA était unie sur la position » arrêtée vendredi.

Toutefois, pour l’ambassadeur de Libye en Ethiopie, Ali Awdian, interrogé par l’AFP, « ce n’est qu’une question de temps » avant que l’UA reconnaisse le CNT. « Ils reconnaissent que le régime de Kadhafi est terminé. Ils ne l’ont pas mentionné aujourd’hui car ils savent qu’il est terminé », a poursuivi M. Awdian, qui a lui-même récemment fait allégeance au CNT.

L’UA a tenté en vain tout au long du conflit libyen d’engager une médiation entre les rebelles du CNT et le régime de Mouammar Kadhafi, ce que les premiers ont rejeté en posant comme préalable le départ du « guide » de la révolution libyenne.

Les rebelles n’ont pas caché leur suspicion quant à la neutralité de l’UA, traditionnellement proche du colonel Kadhafi, un des promoteurs les plus acharnés de l’unité africaine, et plus prosaïquement un des principaux contributeurs au budget de l’organisation continentale, en plus de faire profiter de ses largesses nombre de régimes africains.

De leur côté, les responsables de l’UA estiment que leurs efforts de paix en Libye ont été sabotés par l’intervention militaire de l’Otan contre le régime Kadhafi, menée selon eux au prix d’une distorsion du mandat initial de l’Onu visant à protéger les populations civiles.

« Pour des raisons multiples, nos efforts n’ont pas abouti aux résultats escomptés », a reconnu le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, en ouvrant vendredi les débats du Conseil de paix et de sécurité de l’organisation.

AFP

Kadhafi conserve sa capacité de nuisance

Politologue,spécialiste de la Libye et auteur du «Manifeste des arabes», Hasni Abidi explique à SlateAfrique pourquoi les partisans de Kadhafi n’ont pas dit leur dernier mot.

SlateAfrique – Comment expliquer que le régime de Kadhafi ait pu résister aussi longtemps?

Hasni Abidi – Cela a pris du temps en Libye mais ça prendra aussi du temps en Syrie. Et cela prendra encore plus de temps en Algérie. La séquence libyenne est complètement différente de la séquence tunisienne ou égyptienne. Dans la mesure où il n’existe pas d’autonomie dans les instances dirigeantes. En Libye, il y a une fusion entre le pouvoir incarné par Kadhafi par ce qu’on appelle en Libye «les hommes de la tente», tous ceux que Kadhafi reçoit quotidiennement sous sa tente.

C’est eux qui détiennent le pouvoir, ce n’est ni le gouvernement, ni les bureaux populaires, ni le parlement, ni le congrès populaire, mais c’est tous les hommes de la tente, les hommes proches de Kadhafi. Il y a une fusion entre les hommes de la tente, le régime Kadhafi et l’appareil militaire et sécuritaire. Du coup, on est privé de cette marge de manœuvre dont a disposé l’armée tunisienne ou l’armée égyptienne pour accélérer le changement et le départ des deux présidents.

D’autant plus que la hiérarchie militaire ne portait pas dans son cœur cette idée de transmission héréditaire du pouvoir: le passage du pouvoir de Moubarak à son fils. Les pouvoirs exorbitants de Zine el-Abidine Ben Ali, de son épouse et de sa famille, c’est ce qui a un peu accéléré le processus. En Libye ça n’existe pas et en plus le régime est rentier, c’est très important. Le changement dans un régime rentier est beaucoup plus long, beaucoup plus douloureux.

La facture du changement est très élevée dans la mesure où le régime dispose d’une énorme ressource financière capable d’acheter les alliances et de s’assurer des adhésions à la fois tribales, mais aussi d’acheter toutes les composantes de la société qui pourraient lui faire de l’ombre et enfin de se payer le silence international. On a bien vu comment la Libye a été vite réhabilitée par la communauté internationale le jour où elle a payé pour l’attentat de Lockerbie.

L’Etat rentier. La fusion entre les appareils sécuritaires qui savent que la fin de Kadhafi signifie la fin de cet appareil, d’où cette détermination des apparatchiks à lutter jusqu’au bout. En fait, il n’y a pas eu de bataille de Tripoli. Tripoli a été livrée grâce à une dynamique de négociation très intéressante. Les militaires voulaient surtout que leurs familles ne soient pas inquiétés après l’arrivée des insurgés à Tripoli. Ce ne sont pas les insurgés de Benghazi qui ont fait dix mille kilomètres pour arriver jusqu’à Tripoli mais c’est plutôt un travail très important qui a été fait auprès des habitants de Zaouïa, de Ghariane et de la montagne.

Avec la garde prétorienne, celle qui protégeait Tripoli pour livrer les armes et laisser les insurgés rentrer dans la ville sans résistance. Bien entendu, la première ceinture de sécurité n’a pas négocié. Ceux qui sont toujours autour de Kadhafi quelques brigades de sécurité qui eux ne vont pas lâcher les armes de sitôt parce qu’ils savent que leur avenir est intimement lié à Kadhafi. Les autres, non, ils n’ont pas changé de tenues parce qu’ils ne portaient pas de tenues militaires. Ils ne portaient pas de treillis militaires. Ils n’ont juste pas pris leurs armes pour défendre la capitale.

Slate Afrique – Que peuvent espérer les hommes qui continuent à se battre pour Kadhafi?

H.A – Kadhafi c’est le doyen des chefs d’Etat, sa longévité est la preuve que l’homme est très habile. Il a réussi à déjouer des dizaines de tentatives de coups d’Etat de l’intérieur du pays comme de l’extérieur, grâce à un jeu très subtil à l’intérieur du pays comme à l’extérieur.

Donc Kadhafi a préparé son plan en cas d’insurrection. Une des brigades de sécurité a été formée pour une seule mission: comment défendre Kadhafi en cas d’insurrection? C’est à dire que Kadhafi était conscient de ce risque. L’homme ne pensait pas que la révolution allait être aussi brutale, aussi déterminée.

Mais il s’est préparé à l’après Bab al-Azizia. Comment rester au pouvoir en ayant quitté son bunker? Sa capacité de nuisance, elle est beaucoup plus grave qu’auparavant quand il était à Bab al-Azizia. Aujourd’hui, sa capacité de nuisance est diffuse. Et aussi il n’a plus de sanctuaire pour devenir une cible facile. Il est partout et nulle part. Il a préparé un plan d’abord pour compliquer la vie des nouveau maîtres de Tripoli.

Semer le chaos et la panique. Il sait que si la sécurité ne revient pas rapidement à Tripoli tout le processus de transition va être reporté. Et pourquoi Kadhafi et ses enfants, surtout Seif al Islam, n’ont pas quitté Tripoli alors qu’ils avaient la possibilité de le faire? Le couloir était sécurisé en direction de la Tunisie: d’ailleurs son ministre de l’Intérieur est parti peu avant la chute. Je pense que Kadhafi ne l’a pas fait parce que Abdessalem Jalloud, son ex-bras droit et ex-numéro deux du régime a dit une chose intéressante:

«Kadhafi est frappé par une obsession du pouvoir» et que «cet homme ne peut pas accepter qu’il n’est plus au pouvoir».

Un élément très important dans le profil mental de Kadhafi. Le deuxième élément qui est beaucoup plus rationnel c’est de dire que Kadhafi ne reste pas loin de Tripoli. Parce que lui et ses hommes sont conscients que l’essentiel du pouvoir c’est Tripoli.

Il faut absolument prendre la capitale. Une fois que Tripoli tombe, c’est fini pour Kadhafi. Kadhafi est en mesure d’influencer sur les négociations. Et peut exercer cette influence avec les gens qui sont toujours avec lui —même s’il y a des difficultés de communication.

Communiquer entre eux est un danger. Certaines brigades de sécurité de sa tribu, la colonne vertébrale du régime, se battent sans probablement recevoir des armes de Kadhafi. Pourquoi? Parce qu’ils pourraient ainsi influencer l’après Kadhafi. Kadhafi négocie finalement avec les armes. En montrant à la coalition qu’il est toujours fort, déterminé, il peut s’imposer en tant qu’interlocuteur mais aussi probablement rester en Libye. La troisième raison pour laquelle Kadhafi est toujours là, c’est parce que lui et ses alliés sont conscients qu’aucun pays n’est capable de résister à la pression internationale pour les livrer à la CPI. Le mandat d’arrêt international pousse Kadhafi à cette logique suicidaire.

La résistance est limitée dans tous les pays. Le régime algérien, ayant des bons rapports avec Kadhafi, ne sera pas le même dans quelques années. Kadhafi le sait.

Un grand pays comme l’Afrique du Sud est tout à fait disposé à le recevoir. Les pays qui ont piloté les opérations militaires ont plutôt intérêt à voir Kadhafi mort, plutôt que vivant. Vivant il va continuer à narguer la nouvelle classe dirigeante et mobiliser des hommes. Et probablement aussi causer des soucis à la coalition internationale. Il dispose d’informations embarrassantes pour les pays étrangers donc il est dans l’intérêt de tous que Kadhafi soit mort. Son procès est très important sur le plan pédagogique mais dans l’état actuel de la Libye, la justice libyenne n’a pas les moyens d’assurer un procès équitable. Lorsque le dirigeant du CNT a dit qu’il n’était pas contre le fait de transférer Kadhafi à La Haye, il a subi des critiques acerbes. De la part de la base, de ceux qui ont souffert de Kadhafi, parce que lui, il était quand même un homme du régime. Ils disaient que Kadhafi ne peut être jugé qu’en Libye.

Mouammar Kadhafi reste un danger

SlateAfrique – Quels secrets détient-il?

H.A – Kadhafi dispose de plusieurs dossiers importants. Dans une logique suicidaire, il pourrait divulguer certaines informations relevant de la sécurité de plusieurs Etats ou de conversations privées qui peuvent être embarrassantes. Pour le financement des campagnes de Sarkozy en France. Seif al Islam l’a dit mais pour l’instant il n’y a pas eu les preuves suffisantes.

Pour l’Occident, Kadhafi a été un allié privilégié après les attentats du 11 septembre 2001. Il a livré les noms aux Américains des islamistes les plus importants, les plus dangereux. Les Américains disent que la Libye est l’un des pays qui a collaboré d’une manière exemplaire dans la traque de certains éléments. Mais à quel prix?

SlateAfrique – Quelques dossiers peuvent être particulièrement sensibles?

H.A – Kadhafi a bénéficié des conseils du cabinet de Tony Blair. Et il détient probablement des informations compromettantes sur le plan politique et surtout les pressions des grandes compagnies pétrolières sur les gouvernements occidentaux pour renouer avec «le Guide».

Slate – Pourquoi continuer la lutte? A-t-il toujours accès à sa fortune?

H.A – Je crois que Kadhafi est le chômeur le plus riche du monde. Il n’a plus de poste, mais il dispose de ressources financières très importantes. C’est le SDF doré. L’ancien directeur de la banque centrale libyenne a parlé de dépôts d’argent et d’or dans certains lieux que seuls connaissent les proches de Kadhafi. Ils sont dans le Sud qui n’est pas encore sous le contrôle des insurgés. On a bien vu comment il a financé l’arrivée de certains mercenaires ou l’achat d’armes. Donc il dispose encore d’argent frais en Libye. Des cachettes importantes. Des centaines de millions, voire plus. Et l’argent placé dans des pays étrangers. Il a plutôt un souci logistique, de coordination qu’un souci d’argent.

«Le grand mérite du CNT c’est qu’il existe»

SlateAfrique – Le CNT affirme contrôler 95% du territoire. Est-ce une réalité?

H.A – On en est loin. D’abord il ne s’agit pas d’un contrôle absolu. Au total: deux ou trois localités ont carrément refusé que les insurgés soient dans leur ville pour éviter un bain de sang. Les insurgés ont été priés de quitter certaines localités. Ils contrôlent la grande majorité du territoire, mais certaines villes ne sont pas contrôlées. Les insurgés sont présents. Les brigades de sécurité ne sont plus visibles. Cela prendra énormément de temps pour que l’autorité du CNT soit assurée sur ce territoire.

SlateAfrique – L’autorité du CNT est-elle reconnue?

H.A – Le grand mérite du CNT c’est qu’il existe. Il fallait un semblant d’alternative avant même de commencer les frappes aériennes. On ne peut pas convaincre des pays étrangers et l’Otan de voter une résolution si on n’a pas une alternative. Si on n’a pas une option crédible à proposer.

La communauté internationale fait confiance au CNT par défaut. Le CNT a eu le souci de représenter toutes les régions de la Libye. Si possible des dirigeants ayant des relations privilégiées avec toutes les grandes tribus.

Le CNT a une légitimité révolutionnaire. Le CNT n’a jamais tourné le dos aux aspirations aux changements de la coalition du 17 février. Il est composé d’activistes, d’islamistes et de bien d’autres éléments de la société libyenne. Du coup, le CNT est devenu le parapluie politique de ce mouvement.

SlateAfrique – L’un des objectifs affiché du CNT est la défense de la laïcité. Ce concept sera-t-il accepté par les Libyens?

H.A – Ce sont les défis qui attendent le CNT. D’abord affirmer son autorité sur le territoire libyen. Mais surtout, est-ce que le CNT sera capable de rassurer les Libyens pour qu’ils déposent les armes? Sinon on va arriver à une société militarisée. C’est vrai que la feuille de route est très ambitieuse, parfois même en décalage avec la réalité.

Mais le CNT ne pouvait pas faire autrement dans cette feuille de route qui prévoit une élection dans huit mois. Elle a un objectif: rassurer la coalition qui a aussi des comptes à rendre à l’opinion publique occidentale. L’opinion dit à ces dirigeants:

«Vous avez soutenu une révolution, mais cette révolution, quel est son projet politique?»

L’objectif de cette feuille de route qui a été rédigée avec les Européens et les Américains au Qatar est de rassurer la communauté internationale. Mais aussi elle ne va pas dans le détail pour ne pas brusquer ou ne pas attiser cette tension qui est en sommeil. En raison de l’objectif principal qui est la chute de Kadhafi.

Cet objectif, la chute de Kadhafi, a eu le mérite de fédérer toutes les composantes les plus contradictoires et les plus antagonistes. Mais une fois que la sécurité est revenue et que le danger de Kadhafi n’existe plus, évidemment toutes les divergences de point de vue concernant quel projet de société pour la Libye vont ressurgir et là ça va être un défi supplémentaire pour le CNT. C’est pour ça que le CNT est pressé de quitter le pouvoir et d’organiser des élections, parce qu’il préfère que toutes ces contradictions s’expriment dans un champ politique plutôt que dans un champ où le seul vainqueur ce sont les armes.

Propos recueillis par Pierre Cherruau

Manifestation à Paris contre l’agression de la Libye

Alors que les bombardements ne cessent de ravager la capitale libyenne peuplée de presque 2 millions d’habitants, que des troupes spéciales camouflées en « rebelles » sont envoyés au sol, il est plus que nécessaire de montrer cette opposition à cette guerre.

Mobilisons-nous pour la paix et la souveraineté du peuple libyen

Depuis cinq mois, nos voisins méditerranéens se font bombarder au nom de la démocratie et de la protection des innocents. Une mission humanitaire où les missiles ont remplacé les denrées alimentaires. Ce qui a été présenté comme une mission humanitaire pour sauver des civils est devenue un cauchemar pour les populations libyennes.

Les bombardements détruisent des infrastructures vitales et font des milliers de morts, considérés comme des dommages collatéraux. On est alors en droit de se demander ce que l ‘OTAN entend par travailler pour l’instauration de la démocratie et la protection des civils.

L’objectif énoncé au début des opérations a changé et de la protection des civils on passe à une volonté de changer le régime en place par la force. Cette attitude d’ingérence politique dans un pays souverain est grave et dangereuse, elle va à l’encontre du principe de souveraineté des peuples, et tend à remplacer la volonté populaire par une volonté imposée de l’étranger. Ce qui constitue une violation flagrante du droit international. Le parachutage des armes à la rébellion par l’état français constitue également une autre violation du droit international qui interdit la livraison d’armes dans les situations de guerre civile.

Le pouvoir politique dans les pays les plus engagés de la coalition a délibérément menti sur la nature du conflit pour vendre cette guerre à l’opinion publique, présentant une guerre civile comme une révolution démocratique réprimée.

– Cette guerre est immorale car elle est fondée sur des mensonges et beaucoup d’hypocrisie, les opérations de l’OTAN ne servent ni à s’interposer entre les parties en conflit, ni à protéger les civils, mais à imposer un changement de régime par la force à un pays souverain.

– Elle est également immorale car la plus grande force militaire du monde s’attaque à un pays faible de quatre millions d’habitant pour le soumettre. Nous sommes face à un problème de disproportion des forces qui ne peut honorer ni l’OTAN, ni les pays qui alimentent cette machine de guerre en ressources et en propagande.

– Cette guerre aura pour conséquence d’appauvrir et de soumettre un des pays les plus riches d’Afrique, classé en 2008 premier pays africain en terme de l’Indice du développement humain (IDH) défini par le Programme des Nations unies pour le développement.

– Cette guerre viole la légalité internationale sur plusieurs points ; atteinte à la liberté de la presse, atteinte à l’intégrité physique des civils, atteinte à des fonds souverains d’un pays, livraison des armes dans une situation de guerre civile …

– Cette guerre est dangereuse, car elle va permettre la circulation des armes dans toutes l’Afrique du nord et le Sahel et alimentera les désordres causés par les groupes extrémistes.

Pour toutes ces raisons mobilisons nous TOUS le 3 Septembre 2011, pour exiger l’arrêt des opérations de l’OTAN, un cessez le feu de toutes les parties et des pressions sur le CNT, pour accepter des négociations sous l’égide de l’union africaine et l’ONU.

ARRETONS D’ETRE LES COMPLICES DE CETTE POLITIQUE CRIMINELLE et dangereuse qui non seulement tue des femmes des enfants tous les jours mais qui est aussi une bombe à retardement.

Rassemblement le 3 septembre à 14h00 –

place de la République à Paris 

Source: Michel Collon

Le pétrole de Kadhafi valait bien des bombardements

Au pays de Kadhafi, la chasse est désormais ouverte ; les insurgés (le Guide les prenait pour des « rats ») fouinent et fouillent partout à la recherche du désormais ex-maître de Tripoli qui, à présent, vit dans ses petits souliers et s’efforce de revêtir toutes les apparences d’un fantôme : invisible et insaisissable ; on le recherche partout et il ne se montre visible nulle part ; du moins pour l’instant.

Peu à peu, les rebelles libyens réalisent l’ampleur de leurs responsabilités nouvelles : il leur revient de reconstruire le pays ; la tâche sera titanesque, car les dégâts causés aux infrastructures sont décidément immenses. Les frappes de l’OTAN ont fait de Tripoli un véritable champ de ruines ; les puits de pétrole ont été fortement endommagés et il en est de même pour de nombreux axes routiers, qui se retrouvent à ce jour quasiment impraticables ; à présent que l’ère Kadhafi est pratiquement révolue, les rebelles, presque victorieux, se feront une priorité de commencer par là. Ils ont pleine conscience de l’ampleur de la tâche, d’ailleurs ; pour preuve, ils demandent à présent des milliards de francs sous forme d’aide d’urgence qui devraient être prélevés sur les avoirs gelés de la Libye dans les pays occidentaux.

Nul doute qu’ils les obtiendront sans problème. Et même plus s’ils le demandent : la guerre en Libye valait bien le détour, car ce pays-là n’est pas un Etat mendiant comme il ailleurs sur le continent africain : il s’agit tout de même du premier exportateur d’or noir de ce même continent, avec, cerise sur le gâteau, des réserves également considérables en gaz. Les dirigeants des pays occidentaux qui auront gracieusement volé au secours des insurgés « combattants de la liberté » sont les derniers à l’ignorer.

Et s’ils ont mis autant de ferveur dans ces incessants bombardements qui, au final, auront fait chuter le Guide, s’ils ont accepté de dépenser tant d’argent dans cette odyssée bien périlleuse et fort onéreuse, s’ils ont volontiers risqué la vie de ces hommes qu’ils ont envoyés en mission pour mener une guerre difficile qui, après tout, n’était pas la leur, si eux-mêmes, politiciens aguerris, ont osé défier l’opinion politique de leurs Etats respectifs et engager de si importantes forces militaires en Libye, il faut le reconnaître, c’est qu’à coup sûr, économiquement, le jeu en valait la chandelle.

Et c’est à présent que tout se saura ; car, en politique, rien n’est vraiment entièrement gratis pro deo ; c’est le domaine où le « donnant donnant » est la règle qui détermine l’action et qui, assez régulièrement, se transforme volontiers en « donnant prenant ». Les pays coalisés, qui auront réussi à faire tomber Kadhafi, n’ont pas accepté l’expédition libyenne dans le seul but (hautement louable du reste) de débarrasser la Libye d’un dictateur fou qui était devenu le cauchemar de tout un peuple.

Les pays membres de l’équipée, une fois la toison d’or conquise, figureront en bonne place sur la liste des bienfaiteurs dignes de récompense à la hauteur de leurs sacrifices. Et c’est bien la raison pour laquelle les insurgés n’auront pas vraiment de soucis à se faire : leur pays, en ce moment, détruit, c’est sûr, il se trouvera des âmes généreuses pour le leur reconstruire ; les fonds libyens gelés à l’extérieur ne suffiront pas ?

Toujours pas de problème ; des sous, il en existe et on leur en prêtera volontiers si on ne leur en donne pas gracieusement ; aux riches on prête toujours. Eux, en contrepartie -renvoi de l’ascenseur oblige- lorsque viendra le moment de l’attribution de certains marchés, auront l’obligation de la « préférence amicale ». On se souvient toujours de la main secourable tendue par un ami au moment où on se trouvait dans le besoin.

Il reste l’équation immense que pose la composition elle-même des éléments fondateurs du CNT : comment faire tenir ensemble et pour combien de temps ce conglomérat d’éléments si disparates et aux idéologies si diverses ? En Libye, une ère s’achève ; une autre commence, dont la réussite ne sera pas forcément une sinécure.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

Kadhafi – Sarkozy : N’oublions jamais !

Le régime de Kadhafi s’effondre, et tant mieux pour les libyens comme pour la liberté en général … En espérant que la Libye ne tombe aux mains de militaires ou d’islamistes radicaux !

Mais en dehors de cette « bonne nouvelle » pour le droit des peuples et la démocratie, il est douloureux de constater que la France s’est comportée au fil du temps d’une manière indigne à l’égard de ce pays tyrannisé depuis très longtemps par un despote sans scrupules.

N’oublions jamais que notre Pays a vendu des armes à la Libye sans se poser des questions sur la nature de cette transaction.

Ainsi, l’actuel ministre de l’Intérieur, Claude Guéant a été le pivot des contrats entre la France et Mouammar Kadhafi entre 2005 et 2007 alors qu’il était directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy (lui-même alors ministre de l’Intérieur), puis lorsqu’il a été secrétaire général de l’Elysée au moment où le même Nicolas Sarkozy est devenu Président de la République (sources Médiapart).

N’oublions jamais que le Président Sarkozy a reçu en personne le 10 décembre 2007 le colonel Kadhafi pour une visite de cinq jours afin de conclure certains contrats (dont la vente d’armes) dont l’effroyable effet a été de légitimer et d’armer ce dangereux dictateur.

N’oublions jamais qu’à l’époque, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à se réjouir des importants contrats signés avec la Libye. Le Président a même évoqué alors une dizaine de milliards d’euros de contrats.

N’oublions jamais aussi qu’un accord nucléaire avait été envisagé sérieusement par la France (et par l’Elysée) pour installer un réacteur nucléaire sur le sol libyen afin de fournir l’énergie à la désalinisation de l’eau de mer. La République française était donc prête à nucléariser une dictature sanglante…

Ainsi, sans aucun doute, Nicolas Sarkozy savait pertinemment que Kadhafi utiliserait toutes les armes vendues pour écraser son peuple et le martyriser.

La France a été complice des massacres survenus en Libye, et le gouvernement s’est trouvé dans la situation de s’expliquer sur les ventes d’armes au dictateur sanguinaire.

Mais l’Elysée ne pouvant fournir d’explications sérieuses, Sarkozy a préféré « retourner sa veste » dans un esprit de « politiquement correct ». Et c’est ainsi que la France s’est décidée de vendre (en catimini et l’insu de l’Otan) des armes aux rebelles libyens, pour cette fois … se débarrasser de Kadhafi. Au final, le gouvernement français s’immisce désormais dans la politique libyenne en passant certainement de nouveaux accords avec le Conseil National de Transition (CNT) pour continuer les ventes d’armes, de quoi satisfaire très largement Ziad Takieddine, ami du Président et de son clan : Jean-François Copé patron de l’UMP, Brice Hortefeux conseiller de l’Elysée et ancien ministre de l’Intérieur, Pierre Charon conseiller personnel du Président de la République, Thierry Gaubert, ancien collaborateur de Sarkozy, etc … etc…

N’oublions jamais que le pouvoir sarkozyste a toujours été mêlé aux accords les plus vils avec les dictateurs de ce monde : aujourd’hui la Libye, sans oublier également la Syrie, hier la Tunisie, l’Egypte pour ne citer que les principaux.

En ce qui concerne donc la Syrie, n’oublions jamais que le Président Sarkozy était jusqu’à maintenant un grand ami du dictateur Bachar El Assad, l’affreux sanguinaire qui massacre depuis des mois son peuple dans un grand silence international.

Même scénario que pour la Libye : Sarkozy commence à lâcher « le boucher syrien » pour se donner une bonne image face à l’opinion publique. Lamentable !

J’arrête ici mes commentaires, mais je pourrais écrire encore des dizaines de pages sur la politique internationale détestable de la gouvernance Sarkozy.

Mais que chacun se fasse son idée de l’ère sarkozyenne, c’est le rôle élémentaire de chaque citoyen.

N’oublions jamais ce qui vient de se passer depuis bientôt cinq années, comme nous n’avons jamais oublié les heures douloureuses que vécut la France, lorsqu’à certaines époques, le pouvoir français se lia avec des despotes ou des chefs d’Etat peu recommandables.

Pierre-Alain Reynaud

Site internet : http://www.pierre-alain-reynaud.com

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Sarkozy vous invite au buffet de la Libye

1er septembre 2011

La conférence des amis de la Libye

On dit, « Paris convie les amis de la Libye »… On prépare la table pour charcuter et dépecer la prise. Le convivial Sarkozy et autres bienfaiteurs de l’humanité sont déjà à planifier « l’après-Kadhafi ».

Les États-Unis avaient offert une aide au CNT (Conseil National de Transition) de 1,5 milliards. Mais L’Afrique du Sud a appliqué son droit de véto. N’en déplaise, les avoirs de « Kadhafi », qualifiés de plusieurs milliards de dollars, seront débloqués.

Une aide serait offerte par la France pour la …rentrée scolaire en septembre. Ce qui s’ajoute aux « armes légères données par « La France » aux rebelles libyens en juillet au sud-est de la Libye… Parole de Sarkozy… Mais pas de forces spéciales : seulement des observateurs.

Dans le langage du renseignement, on sait ce qu’est un observateur… Le mot – pris au sens primaire – fait allusion a une forme de voyeurisme. Parlons de voyeurisme « actif »…

Le dictionnaire des politiciens est semblable à un pistolet muni d’un silencieux…

Pouf ! et non bang…

On parle avec un oreiller sur le canon.

Pendant ce temps, aux USA, on préparait une éventuelle occupation de la Libye. Sans doute pour s’assurer du bon déroulement de la démocratie. Comme en Irak… Là où on semble avoir fait des tentes de beaux buildings pour ce que certain nomment déjà le IVe Reich !

Des amis en 2007

Kadhafi appelait Sarkozy son « frère », et l’actuel ambassadeur de France en Tunisie son « fils »…

Au lendemain de la libération des infirmières bulgares et du médecin d’origine palestinienne, nationalisé bulgare, emprisonnés pendant plus de huit ans en Libye, le président français, Nicolas Sarkozy, effectue une visite hautement symbolique à Tripoli, mercredi.

Manifestation de la normalisation des relations entre la Libye et les Européens, le chef d’État français a été accueilli par le dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, dans une rencontre visant à resserrer les liens entre les deux pays.

À l’issue de leur rencontre, a été annoncée la signature d’un mémorandum d’entente dans le domaine de l’énergie nucléaire civile. Selon un haut responsable français, l’accord prévoit la fourniture d’un réacteur nucléaire pour permettre à la Libye de désaliniser de l’eau de mer. Source : RC

Voici le texte de Radio-Canada (en partie) annonçant les détails de cette « grande fête » de la démocratie…

Une « grande conférence internationale » sur l’avenir de la Libye post-Kadhafi se déroulera à Paris le 1er septembre, a indiqué mercredi le président français, Nicolas Sarkozy.

Le chef d’État français en a fait l’annonce à l’issue d’un entretien avec Mahmoud Jibril, premier ministre du Conseil national de transition de la Libye (CNT), l’organe politique des rebelles, que la France a été la première à reconnaître.

La conférence des « amis de la Libye », également organisée par la Grande-Bretagne, ira au-delà du groupe de pays ayant participé aux opérations militaires, a précisé M. Sarkozy. Elle réunira notamment la Chine, la Russie, le Brésil et l’Inde ainsi que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon.

La date symbolique du 1er septembre marquera l’anniversaire du coup d’État ourdi par le colonel Mouammar Kadhafi, en 1969, a ajouté le numéro deux de la rébellion libyenne.

Celui-ci a dit espérer que la conférence « constituera un nouveau symbole pour les Libyens, pour la reconstruction de la Libye sur la base de la justice et de la démocratie ».

« Ce sera l’occasion pour le CNT d’expliquer à la communauté internationale comme elle peut l’aider sur le chemin d’une Libye libre, démocratique et unifiée, et pour tous ceux qui veulent soutenir la Libye de discuter le rôle qu’ils peuvent y jouer », a pour sa part précisé le premier ministre britannique, David Cameron, dans un communiqué.

Quatre ans après avoir reçu en grande pompe le colonel Kadhafi, le président français a par ailleurs exprimé la volonté de la France de poursuivre les opérations militaires contre les forces du colonel Kadhafi aussi longtemps que le CNT le jugera nécessaire. « Les opérations cesseront lorsqu’elles n’auront plus lieu d’être, et elles n’auront plus lieu d’être lorsque M. Kadhafi et ses séides ne constitueront plus une menace pour le peuple libyen », a-t-il déclaré.

M. Jibril a de son côté indiqué que la transition politique en Libye devrait passer par la formation d’une conférence interrégionale, qui désignerait une commission, laquelle rédigerait ensuite une Constitution, qui serait soumise à un référendum. Des élections se tiendraient par la suite dans un délai de quatre mois.

Le CNT prévoit également former une nouvelle armée et une nouvelle force de police avec les combattants engagés informellement dans l’insurrection, a-t-il poursuivi.

M. Jibril a ajouté avoir demandé à la France un appui spécifique pour l’aide médicale aux blessés du conflit et pour la préparation de la rentrée scolaire, en septembre.

http://www.radio-canada.ca/nouvelles/International/2011/08/24/005-libye-diplomatie-conference-paris.shtml

Mais, le 26 février, on a voté une interdiction de voyage à l’ONU pour Kadhafi…

Il n’ira pas loin… Quoiqu’il se soit vanté de s’être promené dans Tripoli, incognito… En quémandant un peu, il pourra sans doute amasser suffisamment d’argent pour un billet d’avion, payé par les étatsuniens, la France, et Mister Cameron.

Gaëtan PELLETIER

URL de cet article 14475 http://www.legrandsoir.info/sarkozy-vous-invite-au-buffet-de-la-libye.html

Agnès Tanoh : «Si Gbagbo est en prison, c’est à cause de son intégrité»

Selon Mme Agnès Tanoh, ex-Dame de compagnie de l’ex-Première Dame, Simone Gbagbo, l’emprisonnement du couple Gbagbo tient en réalité de leur intégrité. Exilée en Angleterre après sa sortie de l’Hôtel du Golf, elle a accepté de se prononcer sur l’actualité en Côte d’Ivoire et en Angleterre.

Présentez-vous à nos lecteurs.

Je suis agnès tanoh. ma fonction jusqu’au 11 avril 2011 était chef de Service chargé des Finances et moyens généraux au cabinet de la Première dame. Je suis membre du comité de contrôle du Front populaire ivoirien depuis 2000 après avoir été membre du Secrétariat général au poste de Sna (Secrétaire nationale adjointe) chargée des fédérations d’abidjan avec le député danho doubou de Songon et chargée du secrétariat permanent des réunions du Secrétariat général où le député akoun Laurent était mon correcteur. J’ai fait partie des secrétaires nationales adjointes au temps du ministre odette Likikouet avec mmes christine Konan, ouattara claudine, et marie odette Lorougnon Gnabri.

Mais ayant été également Dame de compagnie de l’ex1ère dame, aimeriez-vous l’appellation ex-1ère dame de compagnie ou Dame de compagnie ?

Je ne veux aucune de ces appellations. J’ai été dame de compagnie de mme la Première dame jusqu’en 2002. Si vous regarderez dans l’un des tout premiers numéros de Jeune Afrique qui a parlé de l’investiture du Président Laurent Gbagbo en octobre 2000, je suis la dame juste derrière la Première dame lorsqu’ elle descendait les marches avec son époux pour aller à la Salle des Pas Perdus, accroupie à côté de mme la Première dame et qui essuyait ses larmes. a cette période, j’occupais également le poste de Secrétaire particulière. Je faisais partie des premières personnes qui ont travaillé avec mme la Première dame dès l’ascension de son époux à la présidence de la république de côte d’ivoire. il y avait mme Yapo rosine, dr Walley corine, dr tayoro Gbotta et feu le ministre désiré tagro. Je suis restée Secrétaire particulière jusqu’en 2005, je crois, puis chef du Service administratif et financier, enfin chef du Service, chargée des Finances et de moyens généraux depuis quatre années environ. donc mon appellation professionnelle à ce jour est chef du service, chargée des Finances et des moyens généraux. L’actuelle dame de compagnie s’appelle mme Zakro nathalie. Je ne sais pas si les journalistes pensent que ce poste fait plus intime, mais cela dépend de la personne avec qui vous travaillez.

Combien d’années avez-vous passés aux côtés de Simone Gbagbo ?

Professionnellement depuis octobre 2000. Politiquement dans les hautes instances du parti (secrétariat général) depuis 1996.

A quoi consistait votre travail de Dame de compagnie, à «tenir compagnie et à distraire» comme le définit le dictionnaire ?

C’est une mauvaise définition en ce qui concerne la personne de Simone Gbagbo car elle n’a pas de temps de distraction. Elle n’est pas de ces Premières dames qui sont « sois belle et suis moi ». n’oubliez pas que la Première dame Simone Gbagbo est député d’abobo, Présidente du groupe parlementaire du Fpi, deuxième vice-présidente du Fpi, Secrétaire général du cnrd, chercheur, écrivain, épouse et mère de famille, mais aussi une chrétienne très pratiquante etc. avec toutes ses responsabilités, il ne lui reste pas beaucoup de temps pour la distraction et pour ce qu’elle trouve accessoire : le temps de coiffure, les essayages avec les couturières, le shopping. a mon temps, mon rôle consistait à veiller à cet accessoire, à la préparation de ses journées, de ses sorties et voyages, à recevoir quelques visiteurs vraiment personnels. et puis j’ai tellement de respect pour la Première dame pour qu’elle soit mon amie de jeu ou de radotage. Il faut dire que rares sont ses temps de distraction, mais quand elle s’y met, cela demande du temps. ce sont les films, le scrabble ou le puzzle et c’est aux rares occasions de vacances à l’extérieur.

Comment peut-on résumer la synergie entre vous et votre patronne ?

C’est pour moi comme une assistance de direction auprès du directeur. C’est comme cela que j’ai pris mon rôle parce que je ne sais s’il y a une formation pour ce poste, moi je l’ai fait sur le tas, donc certainement avec beaucoup d’imperfections.

Quelles sont les qualités d’une bonne Dame de compagnie?

Je pourrais dire, la disponibilité d’abord. Il faut être là avant le réveil de la Première dame. Mais avec Simone Gbagbo, c’est impossible. c’est une lève-tôt car c’est très tôt le matin ou tard dans la nuit qu’elle étudie sa Bible ou prie. C’est bien souvent à 22 heures, quand je rentrais que le couple se mettait à table. Après la disponibilité, il faut de la discrétion comme une bonne Secrétaire. Et puis du goût, car c’est vous qui préparez sa présentation (c’est une matière de secrétariat) pour ses sorties. Même si avec Simone Gbagbo, c’était difficile, toujours africaine, sans fard ni mascara ni rouge à lèvres. Pour elle, ce n’était pas l’essentiel et on a fini par s’habituer à sa simplicité que les poupées n’approuvent pas mais qui est très vite oubliée à cause de son charisme, de son niveau intellectuel et politique, de son esprit critique et de sa culture qui s’imposent au milieu de ses pairs.

Pourquoi vivez-vous à Londres ?

Je ne vis pas à Londres. Je suis en Angleterre pour l’instant comme tous les ivoiriens qui ont cherché un point de chute par ces moments d’insécurité en côte d’ivoire. Surtout que j’ai été sur la liste de personnes à abattre, une liste de mon quartier dressée au cours d’une réunion du rhdp. (J’ai porté plainte contre X à ce sujet à la gendarmerie de cocody, quelque temps avant que ma maison ne soit pillée le 30 mars.) Après ma sortie de la prison du Golf, j’ai été dans mon village à Bonoua. Au cours de cette même semaine, en plein 16 heures, alors que les sœurs du président du conseil général de Grand Bassam (qui est de Bonoua), sont venues me dire leur compassion, les Frci attaquaient sa maison. Un jour auparavant, c’était la maison de major amangou pendant deux nuits successives, alors ma famille a voulu que je me retire un peu, surtout que les rumeurs de la visite par les Frci de la cour familiale où j’avais trouvé refuge étaient récurrentes. Vous avez vu ce qui s’est passé après ? Le domicile du ministre adjobi, le campement juste à côté de celui de mon père, Laraba où j’étais souvent ont subi l’expertise de ces hommes. Je crois que mon domicile à Bonoua a été épargné parce qu’il n’avait aucun attrait. C’est pour préserver ma vie et celle de mes parents qui ne sont pas de mon combat que j’ai quitté momentanément Bonoua. De toutes les façons, je suis au chômage.

Les récentes émeutes britanniques ne vous ont pas touchée ?

Non. Je vis dans une petite ville à environ 60 km de Londres. Mais c’est triste de vouloir toujours s’exprimer par la violence. nous, nous avons été à l’école de Laurent Gbagbo, avec pour philosophie «asseyons nous et discu “J’ai tellement de respect pour la Première Dame pour qu’elle soit mon amie de jeu ou de tons». depuis 1990 en passant par le Front républicain avec le rdr à qui nous avions imposé notre style de revendication, nous avons fait des marches ou l’ambiance était bon enfant ; on hantait, un peu comme le font les militaires dans leurs entrainements. chaque marcheur était le surveillant de son voisin et souvent on y était par famille, par comité de base, par village donc vous comprenez que cela me désole énormément de voir tout ce gâchis en côte d’ivoire comme en Angleterre. Il faut qu’on apprenne que c’est pierre après pierre que chacun ferra grandir et développer notre pays. Mon père était connu sous le sobriquet de petit à petit l’oiseau fait son nid. La destruction des biens ne fait que nous appauvrir davantage. C’est malheureux de voir des monuments détruits parce qu’on n’est pas d’accord avec quelqu’un. Aujourd’hui, les allemands regrettent d’avoir cassé le mur de Berlin qui, même si c’était une parenthèse honteuse, est un pan de leur histoire qui pourrait rappeler aux générations futures «plus jamais ça».

Avez-vous les nouvelles de vos patrons, le couple Gbagbo ?

Non, pas directement, malheureusement. Cet éloignement est fait sciemment et pour deux raisons, selon moi. en 1992, lors de leur première arrestation, par m. alassane dramane ouattara, alors Premier ministre du Président houphouët, (il en a été félicité par le Président Bédié, alors Président de l’assemblée nationale, comme pour dire que le chien ne change pas sa manière de s’asseoir), il y a eu un tel déferlement sur la maca… La nourriture ne manquait pas, outre les tonnes de denrées de grands planteurs comme Sassan Kouao, Baba adou, Bléhoué aka, il y avait une rotation pour la nourriture aux prisonniers par comité de base et section, en ce moment, j’étais responsable de la base «dynamisme » de Yopougon toits rouges. Les auteurs de ces nouvelles arrestations ont peur de cette affluence qui démontrerait encore si besoin en était, la popularité de ces prisonniers politiques mais surtout l’affection que le peuple ivoirien porte à son Président Laurent Gbagbo et à tous les autres prisonniers. La deuxième raison, c’est la peur continue d’une mutinerie que vivent les hommes forts. Ces grands prisonniers sont leurs otages. C’est pourquoi cet éloignement nécessite une vigilance accrue de la part de la presse qui est devenue aujourd’hui le Service des renseignements généraux des ivoiriens, leurs informateurs.

Que pensez-vous de l’inculpation du couple Gbagbo pour «crimes économiques»?

Je ne sais pas ce que referme ce langage juridique, mais s’il s’agit de détournements de deniers publics, de pots de vins, alors je me réjouis car ils seront bientôt libérés. Justement s’ils sont en prison, c’est à cause de leur intégrité. Pour Gbagbo, c’est devenu une légende car même au temps du Président houphouët où on ne regardait pas dans la bouche de celui qui grille l’arachide, il n’est pas rentré dans la logique de la corruption, donc des grilleurs pour ne pas tuer ses convictions d’une côte d’ivoire souveraine, basées sur l’alternance politique pour un mieux être partagé des habitants de la côte d’ivoire, tout le monde le sait. Ce que je puis dire, c’est que cette intégrité est l’une des raisons qui lui a valu cette guerre de la France. En effet, avant la guerre au moment où je faisais office de dame de compagnie de la Première dame, je m’occupais aussi de la chambre privée du Président Laurent Gbagbo, je me rappelle bien que sur la table centrale de son salon de chambre, il y avait une entreprise qui lui proposait gratuitement des parts dans celle-ci, il suffisait de signer et de leur envoyer des fiches déjà remplies. Ces fiches sont restées sur la table centrale pendant trois mois au moins jusqu’à ce que je me décide à les classer définitivement. Et puis comme il a toujours dit, il n’a pas de compte à l’étranger. il l’a encore répété lors d’un entretien pendant la campagne. En tout cas, je ne veux pas que mes émotions ne prennent le dessus. Pour moi, leur emprisonnement est de l’injustice, de l’ingratitude, de la méchanceté, de la haine, de la lâcheté, de la cupidité, du vice. J’ai fait une contribution à ce sujet, sur abidjan-directe, il y a quelques jours. En côte d’ivoire où nous savons qui est qui, je ne pense pas que ces prisonniers des nouveaux hommes forts du moment, méritent plus la prison que ceux qui les y ont mis. Si je m’en tiens aux commentaires du monsieur chargé du ministère de la Justice, je dirais que c’est vraiment la honte. Casser la Bceao, même si c’est lui, pour payer les ivoiriens, laissez circuler des rumeurs sur la création d’une monnaie, ce qui est à l’ordre du jour depuis 2002 dans les maquis, a plus tué l’économie. et des gens qui ont fait fermer des banques ? Mais ils ne perdent rien pour attendre, même si la raison du plus fort est toujours la meilleure, le dieu qui a créé le plus fort est un dieu de Justice.

Serez-vous présente à l’une des élections qui se préparent en Côte d’Ivoire, puisqu’on vous annonce à Bonoua?

Même si je ne suis pas annoncée, j’y serai. C’est un devoir et une question de discipline du parti. Il faudra travailler à la victoire du porte-flambeau de notre parti, en ce qui me concerne, c’est ce que j’ai toujours fait.

Comment entendez-vous contribuer à la mobilisation du Fpi dans la Diaspora, notamment à Londres ?

Je suis à la disposition de ceux qui mènent le combat ici. J’ai eu la chance d’être invitée par deux fois à Londres à une conférence et à une marche, j’y suis allée.

Quand rentrerez-vous en Côte d’Ivoire ?

Très bientôt

Entretien réalisé par Germain Séhoué pour Le Temps

Europe : Le Désastre

EUROPE

LE DÉSASTRE

Par Pierre-Alain Reynaud

L’Europe va mal, très mal même.

Alors que la situation de la Grèce en fait qu’empirer depuis plusieurs mois, les marchés ont été pris ces jours-ci d’un nouveau vent de panique à l’idée que la dette souveraine dans la Communauté puisse s’étendre à l’Italie et à l’Espagne.

La contagion est bien présente, et d’ici la fin de l’été c’est une grande partie de la zone Euro qui va s’effondrer : La Grèce ayant ouvert le « bal des maudits », puis l’Irlande et le Portugal, c’est maintenant l’Italie qui emboite le pas, et bientôt la France avant la fin de l’année.

 La crise américaine

Autre problème, l’effondrement des Etats-Unis au bord de la faillite.

Inutile de préciser que la catastrophe des USA va entraîner systématiquement une nouvelle multitude de problèmes vers les Pays de l’Europe, avec toutes les graves conséquences qui en résultent.

Alors, Mesdames et Messieurs les politiques de tous bords, Mesdames et Messieurs les médias, arrêtez de nous mentir sans cesse, en prétendant la possibilité d’un sauvetage de l’Europe … et de l’Euro.

Nous sommes embarqués hélas sur « le Titanic » et il vaudrait mieux vite préparer les bouées de sauvetage au lieu de s’obstiner à vouloir conserver un cap sans espoir.